Nous sommes tous des animaux.
Cette pensée m’a traversé l’esprit ce matin. Nous croyons être plus intelligents et avoir plus de valeur que les autres êtres vivants sur Terre, pourtant certains ont des systèmes sociaux bien plus élaborés, bien plus directs et bien plus structurés que les nôtres, des systèmes qui ne sont pas visibles à notre niveau, alors nous pensons qu’ils n’existent pas ou qu’ils n’ont pas grande valeur. Ce qui nous différencie des autres espèces et nous fait croire en notre supériorité est entre autres le fait que nous couvrons notre nudité, nous faisons nos besoins à l’abri des regards, et nos interactions sexuelles sont de l’ordre du privé.
Nos interactions sexuelles sont de l’ordre du privé, une croyance aussi vraie que fausse. Le sexe est quasiment un sujet interdit au sein de nombreuses familles et communautés, mais la virginité des femmes et la virilité des hommes, tout comme la capacité à procréer suite à un acte sexuel sont des éléments fondamentaux de nombreuses interactions familiales, communautaires et sociales. Le sexe reste tabou, mais tout le village attendra impatiemment la tâche rouge sur le drap blanc qui témoignera tant de la virginité de la jeune mariée que de la virilité de son époux, et la naissance de leur enfant sera célébrée car elle prouvera le caractère fructueux de la consommation de l’acte sexuel.
La jeune fille enceinte battue par ses parents n’est pas toujours tabassée parce qu’elle attend un enfant. Elle est sexuellement active et sa grossesse en est la preuve. La conséquence fera couler plus de salive que la cause et laissera penser que le vrai problème est à ce niveau. Lorsqu’on est jeune et qu’on est de sexe féminin, les adultes en charge de notre éducation nous parlent de sexe en utilisant tous les mots du monde, sauf ceux qui nous auraient fait comprendre clairement ce dont il est question : Je ne veux pas te voir avec les garçons du quartier signifie en réalité Ne t’adonne à aucune pratique sexuelle ; Ne me ramène aucune grossesse ici signifie en réalité Ne t’adonne à aucune pratique sexuelle ; Je ne veux plus voir ce mini-haut dans cette maison signifie en réalité Cesse de laisser paraître l’aspect sexuel de l’humain que tu es.
On en parle sans en parler, le sexe s’impose mais reste flou. Son absence est aussi embrassée et rejetée que sa présence. Comment ne pas perdre la tête ?
Le sexe qui rend fou.
C’est le titre d’un livre que j’ai terminé récemment et qui m’a profondément marquée. On parle beaucoup de santé mentale ces dernières années sous nos cieux, et la base de nos discours ainsi que des habitudes que nous adoptons pour préserver notre santé mentale nous viennent de recherches et de documents occidentaux. J’ai longtemps cherché des livres sur la santé mentale rédigés par des Africains pour des Africains, mais sans grand succès. Je suis tombée sur ce livre par le plus grand des hasards et je ne pouvais le laisser derrière moi.
Le sexe qui rend fou, approche clinique et thérapeutique n’avait pas vocation à être un livre vendu, ce qui ne m’étonne pas étant donné la pauvreté de la littérature sur la psychologie en Afrique. Le document est un recueil d’écrits de professionnels du domaine de la psychologie (psychiatres et psychothérapeutes) sous la direction d’Omar Ndoye, docteur en Sciences humaines et psychothérapeute. Rédigé dans les années 1990, Le sexe qui rend fou a été produit « dans le cadre d’un séminaire destiné aux psychiatres en formation afin de leur indiquer le déroulement d’une psychothérapie analytique ». Les médecins qui ont participé à sa rédaction sont sénégalais et exerçaient à l’époque au service de psychiatrie du CHU de Fann à Dakar.
Etant un document d’experts qui s’adresse à de futurs experts, la particularité du livre est qu’il présente sans tabou les pathologies dont souffrent les patients dont il est question, et leur rapport au sexe m’a intriguée. Je n’aurais jamais cru que le sexe puisse rendre fou dans le sens littéral du terme, d’autant plus que les maladies dont il est question proviennent tant de la pratique que de la non pratique de l’acte sexuel.
