Je m’ennuie dans ma tête.
Ça peut sembler bête à dire mais c’est vrai. Ma compagnie ne m’est plus fun, elle ne m’est plus intéressante. Je ressens moins d’enthousiasme à passer du temps avec moi. Je m’ennuie. Pas dans le sens où je ne trouve rien d’intéressant à faire, mais plus dans le sens où je suis ennuyeuse à mes propres yeux.
Je suis la personne avec qui je passe le plus clair de mon temps, pour ne pas dire absolument tout mon temps, alors ne pas être fun à mes propres yeux est dramatique ! Mes goûts ne me satisfont plus. La musique que j’écoutais a perdu son caractère apaisant, les podcasts que je consommais sont arrêtés dès les 10 premières secondes parce que… je n’ai aucune envie de les écouter, certains des livres dans ma pile à lire qui éveillaient chez moi un grand enthousiasme sont refermés dès les 5 premières pages parce qu’insipides. Je ne m’alimente que très peu parce que rien ne me fait envie, ou alors seulement très peu de choses.
Une grande, très grande fatigue m’anime. Elle est aussi mentale que physique. J’ai passé des jours clouée au lit sans grande raison. Je n’arrivais pas à me lever et rien ne me faisait envie. Je me suis posé la question de savoir ce qui se passait. Je n’avais mal nulle part, j’étais juste fatiguée d’être dans mon corps, d’être dans ma tête, une tête vide qui ne produisait rien de stimulant. Il me fallait du neuf, l’heure était venue de se renouveler. Si vous avez écouté l’épisode de podcast publié hier et intitulé Tout n’est qu’une question de choix vous savez que j’ai fait certains réaménagements dans ma vie. Je ne vais pas revenir sur ce qui a déjà été dit, je vais juste poursuivre la discussion.
Tout comme le monde, la nature ou le climat change, les êtres que nous sommes changent. Je me souviens qu’une fois quelqu’un m’a dit qu’il n’arrive pas à comprendre pourquoi je change d’avis et/ou de positons sur certaines questions et surtout comment je fais pour l’assumer. Ma réponse ? Rester statique c’est mourir. Seul ce qui n’existe plus ne change pas. Tout change, même l’amour éprouvé pour nos êtres aimés. Tout change. Je ne veux pas avoir les mêmes points de vue à 20 ans et à 40 ans. Je n’aurais pas évolué en tant que personne. Je ne me serais pas questionnée sur moi, mais aussi sur le monde autour de moi. Je n’aurais gagné ni en maturité, ni en sagesse. Me trouver bête à 20 ans est un indicateur de la continuité de mon apprentissage. J’ai appris de la plus difficile des manières que dans la vie tout n’est que saison. S’accrocher à qui on a été parce qu’on est habitué à cette personne et qu’on se définit par elle fait plus de mal que de bien. Je ne suis plus à l’aise avec qui je suis en ce moment, où, devrais-je dire, qui j’ai été parce que cette personne est entrain de mourir.
J’ai récemment terminé la biographie de Tiger Woods. La première partie du livre m’a fascinée (enfance et éducation), la deuxième m’a révulsée (personnalité et vie d’adulte), et la troisième m’a apaisée (redéfinition de soi). J’en parlerai plus en détail au moment opportun, mais je peux déjà dire que l’un des nombreux enseignements que je tire de ce livre est que les priorités dans une vie ne doivent dépendre que de ce qu’on attend de nous-mêmes à un instant précis de notre existence ; cet instant peut durer des jours ou des décennies, mais il est impératif de rester ouvert à leur changement. Sacraliser ses priorités c’est prendre le risque de ne pas se voir défaillir, dépérir, perdre le sens des réalités en général, et de sa réalité en particulier.
J’avais des priorités en matière de gestion de mon temps, de gestion de ma famille, de consommation et même de création de contenu. J’ai parlé ad nauseam dans l’épisode de podcast mentionné précédemment de la gestion de mon temps et de ma famille. Parlons ici de consommation de contenu, de création de contenu, et surtout de réflexion. Je ne m’entends plus penser, ce qui est un énorme problème. Je ne me pose plus réfléchir et le silence m’est devenu étranger. Mes sens sont sur-stimulés par les podcasts que j’écoute tout le temps, mais aussi et surtout par les réseaux sociaux. J’en ai déjà parlé dans cet article, comme je l’ai dit plus haut, je ne m’étendrai pas aujourd’hui sur les sujets déjà abordés.
