ECB #3 : Faut-il venir en aide à ses amis ?

9 minutes

Cette semaine je n’ajouterai qu’un seul épisode à la playlist de podcasts. 

Pourquoi ?

Parce que cet épisode en vaut 10.

J’ai écouté et réécouté sans me lasser l’épisode du podcast La Leçon avec Kyan Khojandi (dont j’ai parlé dans L’Ecoute de C. Befoune #1), épisode intitulé « Le jour où j’ai réalisé qu’on ne pouvait pas changer les gens ». Je vous ai parlé de ce podcast dans cet article, et je vous ai dit pourquoi il me fascine.

Dans cet épisode de 28 minutes, Kyan Khojandi raconte son expérience dans divers domaines, mais surtout des leçons tirées, parmi lesquelles :

  • Une idée ne vaut absolument rien, seule la mise en pratique de cette idée et une ouverture d’esprit lorsqu’il s’agit de réorienter son idée afin d’avoir de meilleurs résultats ont de la valeur.
  • On ne peut pas s’attendre à ce que les gens se soucient de nous, surtout si notre position est plus élevée que la leur dans un domaine quelconque. Les gens ont tendance à penser que les mieux nantis qu’eux vont toujours bien et n’ont jamais de problème, alors ils ne s’en soucient guère. Au contraire, ils sont très demandeurs et n’hésitent jamais, eux, à demander de l’aide. C’est triste, mais c’est vrai.
  • Une amitié c’est pour la vie. Parfois des pauses qui s’étalent sur des années sont nécessaires afin que chacun puisse établir des bases personnelles qui solidifieront la nouvelle relation qui naîtra.

Je pourrai continuer comme ça encore longtemps, mais si je le fais vous n’écouterez plus le podcast.


La partie qui m’a le plus marquée durant la discussion entre Kyan et Pauline est celle dans laquelle l’invité parle d’aider les autres. Kyan le dit, il a vécu au sein d’une famille où l’aide apportée aux nécessiteux occupe une grande place. Son père lui a toujours demandé d’aider son prochain « quand c’est possible ».  Cette dernière partie n’a pas toujours prise en compte par l’invité. Quand c’est possible.

Je me suis beaucoup reconnue dans ce que Kyan dit quand il s’agit d’aider les autres. Après m’être brûlée les ailes de nombreuses fois, je ne me fatigue plus du tout : je n’aide plus.

Ça n’a pas été facile, mais j’ai fini par comprendre que certaines personnes n’ont pas besoin d’aide. L’erreur que je faisais était de passer en mode « rescue » chaque fois qu’un ami ou une connaissance me posait un problème. Je prenais le cas vraiment à cœur et je faisais tout mon possible pour trouver des solutions. Certaines fois ça m’est revenu au visage. L’effet boomerang a été dévastateur. Alors j’ai arrêté. Pourquoi ? C’est très simple.

Certaines personnes ne disent pas la vérité. Elles romancent le problème en se donnant le beau rôle. Je me suis souvent sentie trahie lorsque j’ai découvert qu’on s’était foutu de ma gueule et qu’on n’avait pas pris la peine de me remettre sur le droit chemin au vu des efforts fournis. Je ne dis pas qu’on ne devrait pas aider les personnes en tort. Loin de là. Mais si la personne est en tort, la solution à appliquer est différente. J’aurais préféré m’éreinter pour cette solution-là plutôt que pour une autre.

En discutant avec mon amie Leyla, je me suis rendue compte qu’il m’arrivait parfois à moi aussi de me donner le beau rôle. Elle m’a appris à dépassionner la présentation d’un problème et à en parler de la manière aussi objective que possible, en assumant mes torts et en ne les omettant pas. Je vous assure, je ne regrette jamais l’application de ses conseils. Pourquoi ? Parce qu’elle sait la vérité. Tout simplement.

Une autre des raisons pour lesquelles je n’aide plus est que certaines personnes ne veulent pas être aidées. Ces personnes-là se classent en  2 catégories : celles qui ont juste besoin de parler pour se soulager, et celles qui aiment s’entendre parler de leurs problèmes, qui ne vivent qu’à travers la pitié des autres. Cette deuxième catégorie m’horripile. 

Les personnes qui parlent pour se soulager ont besoin d’une seule chose : être écoutées. Ça fait du bien parfois de pouvoir juste parler, et dans ce cas tout essai de solution est mal pris. Soit la personne qui se confie n’est pas encore au stade de la recherche de solution, soit elle sait quelle est la solution, mais a besoin de se défouler avant de l’appliquer. Ce qu’il faut faire dans ce cas ? Se taire.

