Je suis cette jeune dame sur Instagram.
Je l’adore, mais vraiment. J’aime son contenu. Beaucoup. Elle parle de rupture, de réconciliation avec soi, mais aussi de self-love, self-attention, self-care, et surtout de self-respect.
Je regarde ses live sur Instagram pratiquement tous les soirs. J’aime sa façon de parler, ce qu’elle dit, la manière dont elle véhicule son message. Elle est trash et c’est juste parfait. Elle parle beaucoup du fait de ne pas se laisser marcher sur les pieds, de dire Fuck It à tous ceux qui ne nous acceptent pas tels que nous sommes et qui nous veulent comme ils aimeraient qu’on soit.
J’ai eu une altercation avec une personne récemment. Big time. J’ai été vraiment blessée. Dans son message elle m’a dit des choses qui m’ont choquée, et je lisais en me disait “Est-ce possible qu’après autant de temps à se côtoyer, elle ne me connait toujours pas ?” “Comment peut-elle penser ça de moi ?”, ou encore “Comment a-t-elle pu se dire ci ou ça au point de laisser toutes ces incompréhensions, tous ces malentendus s’installer entre nous alors que notre seule politique était de tout se dire et de toujours tout expliquer ?”
Je me suis sentie méprisée par ses propos. J’ai perçu ses phrases comme irrespectueuses. J’ai été blessée par chacun de ses mots. Alors je lui ai répondu de façon très sèche. J’ai été tellement affectée qu’après lecture du long message, j’ai fermé mon ordinateur, j’ai quitté le bureau en plein midi et je suis allée me coucher. C’est vous dire ! Je me suis sentie littéralement insultée.
Ça m’a taraudée pendant des jours et des jours. Et je lisais Cici B. sur Instagram. Les situations qu’elle décrit n’étaient pas forcément semblables à celle que je vivais, mais le fond restait le même : acceptance et self-respect. Elle est assez violente dans ses propos et plus je la lisais, plus je calquais son comportement face à cette situation.
Fuck it, mais pour qui se prend cette personne pour penser ça de moi ? Elle est bête ou quoi ? Mais ça lui est venu d’où ? Mais c’est quoi cette merde ? Après tant d’années ? A quel moment elle en est venue à se dire ça ?
Ça me rassurait de lui avoir répondu comme je l’avais fait. Je ne me laisse pas marcher sur les pieds ! Ah ça non ! Pourtant quelque part au fond de moi il y avait un grand malaise. J’en perdais même le sommeil parfois. Une petite voix me demandait si j’étais sûre et certaine que ma réaction était la bonne. Cette petite voix que je faisais taire chaque fois me demandait si j’étais en paix avec mon comportement, si ce self-respect que je clamais tant méritait que je traite une personne de cette façon.
Hier matin je me suis réveillée pour la énième fois confiante de défendre le respect que j’exige, mais aussi dérangée par le comportement que j’ai eu. Alors je me suis assise sur mon lit et je me suis demandée ce que je veux vraiment. Surtout, je me suis demandée si le respect que je veux imposer peut se construire sur ce type de comportement.
La vérité est que je n’ai pas été juste. Ce que cette personne pense ne vient pas de nulle part. Quelque chose de précis lui a certainement fait croire ce qu’elle a cru ou lui a laissé penser ce qu’elle a pensé. Quelque chose qui ne vient peut-être pas de moi. Ou peut-être si. Quelque chose qui n’a pas été mis sur la table, qui n’a pas été discuté, et qui s’est frayé un chemin dans ses pensées et a donné naissance à ces conclusions.
Le problème n’était pas en réalité ce que la personne pense. Le problème était que j’exigeais qu’elle perçoive les choses exactement comme moi. Il n’était pas possible pour moi qu’elle puisse voir les choses autrement. Alors j’ai été blessée. Je n’ai pas pris moi la peine de clarifier ou d’expliquer.
Une fois cette étape passée, une seconde question s’est posée. Est-ce que je voulais expliquer, clarifier la situation ? La réponse a été non. Sans hésitation. Nous ne raviverons jamais l’amitié que nous avions. Elle appartient au passé. Il n’y avait donc aucun besoin de passer du temps à parfumer un corps mort. Ce qui était était.