La pensée des autres a toujours été utile pour nourrir, mais aussi questionner la mienne. J’ai l’impression qu’elle s’est substituée à ma pensée et que j’en suis devenu accro. Quelqu’un est toujours en train de me parler via un canal ou un autre, je n’entends plus ma voix. Je suis toujours à la recherche de quelque chose à écouter et/ou à regarder, ce qui ne me laisse aucun moment pour m’arrêter et me poser les bonnes questions : où est-ce que j’en suis ? Est-ce que les activités que je poursuis continuent de faire sens dans ma réalité ? Est-ce que mes désirs sont les mêmes ? Est-ce que mes envies restent alignées à mes priorités, et surtout quelles sont ces priorités ? En quoi est-ce qu’elles me permettent d’avancer et de réaliser ce que je souhaite réaliser ? Qu’est-ce que je souhaite réaliser ? Pourquoi ? En quoi est-ce important ?
Je m’ennuie parce que ce que je fais n’est plus aligné à qui je suis. Je ressens un grand bouillonnement de colère me ronger depuis des semaines ; je pensais en vouloir au monde mais en réalité je m’en veux à moi. Je ne suis plus ma priorité et, comme je l’ai dit dans l’épisode de podcast, je laisse les priorités se former d’elles -mêmes et prendre le dessus sur ma volonté. Mon corps qui cesse de fonctionner est une alerte. Le contrôle est perdu, il est temps que le capitaine reprenne la barre.
Il y a quelques jours j’ai pris la décision de lever toutes les règles qui régissent ma vie en ce moment et de cesser toute activité. J’ai besoin de chaos pour renaitre dans mon propre corps, pour revivre dans ma tête, pour me redéfinir et défricher les chemins que je souhaite emprunter. J’ai tout arrêté, même le sport qui est l’une de mes addictions. Je sais que je dois en faire, mais je ne suis pas sûre d’être animée par de bonnes raisons. La finalité n’est pas toujours plus importante que le chemin emprunté. Je recommencerai à pratiquer le sport, mais pour de bonnes raisons. Il en va de même pour nombres des activités qui remplissaient mon quotidien, car changer ne veut pas toujours dire tout jeter aux orties. Il peut également s’agir de revoir les raisons pour lesquelles l’on fait ce que l’on fait.
Outre la redéfinition, une séparation sera également nécessaire. Je vais devoir me séparer de certaines croyances, de certaines certitudes, de certaines habitudes. J’aurai également à en créer d’autres, les définir, les modeler pour qu’elles s’alignent à ma réalité.
Vous me demanderez certainement pourquoi je ne donne pas plus de détails, moi qui décortique absolument tout. La raison est toute simple : je n’en ai pas à donner. Le processus est naissant, rien n’a encore pris forme. Je n’ai aucune certitude autre que le fait que tout doit changer. Le plus beau est que des résultats sont déjà enregistrés bien que je sois encore dans la phase chaotique : un lourd poids est tombé de mes épaules ; je me sens plus légère et mon corps recommence à fonctionner petit à petit. Je ne suis pas encore à 100% de mes capacités, mais je me sens revenir. Je me sens revenir différente, mais je ne sais pas encore ce qui fait cette différence. Je me laisse le temps de l’explorer.
PS : ca fait du bien de reprendre le clavier ! M’exprimer par ce canal m’a manqué.
Si le blog et/ou le podcast vous sont d’une utilité et ont un apport positif sur votre vie à divers niveaux, alors faites un don sur mon Buy Me a Coffee. Ce soutien m’est précieux car il participera principalement à l’achat des livres dont je nourris mon cerveau pour la production d’un contenu de qualité, mais aussi au paiement des petites mains qui s’activent au quotidien pour la matérialisation de ce contenu sur le blog et le podcast.
Digressions n’a aucun compte sur les réseaux sociaux. Pour suivre les activités de Befoune, qu’il s’agisse de ses publications sur le blog Digressions et le podcast Les Papotages de C.,ou les événements qu’elle organise, abonne-toi à sa newsletter sur Caramel & CO.
3 comments
Je suis heureuse de te lire en tous cas. Fais ce que tu as à faire. Moi j’attends de te lire comme d’habitude. Tu n’as pas peur que le Chaos t’engloutisse?
Befoune, tu t’écris si bien.
Ses questionnements entre pudeur et sincérité sont intéressants à explorer. Le plus important est que cette phase soit une opportunité d’évoluer, de te renouveler, mais surtout de vivre toute ton authenticité de l’instant, sachant que rien n’est figé tant qu’on est en vie. Une des choses les plus importantes est peut-être d’être tolérant, bienveillant, patient et sensible avec nous même.
Je rougis à la lecture de ton commentaire. Je suis toute rouge !