Cocktails & Confidences : et si on parlait sexe ?

7 minutes

Faut-il être parent pour donner des conseils aux parents ?

Cette question m’a souvent turlupinée.

Etant donné que je n’ai pas d’enfant, dois-je me taire lorsque je pense que ma sœur ou un(e) ami(e) pourrait mieux agir ou réagir face à son enfant ?

Ma sœur le dit très souvent : chaque parent sait ce qui est bon pour son enfant. Ceci est d’autant plus vrai que les commentaires sur le fils de 2 ans qui boit trop de coca ou la fille de 5 ans qui passe trop de temps devant la télé sont très souvent mal pris. L’échange est parfois conclu par un sec « Tu comprendras quand tu auras des enfants. » Je ne prévois pas d’en avoir jusqu’ici, alors généralement je me tais. Et je regarde.

J’ai adopté cette position jusqu’à ce que je découvre le podcast Cocktails & Confidences du Club des Cotonettes. Pour vous mettre dans le contexte, ce club est en réalité un blog alimenté par des jeunes femmes noires, camerounaises pour la plupart, vivant ou ayant vécu en France. Je les ai découvertes grâce à Mymou, blogueuse mode/cheveux que j’ai connue à l’époque où j’étais obsédée par le cheveu crépu. Mymou est l’une des Cotonettes. 

Cocktails & Confidences vient renforcer un contenu fort d’articles, de photos, et de vidéos de qualité sur le blog et sur les différents comptes sur les réseaux sociaux non seulement du blog, mais aussi de chacune des Cotonettes. On a de tout : mode, beauté, lifestyle, et même déco. Par contre, le podcast se démarque clairement du contenu habituel des filles. Il est question jusqu’ici d’un sujet tabou sur Digressions : la sexualité.

Je l’ai dit dès le départ, je ne parle pas de famille, de couple (sexualité = couple), et de foi. Non. 

Ce podcast me pousse à faire une exception…

Cocktails & Confidences n’en est qu’à son deuxième épisode, mais je suis juste amoureuse des thématiques jusqu’ici. Après avoir écouté le premier épisode, Pilule, Stérilet, Implant : Mon corps, Ma Contraception, j’ai posté ceci sur Instagram :

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Je ne poste pas souvent les photos de gens que je ne connais pas. Je ne connais pas @mymoudemoha . Par contre je connais le @club_cotonettes et je connais leur tout nouveau podcast, Cocktails&Confidences. * * J’ai écouté l’épisode 1 aujourd’hui et je suis juste… amoureuse. Mymou et toutes les autres Cotonnettes ont tout simplement matérialisé le type de média que je veux voir de plus en plus, le type de média sur lequel je travaille en écrivant ces lignes : avoir en public ces conversations que nous avons en privé. Parler. Dire. Exploser les tabous afin que la majorité soit informée par nos mots, mais aussi nos expériences. J’aurais aimé écouter cet épisode sur la contraception quand j’avais 18/19/20/21/22/23 ans et plus, ou moins. J’ai navigué à vue. Je ne pouvais me tourner que vers mes copines, aussi ignorantes que moi. Je vous l’ai dit, et je vous le redis encore : merci pour ce moment. J’attends, accrochée à mon application, l’épisode 2. * * #Blogger #Writer #Podcast #ContentCreator #Francais #France #Afrique #Cameroun #Gabon #Love #Sex #Friendship #Conversation #Woman #Women #Empowerment #ChitChat #Photography #PhonePhotography #Perspective #PointOfView

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J’ai posé la question au début de l’article de savoir s’il faut nécessairement être parent pour donner des conseils aux parents. Les Cotonettes ont répondu à cette question, et la réponse est non. NON. BIG NO. Même si je ne suis pas parent, je suis l’enfant de quelqu’un, et je sais ce dont j’aurais eu besoin à tel ou tel âge. Alors je suis pleinement habilitée à recommander une certaine conduite à un parent, en particulier lorsqu’il s’agit de la vie sexuelle de l’enfant ou de l’adolescent.

