Le truc derrière mon téléphone ne marche plus.
Je ne sais quel est le nom en français. En anglais c’est Popsocket, vous savez le truc qu’on colle à l’arrière du téléphone pour pouvoir le tenir sans difficulté. Le petit humain aimait bien s’amuser à l’étirer puis à le rétrécir, et aujourd’hui il est complètement bousillé. Quand je dis « aujourd’hui » ce que je veux dire en réalité c’est que ça fait des semaines que je traîne un cadavre de Popsocket sur mon téléphone. Il est moche, le couvercle est quelque part au fin fond de mon sac à main parce que lorsqu’il s’est détaché je n’ai eu ni la force ni l’immédiate envie de le remettre en place. Je me suis dit « Roooo je chercherai plus tard ! » et il semblerait que plus tard se fasse désirer.
Les étapes à suivre pour régler cette situation sont pourtant très simples et ne prendraient qu’une quinzaine de minutes de ma vie : décoller le cadavre de Popsocket, chercher dans les tiroirs du bureau le Popsocket tout neuf et tout emballé qui y est, ouvrir le paquet, coller le nouveau Popsocket sur la coque du téléphone (qui elle ne demande qu’à être nettoyée depuis quelques jours, mais elle est noire du coup… je suis la seule le savoir…), et voilà.
Chaque fois que je tiens mon téléphone je vis cette gêne-là, vous savez, celle dont on fait l’expérience quand on tient un téléphone un peu trop large (#TeamSamsungNote et #TeamIphoneProMax) et qu’on doit étendre la paume de la main de tout son long et plus encore pour pouvoir le maintenir stable ? C’est de cette gêne-là dont je parle. Je la vis, elle crée un inconfort un inconfort que j’accepte parce que je me dis « Rooooooo c’est pas trop grave, je change le Popsocket juste après. » Sauf que, comme je vous l’ai dit, ça fait des semaines que ça dure.
Ce n’est pas trop grave marque très souvent le début de la fin.
Je n’ai pas publié d’article sur le blog depuis des semaines, voire des mois. Ça en est arrivé au point où la page d’accueil n’avait plus son sens. Les articles qui s’y affichaient n’étaient que ceux liés au podcast. E17, E18, E19, E20… Cette page d’accueil était certainement déroutante pour les visiteurs du site qui se demandaient « Euh… c’est un site de podcast ouuuuuuuu… ? ».
En réalité je voulais écrire. Il est vrai que ce n’était pas évident être janvier et mars parce que je devais prendre le rythme au boulot, mais depuis le mois d’avril les choses se sont un peu détendues. Sauf que je me suis convaincue que je n’avais toujours pas de temps. Je ne regardais pas autant de séries parce que j’étais paresseuse mais parce que j’avais besoin de décompresser après des journées plus ou moins intenses au boulot. En plus j’étais certainement rouillée étant donné les 2 tristes textes sans sens et sans vie que j’avais écrits en janvier puis en février… J’avais toutes les raisons du monde, et puis regarder des séries c’était plus fun.
La situation est restée inchangée jusqu’à ce que je décide de me lancer dans un nouveau projet créatif. Il m’obsède littéralement, j’y pense jour et nuit et j’ai l’impression que pour la première fois depuis des mois, mes neurones se reconnectent de nouveau.
Si vous avez lu l’article Comment et surtout pourquoi créer un podcast, alors vous savez le processus de recherche intense par lequel je passe lorsque je veux lancer quelque chose de nouveau. Je suis en plein dans ce processus. Je benchmark, je réfléchis, je questionne, je décide, je change d’avis, je flippe, je stresse, j’ai peur, je me dis que ça va aller, je flippe de nouveau…
La pression que je me fais subir par rapport à ce nouveau projet m’a poussée à laisser tomber ma lecture du moment pour me consacrer au livre An Audience of One: Reclaiming Creativity for Its Own Sake par Robin Dellabough et Srinivas Rao. J’ai acheté ce livre en 2018, mon ami Tchassa Kamga m’en avait dit le plus grand bien. Je l’ai commencé puis j’ai laissé tomber, pourtant il est loin d’être gros.
Je suis de ceux qui pensent que la lecture de livres s’inscrit dans des dynamiques. Les livres se manifestent et m’appellent quand j’ai le plus besoin d’eux. Je passais devant une des étagères lourdes de livres de la maison et je l’ai pris sans réfléchir. Je me suis dit « Je dois créer du contenu pour cette nouvelle initiative, et si je continue à me focaliser sur ce qui plaira ou pas plutôt que sur ce que j’ai envie de faire, je n’y arriverai pas. Mon contenu je le crée à la base pour moi d’abord, étant donné que je crée le type de contenu que je souhaite consommer. Cette fois-ci ne doit en aucun cas être différente. »
Trois ans après son achat, Audience of One est exactement le livre dont j’ai besoin aujourd’hui. Il a remis les compteurs à zéro. Il m’a remis à jour sur la constance, la consistance et m’a rappelé pourquoi je fais ce que je fais, pourquoi j’ai décidé de consacrer une bonne partie de ma vie à la création de contenu utile, et surtout comment je me consacre à cette activité.
Il m’a surtout rappelé le pouvoir des microdécisions. Chaque choix fait, chaque décision prise, aussi minime soit-elle, s’inscrit dans un cadre bien plus large dont les conséquences peuvent être très graves. Lire ce livre pour une initiative à venir m’a fait réaliser les défis auxquels je faisais face dans le cadre de mon initiative créative principale, c’est-à-dire mon blog. Ma créativité était mise à mal, ma pensée et ma réflexion n’étaient pas renouvelées. Pour « déstresser » j’avais, une microdécision après l’autre, adopté des habitudes et pris des décisions qui étouffaient ma créativité au point où elle était quasiment à l’agonie.
Je couche sur le blog les expériences qui découlent de mes réflexions et les réflexions qui découlent de mes expériences. J’observe le monde et je questionne, je challenge, je me remets en question. J’ai cessé de le faire dès le moment où j’ai décidé que le travail me prenait trop de temps et j’avais hautement besoin de déstresser durant chaque minute de liberté de ma vie.
Ne nous méprenons pas, je ne dis pas que déstresser est quelque chose de négatif. Loin de là. Ce que je dis est que l’abus d’activités déstressantes peu nous mener vers une destination que nous n’avions pas envisagée : la médiocrité. Sous prétexte de déstress j’ai donné la priorité aux films et aux séries qui ont empiété sur le temps de la créativité, de la réflexion et surtout de la concrétisation. Je vous l’ai dit dans l’épisode du podcast sur la motivation et la discipline, l’être a une tendance naturelle à préférer la facilité, et donc la médiocrité. Le pouvoir de l’envie ou de la volonté n’a absolument aucun poids face à l’aisance ressentie lorsqu’on se crée une zone de confort.
Il est vrai que j’avais besoin de prendre le rythme au boulot, et ce rythme est pris. Ce qui n’a pas suivi c’est l’acceptation du fait que ce rythme est pris et la remise au travail, mon travail personnel et non professionnel. Par quoi est-ce que ça passe ? L’environnement que je crée dans mon espace et dans ma tête.
Une routine positive dans un domaine de la vie crée un effet boule de neige et affecte les autres volets. Une activité sportive régulière nous pousse à mieux nous alimenter, ce qui nous pousse mieux prendre soin de nous etc. Des habitudes alimentaires nocives ne peuvent conduire à une gestion saine du corps. L’influence de ce qui nous tient à cœur, dans ce cas le gras et l’alcool, ne peut avoir d’impact positif sur les autres volets de notre vie.
C’est exactement ce qui m’est arrivé avec le Popsocket dont j’ai parlé au début de l’article. C’est l’une des mauvaises microdécisions qui ont aidé à créer l’environnement dans lequel j’évolue depuis quelques mois. Tout peut attendre. Mon activité sportive n’est plus régulière, mon alimentation est affectée, je dors nettement plus tard qu’il ne faut parce que je regarde des séries, je nourris à peine ma réflexion, and so on and so forth.
Je veux me lancer dans une nouvelle initiative créative et j’y crois, mais très franchement je n’ai pas confiance au cheval sur lequel je mise, c’est-à-dire moi-même. Comment avoir confiance en une personne qui laisse tomber sa mission de vie (oui, c’est ce que c’est pour moi) pour des raisons fallacieuses ? Qu’est-ce qui prouve qu’elle tiendra sur le long terme pour cette nouvelle initiative qui, bien qu’hautement stimulante, est bien plus lourde et bien plus chronophage ? Absolument rien du tout. Rien.
J’ai lu Audience of One pour réapprendre à créer pour moi et non pour de potentiels applaudissements, et le livre m’a mise face aux différents obstacles que j’ai moi-même plantés le long du chemin et qui me déroutent. Est-ce que je continue d’avoir à dire ? Oui. Est-ce que je continue à avoir envie de le dire ? Oui. Suis-je prête à continuer à le dire même si personne ne m’écoute ? Oui. Pourquoi ? Parce que c’est un besoin viscéral, j’ai besoin de partager ce que j’apprends, ce que je sais. J’imploserais si je ne le faisais pas.
Oui, je lancerai ma nouvelle initiative, mais pas au détriment des autres. Les sacrifier serait une preuve de manque de constance à mes propres yeux, une preuve que je n’ai pas ce qu’il faut en moi pour la porter jusqu’où je veux la porter.
Je m’aperçois après écriture de ce texte qu’il est le premier depuis des mois dans lequel je partage ma vérité. Les 2 autres textes dont j’ai parlé précédemment n’étaient que de pâles copies de textes déjà publiés ici sur le blog. Le fait que je sois l’audience principale de mon propre contenu a cet effet. À présent je vais décoller de Popsocket de mon téléphone.
Photo : Monstera
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Retrouvez-moi également sur mon podcast Les Papotages de C.
4 comments
Il faut parfois se faire violence pour faire ce qu’on veut faire et qui doit être fait. Merci pour ce bel article. Je commençais déjà à pleurer du fait de ne plus lire vos articles de blog.
Roooooo ! Je suis de retour, je promets de ne plus disparaitre.
Comme tu m’as manqué, te lire m’a manqué. Passer à l’action c’est très souvent ce qui manque. Je recommence à planifier mes semaines. Trop de laisser aller !!! Merci
Roooo ! J’ai recommence a ecrire mais je suis toute rouillee, donc ca prend nettement plus de temps qu’avant. C’est frustrant, mais je ne baisse pas les bras. Je promets de ne plus disparaitre.