En ce qui concerne ceux qui aiment s’entendre parler et porter le poids du monde sur les épaules pour se sentir exister : aider ces gens est une véritable perte de temps. Ils ne mettent pas en pratique les solutions discutées et reviennent vers vous X fois avec le même problème. Ils se plaignent de la même chose, s’apitoie sur leur sort, pleurent, prétendent être prêts à tout pour changer leur situation, puis rebelote !

Une autre des catégories est celle des personnes qui (et je ne comprends ni comment, ni pourquoi), estiment que c’est les prendre de haut que de les aider. Oui, ça existe même en amitié. Kyan en parle dans le podcast. Certains estiment qu’une main tendue est forcément méprisante, alors ils la refusent et parfois de manière violente.

Aujourd’hui je n’aide pas si la demande d’aide n’est pas clairement formulée. C’est aussi simple que ça.


J’ai beaucoup parlé des personnes qui semblent avoir besoin d’aide, mais je dois préciser que celles qui apportent de l’aide ne sont pas toujours blanches lorsqu’elles tendent la main. Aider c’est bien, mais faire attention à la manière dont on aide est encore plus important.

En croyant bien faire, beaucoup de gens distribuent des conseils sans qu’ils ne soient demandés. Surtout sur les réseaux sociaux. J’ai été de ces personnes tout comme j’ai reçu des « conseils gratuits », alors je sais de quoi je parle. Ce n’est pas parce que quelqu’un a des boutons sur le visage que vous allez lui faire des leçons de dermatologie, ordonnance à la clé. On ne vous a rien demandé ? Taisez-vous.

Les réseaux sociaux donnent un sentiment de proximité qui donne naissance à un grand laisser-aller. Sur Instagram par exemple, plutôt que d’écouter ce qui se dit dans les stories, certains deviennent de véritables Derrick et compilent des informations sur la vie des gens en vue de leur dire comment mieux l’orienter : tu voyages beaucoup, ce n’est pas bon pour tes enfants ! L’huile de coco peut être toxique, ne l’utilise plus !  Ta jupe ne va pas du tout avec ce top, la prochaine fois penses-y !

Ce type de remarques est très intrusif. Ne donnez pas de conseil inutilement si rien n’a été demandé. Dans le pire des cas, demandez à la personne si vous pouvez aborder tel ou tel sujet avec elle. C’est ma méthode. Je ne me ramène pas inbox pour raconter ma vie. Je demande à la personne si elle serait ouverte à la discussion sur tel ou tel, et ce uniquement lorsque le danger est grand (généralement lorsque la santé est engagée). Si ce n’est pas le cas je la ferme.

Nos vies ne sont pas forcément des exemples, même si elles nous conviennent. Ce n’est pas parce que nous mettons le lait avant les céréales que c’est la meilleure manière au monde pour nous et donc pour tous. Le social media bashing peut partir d’un bon sentiment, mais sachez que ça reste méchant et ça fait mal.

Ceci me rappelle un événement survenu il y a 2 ans. La blogueuse et YouTubeuse Mymou De Moha a posté une vidéo unboxing dans laquelle elle présentait des produits de beauté nouvellement acquis.

 

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Au lieu de se focaliser sur le thème de la vidéo et les informations partagées, certaines personnes « bien intentionnées » ont passé leur temps à parler de son décolleté dans les commentaires. Petite sélection :

J’ai été choquée à l’époque et je reste choquée aujourd’hui. Ce que j’ai par contre apprécié, c’est la réponse de Mymou : si vous n’êtes pas contents, désabonnez-vous. C’est aussi simple que ça. La vérité est que personne n’est obligé de consommer son contenu. Plutôt que de passer des heures à cogiter dessus pendant qu’elle continue de vivre sa vie, partez.

Si vous êtes de ces gens qui donnent des avis en ne se basant que sur leurs préférences propres, quittez ce groupe rapidement. Ça n’aide pas et ça ne vous aide pas : plutôt que de vous focaliser sur vous, vous vous attelez à faire des autres des clones de vous. Nous n’avons pas besoin de ça.


Bon… j’ai assez raconté ma vie.

Pour écouter l’épisode de La Leçon avec Kyan Khojandi, il ne vous reste plus qu’à cliquer sur ce lien pour avoir accès à ma playlist de podcasts. N’oubliez pas qu’en cliquant sur Subscribe, vous pouvez également ajouter la playlist à votre application de podcasts préférée, et ainsi avoir accès aux épisodes ajoutés avant tout le monde !

Si vous êtes trop paresseux pour faire tout ceci (oui, ça peut arriver, personne ne vous juge !), vous pouvez écouter les épisodes directement ici :

 

Photo : Malcolm Garret


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