La seule chose que je voulais après tout ceci, c’était revenir sur ce que j’avais fait moi. Ce que la personne pensais ne comptait pas. Je n’étais pas en paix avec moi-même à cause de la manière dont je m’étais comportée. Alors j’ai pris mon téléphone et j’ai présenté de plates excuses. Ce matin je me suis réveillée le cœur et l’esprit en paix. Je n’y ai pas pensé de la journée, tout ceci est finalement derrière moi.
Je n’ai aucun mal à présenter des excuses, surtout lorsque je sais avoir tort. C’est très libérateur, ça je peux vous l’assurer. Et par dessus tout, demander pardon assainit l’espace et permet de passer à autre sans animosité, que ce soit dans un camp ou dans l’autre.
J’aime beaucoup Cici B.
Mais vraiment.
Par contre je ne serai pas son ombre. J’apprendrai d’elle sans devenir une pâle copie de qui elle est.
Je tire de cette histoire une leçon que je pensais avoir assimilée, et que je martèle à l’envi à tous ceux qui viennent vers moi pour me demander des conseils : ce que je dis ou je fais ne compte pas. Ce n’est qu’une étincelle, un élément qui donne naissance à une réflexion sur soi. Ce que je fais me convient à moi par rapport à mon environnement, à mon vécu, et à ce à quoi j’aspire. Ça peut ne pas convenir à d’autres. Ça peut sembler cool, beau, parce que ça marche chez moi et parce que les résultats sont certainement visibles, comme ceux de Cici B. Mais ça ne signifie nullement que mes actions doivent être consciemment ou inconsciemment copiées.
Ce qui est important est ce qu’on veut pour soi et comment on se sent après chaque pas fait. Cette évaluation est d’une importance capitale. Je me suis entêtée et j’en ai perdu le sommeil, parce que les résultats chez Cici B. semblaient sexy. Mes cernes étaient nettement moins sexy, je peux vous l’assurer !
A tous ceux qui viennent vers moi pour me demander comment je fais ci ou ça, je vous en prie, ne marchez pas dans mes pas sans vous demander toutes les 7 secondes si ce que vous faites est en accord avec qui vous êtes, avec ce que vous voulez, avec la manière dont vous vous sentez et avec qui vous voulez être. On se perd très vite quand la personne en face a une assurance qu’on souhaite avoir nous aussi.
Je ne cesserai pas de lire Cici B. Je ne pense en aucun cas qu’elle m’a mal guidée. Tout au contraire. J’adore ce qu’elle fait et elle est une grande source d’inspiration. Il me faut adapter, et non adopter. Ça ne va pas plus loin que ça.
Je vous l’ai dit il y a quelques temps, je souhaite entendre d’autres personnes parler, je souhaite porter leur voix. Je souhaite cesser de parler seule et créer des conversations autour de sujets jugés dérangeants, choquants ou tabous. C’est très important pour moi. Je l’ai fait deux fois ici, ce qui a donné naissance à deux articles que vous avez beaucoup aimé :
Alors j’ai créé un podcast, et il s’appelle Digressions. Pourquoi ce nom ? Ecoutez cet épisode et vous le saurez. Comme je le souligne, l’idée n’est pas de donner la place aux “stars”, aux personnes déjà connues, mais à ces gens qui m’entourent, ces gens avec qui j’ai des conversations “secrètes”, ces gens avec qui je parle de choses dont je ne parle pas à ciel ouvert. Certains sont mes amis, d’autres des connaissances, et d’autres encore des lecteurs, des personnes que j’ai connues grâce à mes écrits ici ou ailleurs. Le dénominateur commun est que j’ai eu une conversation avec chacune d’elles, une conversation “cachée”.
C’est une nouvelle aventure, et j’espère qu’elle vous parlera autant qu’à moi.
Photo : pl.freeimages.com
Hello, mon nom est Befoune et copier les autres, qui qu’ils soient, ne m’est pas bénéfique. Partagez cette histoire si vous l’avez aimée. Partagez-la quand même si ce n’est pas le cas. J’ai besoin d’encouragements. Vraiment.