Le point qui m’a le plus frappée dans les témoignages est la place centrale de l’environnement dans lequel les malades ont grandi, un environnement dont les codes sont communs à beaucoup de sociétés africaines, notamment le respect des aînés, la toute puissance du père, l’obéissance aveugle aux parents, le devoir de virginité, de virilité et de fertilité, la protection du cercle familial, la place du secret dans les interactions sociales, ou encore la dichotomie entre le sexe-plaisir et le sexe-danger ou sexe-interdit.
Je préfère vous prévenir, je spoilerai le contenu du livre. Je vous rassure toutefois, je n’entrerai pas dans les détails, alors l’ouvrage gardera toute sa substance et tout son attrait. Je me limiterai à une brève description des cas qui m’ont marquée, je ne parlerai ni des symptomes, ni des manifestations de la maladie sur le plan psychique ou physique.
La fertilité qui pose problème
L’histoire de Coumba est particulièrement troublante. A la mort de sa mère, son père a fait d’elle (qui avait moins de 10 ans) et de sa petite sœur (toute aussi jeune) ses 2 femmes. Il les a installées chacune dans une chambre et a instauré une culture polygamique entre elles : chacune son tour de cuisine et de chambre. Tous les 3 coupés du monde et de la famille, le père-mari prenait soin de ses filles-femmes jusqu’à ce que la grossesse de Coumba révèle une anomalie dans sa vie de jeune fille. Je l’ai dit précédemment, la grossesse est souvent plus une preuve de sexualité et de fertilité qu’autre chose.
Coumba est donc la mère de son frère, et pour le cacher (et protéger la réputation du père et celle de la famille) son enfant et elle sont envoyés chez sa grand-mère, mais cette « preuve » qui ne peut qu’être vue et vécue au travers de l’enfant gêne. Coumba quitte la famille et se prostitue pour vivre, une activité favorisée par sa relation au corps (il a été souillé et n’a plus grande valeur à ses yeux) ainsi que son dégoût et son amour pour le sexe qui finalement lui font perdre la tête. Lorsque Coumba se confie aux médecins elle avoue qu’en plus du poids de l’injustice qu’elle a vecue (le rejet de son enfant et elle pour couvrir son père), elle a voulu enfouir en elle une vérité, celle d’avoir apprécié son rôle de femme de son père et d’avoir pris du plaisir avec lui « jusqu’à l’orgasme ».
Le devoir de virginité
Face à l’obsession de sa mère par sa virginité, Ndiémé Deme (tous les noms dans le livre sont des pseudos) a choisi la folie. Ndiémé est issue d’une communauté où la virginité de la fille définit tant sa valeur à elle que celle de sa mère, car cette dernière est celle qui lui donne la bonne éducation qui la maintient vierge jusqu’au mariage. A près de 30 ans elle n’est pas mariée, ce qui horripile sa mère qui lui propose de nombreux hommes de sa tribu auxquels Ndiémé oppose un refus catégorique. Ils sont tout aussi à cheval sur la virginité que sa mère, ce qui pose un problème car Ndiémé n’est plus vierge, et il est impensable de l’avouer à sa mère.
Le dire suscitera une colère sans nom et certainement des représailles, mais ce n’est pas vraiment pour se protéger que Ndiémé se tait. Son silence protège son père. Ses 2 parents sont séparés et pendant la période où elle a vécu chez son père, elle a été violée par le frère de celui-ci. Le dire à sa mère serait empirer les relations déjà tendues entre les 2 parents, et ce serait exposer le père, figure sacrée. Elle a un compagnon prêt à l’épouser malgré les confidences qu’elle lui a faites, mais sa mère ne veut pas de ce monsieur pour gendre. Il est le seul à ne pas convoiter ouvertement sa virginité.
