C. papote et parle la peur au ventre !

7 minutes

Il y a encore quelques années, je n’aurais jamais pensé à faire lire mes écrits par qui que ce soit. Je parle des vrais écrits, pas des poèmes d’amour que j’écrivais à l’école pour que les copains et les copines déclarent leur flamme d’ado !

Je me souviens encore de la première fois où j’ai écrit pour Elle Citoyenne. Je donnais mon avis sur un sujet de société, je ne me souviens malheureusement plus lequel. Ce dont je me souviens par contre, c’est du questionnement qui a accompagné la rédaction de cet article : suis-je légitime ? Ai-je assez d’arguments ? Est-ce que je peux les défendre en public ? Est-ce que je vais me faire défoncer sur les réseaux sociaux ?

J’ai cliqué sur le bouton Publier la peur au ventre, et je me suis rendue compte que l’adage est vrai : lorsqu’on l’a fait une fois, on peut le faire des milliards de fois. La peur de me faire défoncer pour mes points de vue dans le domaine socio-politique a toujours été en background, je dois l’avouer, mais la peur de les partager m’a quittée à tout jamais.

Il y a un monde entre parler politique et mettre le soi à nu. La peur est revenue lorsque j’ai commencé à écrire sur Medium, l’ancêtre de Digressions.  Se dévoiler n’est jamais facile, et je peux vous assurer que l’accueil n’a pas été tendre de tous les côtés. J’ai même eu droit à un article qui parlait des « influenceurs qui cassent le mythe ». Oui, quelqu’un a osé me traiter d’influenceur. Mais je lui pardonne.

Quand j’ai créé Digressions en novembre 2018, je n’avais aucune attente. Absolument aucune. J’en avais marre de Medium, je voulais être propriétaire de mon contenu, et avoir un nouveau site/blog était pour moi une manière de dire officiellement au revoir à Elle Citoyenne. Je me retirais de la scène politique pour me concentrer sur un autre type d’engagement, celui qui pour moi est à la base de tout : la libération du soi.

L’accueil a été chaleureux. Des gens se sont reconnus dans mes textes. Beaucoup d’entre vous sont allés au-delà du texte et m’ont contactée. Vous m’avez tendu la main, vous m’avez réconforté dans les moments difficiles, vous m’avez fait rire quand j’en avais besoin et, surtout, vous avez partagé avec moi vos joies et vos peines.

Digressions ne m’a pas seulement permis de me confier, et parfois de me confesser. Grâce à ce blog, j’ai réussi à affiner mon écriture. Oui, practice makes perfect. Je n’ai pas encore atteint la perfection, mais je suis satisfaite des résultats. Un an d’écriture (si on se limite à Digressions) ça fait ça. J’ai appris à structurer ma pensée et à la partager de manière claire, même si parfois des incompréhensions subsistent.

Non, ceci n’est pas un mot d’adieu.

Au contraire.

Après un an d’existence, Digressions a eu un bébé.

Vous vous souvenez de ma tentative ratée de création de podcast l’année dernière ? Nous en sommes loin. Le podcast Digressions ne pouvait pas faire long feu car il a été créé sur un coup de tête. Je n’y avais pas réfléchi, je n’avais aucun objectif derrière. Tout est parti d’un Pourquoi pas ?

C’est la peur au ventre que je lance Les Papotages de C. Je ne suis pas une personne qui parle, je suis une personne qui écrit. Depuis près d’une semaine j’ai la tête sous l’oreiller. Je me demande si j’aurai le courage de le faire, si j’y arriverai, si le podcast ne sera pas défoncé par les potentiels auditeurs. Je me convaincs que je devrais tout arrêter, que c’est trop risqué, que je n’y arriverai jamais.

J’ai une mauvaise élocution. Je parle super vite et je bégaie parfois. J’ai l’impression que tout est fouillis quand je parle, que je n’arrive pas à me faire comprendre. Alors très souvent je me tais. Et j’écris. Je règle les conflits familiaux et amicaux par l’écriture par exemple. Quand j’écris je suis plus posée. Quand je parle j’ai tendance à m’emporter… et je dis des choses que je regrette après.

Je me suis vue devenir triste parce que j’avais peur de lancer ce podcast. Je me suis mise à questionner mes capacités, mes aptitudes. Et vous savez, quand ça commence comme ça, ça affecte les autres domaines : je me suis mise à questionner mes capacités dans le domaine professionnel (suis-je assez bonne dans ce que je fais ? Vais-je végéter au même poste toute ma vie ?) dans le domaine privé (suis-je la personne qu’il faut pour le petit humain ? Vais-je le traumatiser ? Est-il heureux ? Le sera-t-il plus grand ?) et partout ailleurs.

J’ai continué d’avancer malgré tout.

