Frimeuse, snob et égo-centrée ? Oui, c’est moi !

9 minutes

 

J’ai un égo démesuré.

Oui, je suis frimeuse sur les bords, mais aussi un peu snob parfois.

Non, je n’en ai pas honte. Sinon je ne serais pas qui je suis.

J’ai convoité ce livre longtemps. Ego Is The Enemy de Ryan Holiday. Une âme charitable me l’a offert il y a un moment, et il trône sur le chevet de mon lit, tout empaqueté, attendant calmement que j’aie enfin la force et le courage de le lire.

revue livre ego is the enemy

Vous trouverez sans doute étrange que je parle d’un livre sans l’avoir lu. Ici c’est chez moi, et je fais ce que je veux. Une fois que c’est clair, on peut continuer.

J’ai un ego démesuré, surtout dans le domaine du travail. Et c’est le pire de tous. Je sais ce que je sais, ce qui me fait parfois perdre de vue ce que je ne sais pas. Raison pour laquelle la même âme charitable m’a offert le livre que je lis en ce moment, Thinking In Bets de Annie Duke, ou comment accepter ce que je ne sais pas, comment prendre de meilleures décisions malgré le pan obscur que représente le fait de ne pas avoir tous les éléments à disposition, et pourquoi ne pas m’auto flageller parce que je ne sais pas.

Je déteste ne pas savoir. Ça me stresse. C’est la raison pour laquelle je lis autant, sur des sujets aussi éloignés les uns des autres. Je dois savoir. Ça me vient de mon éducation. Mon père n’admettait pas la réponse « je ne sais pas », et « peut-être » lui donnait des céphalées. J’ai reçu quelques claques parce que je ne savais pas, mais aussi beaucoup de livres, une montre (parce que je ne savais pas lire l’heure sur une montre à aiguilles), des cahiers (pour bien me souvenir que je devais savoir), et un énorme dictionnaire, parce que j’osais parfois ne pas savoir la définition de certains mots dont le sens m’était demandé en plein repas, alors que je n’avais la tête qu’à mes spaghettis.

Donc. Je dois savoir. Et savoir que je sais donne des orgasmes à mon cerveau.

Le côté positif de tout ceci est que je n’hésite pas à découvrir de nouveaux domaines, à pousser plus loin la recherche. Le côté négatif est que je n’admets pas que ceux autour de moi ne sachent pas. Autant je frime parce que je sais que je sais, autant je me considère comme le niveau zéro de la connaissance. Si je sais, alors le monde entier sait, forcément. Si j’ai eu accès à une information, alors il est fort probable que ce soit le cas pour tout le monde. Mon air effaré quand quelqu’un ne sait pas quelque chose qui pour moi est basique a fait penser à plusieurs personnes que je les trouvais idiotes. Pourtant ce n’est pas le cas. Je me dis juste qu’une recherche Google aurait pu changer les choses… et j’oublie que moi aussi, un jour, je ne savais pas. Les paradoxes de l’humain !

Revenons à mon très cher ego.

Quand j’étais plus jeune, c’est à dire il y a plus ou moins longtemps, j’étais une insupportable jeune dame entourée d’insupportables jeunes dames. Nous n’étions pas « n’importe qui », et le faisions savoir à tous. La vie m’a appris à coup de claques çà et là que je suis effectivement n’importe qui. Par contre, les blessures infligées aux autres à cause de mon ego ne seront jamais effacées. Il m’arrive d’oublier cette période, mais je me demande parfois si ceux que j’ai blessé ont gardé des séquelles conscientes ou inconscientes de ce que je leur ai infligé.

Il n’était pas question à cette époque de self-esteem, mais de self-importance. Je ne sais comment le traduire fidèlement en français, so bear with me. La différence est que lorsqu’on est focalisé sur le self-importance, on a une idée erronée de qui on est. On se sent supérieur aux autres, et on les minimise. Nous d’abord, mais pas dans le sens du self-ishness. Plutôt dans celui du selfishness. Les autres passent après parce qu’on a l’impression qu’ils n’en valent pas la peine. Oui si, parfois. Mais bien après nous.

Avec le temps, l’âge, l’expérience et les claques administrées par la vie, j’ai appris à me focaliser sur le self-esteem. Il n’est pas question ici d’importance, mais d’estime de soi. Il est question d’accepter qui on est, où on est, notre capacité à changer ce qui peut l’être et notre incapacité à changer ce qui ne peut l’être. Ce que j’ai appris de cette longue et douloureuse transition est que ceux qui ne pensent qu’au self-importance n’ont aucun self-esteem. Aucun. La vérité est que je souffrais d’un énorme complexe d’infériorité. J’en souffre encore. Il est certes nettement moins énorme, mais ça sera pour une autre Digression.

Aujourd’hui je ne suis plus selfish, je suis self-ish. Je ne suis plus égocentrique, mais ego-centrée. Je ne me mets plus au centre de ma réflexion parce que je me sens plus importante que les autres. Je suis au centre de ma réflexion parce que je me soucie grandement de ma santé mentale et de mon avancée sur les différents chemins que je me trace, ou que la vie m’impose. Je m’occupe de moi, je prends soin de moi, je me crée un espace dans lequel il est sain pour moi d’avancer. Je ne peux y arriver si je m’efface de l’équation et je laisse les autres passer avant moi dans ma propre vie. Ce n’est juste pas possible. J’ai longtemps vécu de cette façon. Ça peut sembler curieux pour une personne pleine de self-importance, mais il faut comprendre que dans un groupe, il y a toujours des dominants et des dominés. Nous étions des pestes, mais je n’étais pas toujours la star du groupe de stars.

Je ne peux accorder tout mon temps, mon énergie et mes différentes ressources aux autres. J’en ai besoin. Je suis ego-centrée pour ne pas enrichir les autres en m’appauvrissant. Ce serait très idiot. Je l’ai fait longtemps, et c’était effectivement très idiot.

Aujourd’hui je me sais frimeuse et snob parfois. Pas tout le temps, mais parfois. Frimeuse parce que… on ne se refait pas toujours, et snob parce que j’exige le meilleur pour moi, dans les limites du possible. Je refuse catégoriquement de downgrade pour plaire à une personne, à un groupe ou à la masse. Non. N.O.N. Mes standards évoluent vers le haut dans tous les domaines. Pas vers le bas.

Je reste égoïste en termes d’attention, de temps et d’énergie. Cela m’a permis de réaliser des choses que je pensais irréalisables, d’aller encore plus loin que les limites que je pensais exister. Je me focalise sur moi, ma santé mentale et mes accomplissements. Le reste passe après. Je n’hésite pas à défaire des amitiés si elles ne cadrent pas avec mon bien-être et mes objectifs. Je ne traînerais par exemple plus avec une personne qui claque tout son argent en boîte de nuit et qui m’encourage à le faire alors que je me bats pour équilibrer la gestion de mes finances personnelles. On ne peut plus cheminer ensemble, alors je me barre. Ça ne va pas plus loin que ça. Je l’ai dit, une amitié ne devrait pas être un poids. Il en va de même pour toute relation avec toute entité matérielle et immatérielle.

J’ai un ego démesuré, je le sais. Mais je le tiens généralement enchaîné. Je ne peux travailler à le détruire, car il me reste utile. S’il n’existait plus du tout, je n’aurais ni la force, ni le courage de me faire passer avant tout le reste. Il m’a aidée à le faire quand j’étais focalisée sur le self-importance, et il reste mon socle pour le self-esteem. Tout dépend en réalité de comment la ressource est canalisée, ce pourquoi elle est utilisée. Mon ego peut faire de moi la pire personne du coin, tout comme il peut faire de moi une personne plutôt agréable.

Cet ego a également une grande place dans mes processus de prise de décisions, et c’est ce que je souhaite remettre en question à travers Ego Is The Enemy. J’ai mis en place, affiné et peaufiné ma perception de moi et du monde qui m’entoure pendant près de 5 ans. Tout semble équilibré aujourd’hui, mais cet équilibre est-il le bon ? Si non, que faut-il faire pour changer de cap. Si oui, que faut-il faire pour l’améliorer. Mon ego est-il vraiment canalisé de la meilleure manière ?

En vérité j’ai peur de lire ce livre. J’ai peur de remettre en question une grande part de qui je suis, de qui je crois être, et qui je veux être. J’ai peur de voir tout exploser en une phrase. Je ne dis pas que Ryan Holiday est une espèce de gourou, loin de là. Il a une expérience qui rend nombre de ses points de vue valide, et absolument rien ne m’empêche de ne pas être d’accord avec ce que je lirai dans ce livre. Je suis sûre d’une chose en tout cas, l’auteur n’y dira pas que des bêtises. Il est même fort possible qu’il n’en dise aucune, et je mise dessus. Je sais que j’aurais une expérience de lecture inoubliable.

N’hésitez pas à partager avec moi vos impressions si vous avez lu ce livre. Si vous ne l’avez jamais lu, dites-moi en commentaire pourquoi vous seriez prêt à le faire… ou non.


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10 comments
  1. Je ne suis pas encore prête à lire ce bouquin. J’ai d’autres démons à tuer , mon combat avec l’ego viendra mais c’est pas ma priorité pour l’instant 😑 ! En ayant l’habitude de lire les bouquins qui parle de soi , j’ai appris à déceler mes démons et là je les tue petit à petit. Merci pour l’article , intéressant comme d’habitude !

  2. C’est donc ton père qui a contribué à créer ce monstre ! Tout s’explique mieux. Merci pour ce partage, ça fait un moment que je ne suis pas arrivée ici. Mais j’ai décidé de commenter un peu plus souvent sur le site plutôt que l’autre côté. Lis vite, qu’on en sache davantage sur le livre. On pourrait chercher à le lire soi-même, mais ça sera plus convenient d’avoir tout facilement ici. 😌

    1. C’est bien lui qui a créé ce monstre ! Je ferai mieux de te donner son numéro pour que tu puisses lui crier dessus direct !

  3. Je commence à peine le cheminement de la lecture des livres sur le développement personnel. En fait, pendant toute ma vie, j’ai choisi les romans pour apprendre. Les polars surtout car pour les écrire, les auteurs passent souvent par une déconstruction de l’humain. Alors lire un bouquin sur l’égo, ça serait peut-être un saut trop violent dans un premier temps. Merci Madame.

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