« J’ai perdu mon hymen malgré moi ; je ne veux pas que mon père biologique souffre davantage de cela ; ma mère ne doit rien savoir ; mon célibat à 29 ans inquiète ma mère qui, comme ma grand-mère, a eu son premier enfant à 15 ans ; j’aime un homme que ma mère ne veut pas voir ; je rejette ceux que ma mère me propose de peur de mourir de honte et de couvrir la famille d’un déshonneur sans précédent ; je ne dois surtout pas dire ce que l’on m’a fait ; tous les homme que je vois à l’exception de mon copain ne me parlent que de sexe [en l’occurrence sa virginité] et cela me fait très peur ; … je n’avais pas d’autre solution que la folie. »
Aminata est une autre des patientes dont l’hymen est au cœur de la pathologie. De nombreux jeunes hommes la courtisent et lui disent clairement que sa virginité est l’une des choses qui la rendent attrayante à leurs yeux. Elle cède à l’un d’eux qui finira par épouser une autre, et elle lui en voudra toute sa vie de l’avoir souillée.
Elle finit par se marier à un homme qui l’humilie et la violente physiquement et moralement parce qu’elle n’était pas vierge lorsqu’elle l’a épousé. Il ne le savait pas avant les noces. Il finira par l’ignorer et à vivre comme s’il n’y avait personne d’autre que lui dans la maison : aucune parole, aucun regard, ce qui cristallise la certitude d’Aminata selon laquelle sa valeur se résume à sa virginité. Elle dira à ce sujet : « Pour moi les tam-tams se sont tus en raison du silence assassin et irresponsable de mon époux. Ma future fille vivra une vraie lune de miel ; elle sera habillée de boubous teintés, elle aura 3 gris-gris autour du cou et la cérémonie durera plusieurs jours. Vous savez, si j’étais vierge, vierge, vierge, je me serais imposée… Celui à qui j’en veux le plus aujourd’hui est celui qui a déchiré mon hymen. »
Le devoir de virilité
Le cas d’Amadou Lamine est la raison pour laquelle j’ai acheté le livre sur lequel porte cet article, car il est question de zoophilie. On en parle dans les journaux à sensation (généralement occidentaux) et sur certaines plateformes pornographiques, mais je n’avais jamais lu ou vu de support où un cas de zoophilie en Afrique est abordé de manière objective, voire clinique.
Lorsqu’il avait 10 ans, L’oncle d’Amadou Lamine, qui vivait à l’époque chez sa grand-mère, a décidé qu’en tant qu’homme il lui fallait apprendre à « faire l’amour ». Il l’a donc obligé à avoir des relations sexuelles avec les servantes de la maison (le viol des servantes dans les familles, on en parle ?). Une des sœurs de sa mère qui vivait dans le coin et qui était certainement en manque de sexe a obligé Amadou Lamine à avoir des relations sexuelles avec elle pendant un moment. Après toute cette initiation et après satisfaction de l’oncle et la tante, Amadou Lamine a été laissé seuls face aux pulsions sexuelles qu’on avait fait naitre en lui.
Le jeune garçon n’avait aucune confiance en lui, il était timide et moqué de tous, alors il ne pouvait approcher les filles. Il s’est tourné vers les animaux dans la concession familiale, notamment les moutons et les poules et a pris du plaisir avec (?) eux au point d’être excité et attiré par eux. Outre le fait d’être surpris et démasqué, l’une de ses plus grandes peurs était qu’un des moutons ou une des chèvres « accouche » d’un petit qui lui ressemblerait, lui le père.
Le cas de Marie Golbert n’est pas un cas de zoophilie, mais il est lié au devoir de virilité parce qu’elle en a été victime. Marie Golbert a perdu son père, et un très riche oncle de sa mère a pris soin de la famille. L’oncle, qui faisait figure de père pour Marie Golbert, était un homme très respecté, un chef religieux qui avait déjà 3 femmes. Sa quatrième épouse l’a quitté quelque temps après le mariage malgré l’aisance financière, un facteur de poids au sein de la communauté. Selon ses dires, l’impuissance de son époux était la raison de son départ.
Dans le souci de laver son nom, l’oncle demande la main de Marie Golbert à sa mère qui ne peut refuser pour 3 raisons : l’obéissance qu’elle doit à son oncle, l’obéissance qu’elle doit au chef religieux qu’il est, et la gratitude qu’elle doit à celui qui prend soin de ses 7 enfants depuis la mort de son mari. Marie Golbert qui a 24 ans est donc mariée à l’oncle de sa mère qui en a 80.