J’ai acheté le nom de domaine en me disant qu’au pire il aura expiré dans un an et je ne le renouvellerai pas. J’ai déployé le site et je l’ai customisé en me disant qu’au pire, il ne sera plus en ligne une fois le nom de domaine expiré. J’ai pris plaisir à lui donner son allure actuelle, mais une petite voix continuait de me dire que ce n’était pas la chose à faire : « Ton domaine c’est l’écriture, mais où tu vas là ?? » 

Aujourd’hui n’était pas le jour prévu pour le lancement des Papotages de C. Je m’étais convaincue de le faire une fois que j’aurai 3 épisodes disponibles. Je me disais qu’après 3 épisodes j’aurai certainement une élocution plus potable. Sauf que j’ai enregistré l’épisode 1 environ 35 fois et je ne suis toujours pas satisfaite du résultat.

Hier matin j’ai fini par me dire Fuck It. L’objectif du podcast ne devrait pas être centré sur les autres, sur l’accueil qui lui sera fait. Ma peur et mes journées la tête sous l’oreiller venaient du fait que j’ai mal calibré mon focus. Il n’était pas calibré sur moi, mais sur ce que l’autre penserait de moi.

Le but n’est pas de devenir une star de la radio. Le but est de publier le type de contenu que je souhaite consommer. Le but est de commencer au niveau 0 et d’arriver au niveau 100 grâce aux efforts fournis. Le but est de diversifier mes aptitudes, de ne pas me limiter à l’écriture parce que c’est ce que je sais faire de mieux. Le but est d’être vulnérable, de bafouiller et bégayer autant qu’il faudra jusqu’à ce je j’ai une élocution et une structuration potables.

Le but est de partager, pas de me faire juger.

Lorsque j’ai pris mon clavier ce matin, c’était pour écrire une revue du livre que j’ai fini de lire hier, Heart and Hustle de Patricia Bright. L’épisode 1 du podcast devait être publié demain mercredi, car les épisodes sont publiés 1 mercredi sur 2 à la base. J’ai commencé à rédiger puis je me suis dit « Mais qu’est-ce que tu fous ? Si tu continues d’avoir peur seule dans ton lit parce que ton niveau n’est pas bon, jamais tu ne t’amélioreras. Jamais tu ne feras mieux. Lance-toi ! Tu as 2 épisodes prêts. Fais le tout –  de – suite !!! »

Et voilà. J’ai publié l’épisode en attente et j’ai mis le site en ligne.

Aujourd’hui marque la naissance des Papotages de C., le podcast de C. Befoune.

 

Photo : Magda Ehlers


PS : peu de gens le savent, mais il est possible de surligner des passages des articles, comme c’est le cas sur Medium. Ce serait bien d’utiliser cette fonctionnalité pour que je sache quelles sont les parties du texte qui ont retenu votre attention. Et puis, il faut bien que mon argent serve à quelque chose puisque j’ai payé pour cette fonctionnalité !


Digressions n’a aucun compte sur les réseaux sociaux, une situation qui n’est pas près de changer. Pour vous tenir informés des activités ici, abonnez-vous au blog, tout simplement. 

Je suis disponible par mail à l’adresse mesdigressions@gmail.com et sur Instagram à @c_befoune.

10 comments
  1. Je pense que tu n’es pas seule sur le coup de ” j’ai tendance à m’emporter quand je parle et je dis des choses que je regrette plus tard “. C’est un vrai challenge pour moi. Je n’arrive pas à parler sans faire paraitre l’émotion suscité par ce que je veux dire. J’ai l’impression de ne pas dire toute la vérité quand j’essaie de la cacher. Puisque je ne peux pas gérer ça en créant par exemple un podcast que me conseille tu?
    Hello Befoune. Bisous au petit humain

    1. Je te conseille de parler en public. Ca te permettra de pinpoint les failles et de travailler dessus tout en t’entrainant vu que tu parleras régulièrement. J’ai essayé avec les conférences et ça marche… sauf que parfois je me laisse encore emporter…

      Le petit humain t’envoie d’énormes bisous !

  2. Wahou!! Je me vois a travers les lignes parfaitement écrites, sincèrement j’ai le maniement facile des mots quand j’écris que lorsque je veux parler, je me demandais si c’était un handicap ou juste une timidité je me rends compte là qu’il me faut le courage de dire les choses telles qu’elles sont sans douter. Merci pour les podcasts.
    Ps: je te suit depuis peu, je suis tombé sur ton instagram par une sublime demoiselle que je suit également Tchonté Mireille et je me suis abonné à ton compte direct tellement tes écrits étaient remplies de sens. J’admire sincèrement ce que tu faits.

  3. j ai ecouté un de tes podcasts qui traite de l’incompréhension au sein de la famille , je trouve que tu es fait pour ça et t encourage dans cette lancée

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *