Abîmée, je suis…

5 minutes

J’ai pleuré au point de ne plus avoir de larmes.

Je pensais déjà ne plus en avoir, mais force a été de constater qu’il en restait quelques unes, profondément enfouies, prêtes pour une situation désespérée.

Je suis désespérée.

Je n’ai pas écrit pendant quelques jours, d’où ma disparition la semaine dernière. En fait si, J’ai écrit, mais rien qui puisse être publié. Les pensées ont été tellement noires que je ne pouvait les publier sans me faire de mal, et sans faire de mal à d’autres. Vous savez tous que je suis contre la censure, mais je suis également pour le respect des individus, vivants, morts, ou pas encore en vie.

Cette année a commencé très lentement. 2019. J’ai décidé de me retirer de l’activisme politique et de me focaliser sur l’acquisition de connaissances. Digressions s’est confortablement installé dans le vide laissé par Elle Citoyenne, et ma passion pour l’écriture est revenue. J’étais dans un processus d’assainissement de mes finances personnelles, et je réfléchissais calmement à ma vie professionnelle.

J’étais au centre de mon monde. Que rêver de mieux ?

Instagram story, la veille de l’annonce.

Mais tout semble ne pas être aussi simple. Bien qu’étant une control-freak dans ma propre vie, je ne peux toujours tout prévoir, et je ne suis pas aux commandes des événements qui se manifesteront en septembre, en octobre, en novembre ou en décembre. C’est tellement loin, mais tellement proche.

Tout devra être restructuré, et ce pas de mon propre fait. Je prends une direction radicalement différente de celle prévue, de celle pour laquelle j’ai travaillé pendant des années, celle que je me suis attelée à consolider. Tout vole en éclats et je dois définir de nouvelles bases, de nouvelles limites. Mes croyances, mes attentes et mes chemins de vie sont remis en question. Le ciel, la providence, la nature me donnent une belle leçon de vie.

Instagram story, quelques jours après la bombe. Les cernes sous mes yeux en disent long…

Mon premier réflexe lorsque la bombe a éclaté a été bien loin de ce que j’aurais prévu. Je suis passée en mode apitoiement. J’ai appelé les personnes qui me sont les plus proches, et je leur ai annoncé la nouvelle. L’idée était de créer un lamentation crew. Ça n’a pas marché. Mon entourage a les pieds sur terre, et cette situation me l’a prouvé. Personne n’a pleuré. Personne ne s’est apitoyé sur mon sort. Personne ne m’a dit que ma vie était fichue. Je me suis retrouvée tellement seule face à mes pleurs que j’ai séché mes larmes, je me suis levée du sol sur lequel je me roulais depuis des jours, j’ai épousseté mon jean et j’ai regardé droit devant.

Que faire d’autre si ce n’est s’adapter ?

Je l’ai dit de nombreuses fois, mes mots ne mentent pas. Je n’aurais pas pu publier un seul texte la semaine dernière. Je n’aurais pas pu jouer à celle qui va bien et dont la vie est cool. Je n’aurais pas pu mentir, même si j’avais essayé. Alors je me suis tue et j’ai gardé mes écrits pour moi. J’ai disparu d’Instagram, car je n’aurais pas pu parler sans pleurer, et je n’aurais rien pu partager de positif ou d’utile.

L’article intitulé Responsable : un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, semblait avoir été écrit pour moi. Pas par moi, mais pour moi. Je l’ai écrit l’année dernière, ou au début du mois de janvier. Je ne sais plus. Je l’ai écrit puis je l’ai oublié. Le lire comme l’aurait fait toute personne qui serait tombée dessus m’a fait réaliser le ridicule de ma réponse à la situation à laquelle je fais face.

« Il n’y a aucune limite à la responsabilité.

Je suis responsable de chaque fait dans ma vie.

Si je n’ai aucun contrôle sur les événements, je reste toutefois responsable de mon attitude face à la situation. De ma capacité à l’alléger ou l’empirer. »

Instagram story, après m’être relevée et après avoir épousseté mon jean.

Si je n’ai aucun contrôle sur les événements, je reste toutefois responsable de mon attitude face à la situation. Je l’avais oublié, et cet article me l’a rappelé. J’ai la capacité d’empirer ou d’alléger l’épreuve. Je suis seule maître à bord, seule à même de décider de la direction à prendre selon ce qui me conviendrait le mieux. Les larmes ne résoudront rien, seul le fait de prendre le taureau par les cornes me permettra d’aller de l’avant.

Abîmée.

C’est le mot exact pour décrire mon ressenti. Explosée. Dévastée.

Tout tombe en ruines, et je ne sais par où commencer. Alors je ferai un pas après l’autre, je vivrai un jour après l’autre. Je sais que j’y arriverai, même si je reste hantée, effrayée, horrifiée par le chemin à parcourir. Cette seule pensée m’abîme plus encore que je ne le suis déjà.

Je n’avais rien prévu d’autre pour cette année que repenser le monde selon les nouvelles connaissances acquises. Au final, c’est mon monde à moi qui a besoin d’être repensé, restructuré.

Photo : Eugene Shelestov


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12 comments
  1. Tout ira pour le mieux. L’avantage quand on est tombé très bas c’est quon ne peut que s’élever. Tout finit toujours par s’arranger c’est la vie qui me l’a appris. Je te souhaite tout le courage dont t’as besoin. Avec tout mon amour.

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