Etant donné son grand-âge, l’oncle est effectivement impuissant, et l’une des raisons pour lesquelles son choix s’est porté sur Marie Golbert est l’impossibilité pour elle de dénoncer la situation. Pour éviter tout soupçon, il dit à tout le monde être déçu car elle est infertile, raison pour laquelle ils ne peuvent avoir d’enfant. 7 ans après son mariage, Marie Golbert est internée à l’hôpital de Fann pour des troubles psychologiques. Elle veut des enfants et une vie sexuelle normale, ce qui lui est impossible, et se sent emprisonnée sans possibilité de liberté.
L’une des déclarations qui m’a particulièrement marquée dans le livre est l’affirmation des psychiatres et psychothérapeutes selon laquelle il est quasiment impossible de traiter une affection psychologique ou psychiatrique d’un patient si on n’est pas du même milieu que lui, si on ne comprend pas sa culture, sa religion et les codes de sa communauté.
Les pathologies des patients avaient des causes bien plus profondes que ce qu’ils avaient subi, et les raisons des actes posés allaient au-delà de celles que je qualifierais de visibles. L’un des faits communs aux différents cas était la cassure du cadre familial. Décès de la mère, séparation des parents, union des parents mal vue par la famille, tensions au sein de la famille, ou alors séparation de l’enfant de ses parents pour une raison ou une autre. Pour les cas d’inceste par exemple, les médecins ont déclaré que l’un des facteurs favorisant l’acte est la différence de tribu entre les 2 parents. Le père considère consciemment ou inconsciemment la fille comme n’étant pas vraiment de chez lui parce qu’issue d’une femme venue d’ailleurs. Je dois avouer avoir été surprise.
La considération de l’enfant comme la propriété du parent et la toute puissance de ce dernier est également un facteur dont il faut tenir compte. La fille est la propriété de son père qui la donne à qui il veut, lui inclus parfois, et la famille éprouve le besoin de le protéger en raison de son statut d’homme et de père de famille. Le fort ancrage dans la religion et les superstitions qui vont avec jouent également un grand rôle. A un moment dans le livre, les auteurs l’évoquent lorsqu’ils parlent de l’impossibilité pour « une fille musulmane » de s’adonner volontairement à certaines pratiques, une croyance commune au patient et au médecin qui favorise une meilleure compréhension du milieu du malade. Le niveau d’éducation du patient et ses possibles conséquences par rapport à son cadre de vie doivent également être considérés. Amadou Lamine était par exemple terrifié par le fait qu’il aurait pu avoir « un enfant » avec un mouton, une peur qui avait une place significative dans sa pathologie.
Le devoir de virginité et de virilité est culturel, et l’importance de ce devoir dépend du milieu duquel on est issu (zone urbaine ou rurale, culture, religion, codes communautaires et familiaux…). Il ne s’agit pas seulement de l’enfant, mais aussi de ses parents. Il faut être vierge et viril pour faire la fierté de ses parents et honneur à la famille, sauf que les conséquences des moyens utilisés pour assurer cette virginité et cette virilité ne comptent pas, tout comme le poids pyschologique qu’ils entrainent. Il en va de même pour la fertilité.
Le cas de Marie Golbert est fascinant car il regroupe à lui seul un grand nombre de poids sociaux et culturels : l’obéissance à la figure paternelle ; l’obéissance à sa mère ; le devoir de préserver sa famille (qui se serait retrouvée sans le sou si elle s’était opposée au mariage) ; la crainte et le respect pour le chef religieux ; la peur que ses pouvoirs surnaturels mènent à sa mort comme ça a été le cas pour la précédente épouse qui avait oser parler (elle est réalité morte de maladie) ; la négation de sa féminité (et la honte qui va avec pour elle et pour sa mère) par l’obligation d’accepter la déclaration selon laquelle elle serait infertile et donc la réalité selon laquelle elle ne portera pas d’enfant. En plus de tout ceci, Marie Golbert a dû accepter d’épouser à la fois son père (l’homme qui prend soin d’elle et sa famille) et le père de sa mère (un oncle sous nos cieux est également un père).
Le plus dommage dans les cas présentés est la double stigmatisation des patients. Outre le tabou autour du sexe, surtout lorsque pratiqué d’une manière indécente ou criminelle, les affections mentales et leurs manifestations physiques sont souvent considérées comme le résultat d’un sort lancé ou d’une punition des dieux.