Vous me direz qu’un enfant n’a pas de vie sexuelle, je vous dirai que le sexe ne se limite pas aux ébats dans un lit… ou ailleurs.

Le sexe est un sujet tellement tabou dans nos réalités que peu de parents en parlent aux enfants. Lorsque j’ai écouté le premier épisode, j’ai eu un regret : celui de sa non existence il y a 10 ou 20 ans. J’aurais aimé disposer de ces informations. J’aurais aimé qu’on m’en parle. J’aurais aimé que des personnes plus âgées et plus expérimentées me fassent asseoir et me présentent mes options. 

Ca n’a jamais été le cas.

J’ai eu des cours techniques sur les appareils génitaux au collège, et les radio nous rabâchaient les oreilles avec des spots sur le planning familial auxquels nous ne comprenions absolument rien. Je me souviens de mon énervement lorsqu’à plus de 20 ans, j’ai découvert par hasard qu’une plaquette mensuelle de pilule contraceptive coûtait 1000 FCFA par mois, parfois moins. Cette simple information aurait pu changer la vie de nombreuses jeunes filles, et éviter des actes irréparables si j’avais pu la diffuser autour de moi.

Les Cotonettes m’ont prise par la main et se sont assises autour de moi pour me parler crûment de contraception, mais aussi de la sexualité chez les adolescents. C’était tellement « open mic » que j’ai sursauté lorsque l’une d’elle a avoué au monde qu’elle a été sexuellement active avant l’âge de 15 ans. 

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Les Cotonettes

J’ai envie qu’absolument toutes les jeunes filles autour de moi écoutent ce podcast et aient accès aux informations de première main auxquelles je n’ai pas eu accès moi. J’ai fait le premier pas, je l’ai recommandé à ma petite sœur. J’ai téléchargé Google Podcast sur son téléphone et je l’ai abonnée à Cocktails & Confidences.

Le second épisode est intitulé The Conversation : Parlez-vous de sexualité avec vos parents ? 

Je vous pose la question à vous, lecteurs parents, en parlez-vous ?

Cet épisode nous dit non seulement pourquoi c’est nécessaire, mais aussi comment la maladresse des parents qui se couvrent jusqu’à la tête de la couette de la pudeur lorsqu’il faut aborder les « vraies » questions n’est d’aucune aide. Emmener son enfant chez le gynéco pour qu’il lui explique de quoi il est question est aussi inutile que l’éternelle phrase accompagnée d’un vide intersidéral d’informations « Fais attention ! ». Les menaces « Si tu tombes enceintes je te fous dehors » sont aussi traumatisantes que l’absence de prévention à  la maison.

Je ne suis pas parent, mais je suis l’enfant de quelqu’un. J’avais besoin que mes parents m’en parlent. Ils ne l’ont pas fait, et je ne les condamnerai jamais pour ça. Mais condamnation ou pas, la réalité reste la même. J’en avais besoin.

Les épisodes du podcast ne se limitent pas au rôle des parents, mais englobent le rôle des grandes sœurs et grands frères que nous sommes. Comment procédons-nous pour créer un climat de confiance qui permettra à nos cadets de se tourner vers nous sans hésitation ? Quel exemple leur montrons-nous ? Sommes nous au final aussi old school que nos parents ou avons-nous le courage d’affronter nos responsabilités et de leur dire la vérité sans nous cacher derrière des termes scientifiques et techniques, qu’il s’agisse de sexualité ou pas ?

Je ne suis pas parent, mais je suis la fille de quelqu’un. Je suis la sœur de quelqu’un. Je suis la cousine de quelqu’un. Et j’aurais aimé que ce quelqu’un ne prenne aucun gant avec moi et me parle comme à une personne qui a un utérus, mais aussi des sensations et des sentiments.

PS : Vous remarquerez que je n’ai pas mis de lien vers le podcast. Le lien disponible renvoie à Spotify, plateforme payante, ou Apple Podcasts, disponibles uniquement pour ceux qui ont des appareils Apple. Le lien mis renvoie à Google Podcasts, plateforme gratuite et toute aussi performante, alors n’hésitez pas à télécharger l’application.

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