J’ai voulu aller plus loin et j’ai fait quelques recherches sur les débuts de la pratique de la psychologie et la psychiatrie en Afrique noire comme c’était dit à l’époque. A travers son livre intitulé L’expérience d’un thérapeute en Afrique noire, Jean Pierre Lehmann (qui a exercé au Cameroun puis en Côte d’Ivoire dans les années 60 et 70) m’a fourni de précieuses informations. Il parle par exemple du rejet de la pratique psychiatrique qui semble dire au monde que le patient est fou. Il dit avoir préféré l’expression médico-psychologie au lieu de psychiatrie pour calmer l’hostilité générale. C’est intéressant de voir qu’en l’espace de 60 ans les choses n’ont pas beaucoup évolué à ce niveau.
Lehmann parle également de la « lutte » entre le guérisseur et le psychiatre. Les affections psychologiques relevaient du mysticisme, donc elles étaient la chasse gardée des guérisseurs. Prétendre guérir une malédiction qui se manifeste par la folie sans faire appel aux dieux et sans les mesures locales était très mal vu. Dans le livre d’Omar Ndoye, les contributeurs déclarent que dans certains cas ils sont le dernier recours. Les familles les contactent quand les guérisseurs semblent avoir échoué.
J’ai également constaté que comme c’est encore le cas aujourd’hui, la dépression reste incomprise et ses manifestations sont considérées comme de la fatigue ou une grande paresse quelle que soit l’epoque :
Les psychiatres anglophones en Afrique le dénommaient « Brain fag syndrome », autrement dit « cassage de tête » ! Un de mes collègues de l’époque, le docteur A. Amoussou, qui était installé à Cotonou (la capitale du Dahomey), en avait fait une bonne description dans une intervention au second colloque de psychiatrie en Afrique, qui s’était tenu en 1968 à Dakar. Il avait dit que, très fréquemment, c’était pour la fatigue que ces jeunes gens venaient à la consultation et qu’à l’interrogatoire, on s’apercevait rapidement que le terme « fatigue » recouvrait un ensemble de troubles variés et bien souvent mal définis. À côté du sentiment de manque de force pour faire un travail manuel ou intellectuel, d’autres symptômes traduisaient une perturbation du sens cénesthésique, exprimée en termes pauvres ou, au contraire, de manière très imagée. Les uns parlaient de bouffées de chaleur dans la tête, d’échauffement, voire de bouillonnement du cerveau. Pour d’autres, des phénomènes douloureux occupaient la scène : élancements, piqûres, picotements, écrasements, lacérations, brûlures, atrocement perçus dans la masse cérébrale. D’autres encore décrivaient des sensations étranges de mouvements dans la boîte crânienne, comparées à un déplacement de parties du cerveau ou bien à des pérégrinations que ferait un vers qui s’y déplacerait. Tous ces élèves déclaraient avoir beaucoup de mal à suivre les cours, à apprendre leurs leçons et faire leurs devoirs, et leurs notes s’en ressentaient.
Un extrait du livre de Lehmann est disponible ici.
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Considérer la pratique de la psychiatrie et les pathologies dont il est question sous un angle africain a été une expérience intéressante. Si vous me lisez ici sur le blog depuis un moment alors vous savez que je suis fascinée par le rapport entre les dynamiques sociales, politiques et culturelles et qui nous sommes, comment nous nous considérons, comment nous nous présentons au monde et comment nous nous comportons. Le sexe qui rend fou ne prétend pas que les affections liées au sexe ne concernent que les Africains. Ce qui fait la particularité des pathologies dans le contexte dans lequel nous vivons est justement ce contexte et tout ce qu’il comporte, des éléments qui ne peuvent être exclus de la comprehension de la maladie et de la thérapie étant donné qu’ils en sont la cause.
Photo : Mozghan Elahi
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2 comments
J’ai adoré l’article, j’ai pas encore la force mentale nécessaire pour lire le livre. Merci.
C’est intéressant de voir comment la société qui nous entoure est la lunette par laquelle on observe le monde.
J’ai adore ce livre ! Je l’ai aodre ! Please lis-le.