Quand l’amour fait mal…

22 minutes

Une action posée au sein d’une relation amoureuse ne doit en aucun cas être considérée comme un investissement.

Une fois ma nièce regardait des dessins animés. Très curieuse de savoir ce qui la captivait autant, je me suis assise à côté d’elle sans faire de bruit. Elle était tellement concentrée que j’avais peur de la déranger. Elle est toute jeune, mais elle a du caractère cette petite ! Alors je me tiens parfois à carreau.

Elle regardait La princesse et la grenouille. J’ai regardé ce dessin animé enfant, alors je me suis dit « Oh ça va être cool de redécouvrir les classiques de l’époque ! » La redécouverte a été salée ! Après La princesse et la grenouille nous avons regardé La Belle et la Bête. Puis Blanche-Neige et les 7 nains, La Belle au bois dormant, Raiponce et tout ce qui va avec. C’était sur YouTube, donc c’était des versions courtes.

Au fur et à mesure que nous regardions, le degré de surchauffe de mon cerveau augmentait. Une question effrayante s’est imposée à moi : que mettons-nous dans la tête de nos filles ? En une fraction de seconde j’ai compris l’une des origines de toutes ces relations amoureuses bancales auxquelles je m’accrochais désespérément dans ce qui semble aujourd’hui être un passé lointain.

Je ne pourrai parler de tous ces dessins animés aujourd’hui. J’en sélectionnerai 2 : La princesse et la grenouille et La Belle et la Bête. 

Commençons par La princesse et la grenouille. Si vous ne connaissez pas l’histoire, voici une version courte (10 minutes) disponible sur YouTube.  Pour faire très très court, il s’agit d’une princesse super belle et super riche qui vit dans son superbe château avec son papa (il est curieux que ces meufs-là, dans ces histoires-là, n’aient pas souvent de mère). La super belle et super riche princesse tombe sur une horrible grenouille qu’elle refuse de côtoyer. Elle est quand même une superbe princesse ! La grenouille ne baisse pas les bras, elle exige un baiser de la superbe princesse qui au final le lui donne et il se transforme en superbe prince. Seul le baiser d’une super meuf pouvait révéler sa vraie nature, son « lui » de base !

Passons à La Belle et la Bête. Voici une version qui dure 20 minutes, mais très franchement la version de Disney est de loin la meilleure. Effets spéciaux captivants et tout, histoire de bien nous faire fondre les neurones ! 

Donc je disais… La Belle et la Bête. C’est l’histoire d’une meuf qui, pour sauver la vie de son père, se retrouve enfermée dans un château hanté qui a pour maître une Bête exécrable. Le mec n’est pas sympa du tout, il n’a aucune manière à table, il n’a aucune tenue. En bref, le mec qu’il ne faut pas côtoyer. 

Pourtant les objets hantés du château font comprendre à Belle que sans elle leur maître est perdu. Elle est la seule à pouvoir lui redonner le sourire. Elle se met donc à le regarder sous un nouveau jour, le force en quelque sorte à l’accepter, lui apprend les bonnes manières, en tombe amoureuse, l’embrasse alors qu’il est à l’article de la mort (je ne peux malheureusement pas  vous raconter la haine de Sébastien pour cette bête qu’il estime lui avoir volé Belle ; ce serait trop long !) et le mec se transforme direct en un génialissime prince. Je tiens à préciser que son château se transforme lui aussi : grâce au baiser de Belle, il passe de hanté à féérique.

Et ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants !

Fin.

Regarder ces dessins animés avec des yeux d’enfant est très différent du fait de les regarder avec des yeux d’adulte. Je parle ici des adultes qui ne sont pas accro aux télénovelas et qui ne lisent ni Barbara Cartland, ni les Harlequin (je vous ai demandé 1000 fois de déchirer et de brûler ces trucs !).

Ma nièce était aussi éblouie que moi il y a environ 30 ans alors que je découvrais ce qui me semblait être à l’époque la vie que je souhaitais vivre. Ses yeux brillaient et moi j’avais juste envie d’envoyer valser la télé… mais ce n’était pas chez moi.


J’ai publié une série de stories sur Instagram dernièrement où je disais en substance ceci : les femmes qui se plaignent d’avoir tout investi dans une relation et en veulent aux hommes qui les quittent après tout cet investissement n’ont pas compris qu’elles sont à la base de leur propre malheur. 

Une relation n’est pas une option qu’on achète à la bourse et on attend patiemment les dividendes, fruit pécuniaire annuel  (parfois très élevé) de son investissement. Je me suis emportée, et je n’ai pas pris la peine d’aller au fond de la chose. J’ai reçu de nombreux messages privés sur le sujet, alors j’ai promis d’écrire sur le sujet. Ça m’a pris des jours, mais il vaut mieux tard que jamais.


Ma religion est le dynamitage de tout ce qui nous a été appris et qui nous dessert au quotidien. Je parle ici des codes humains, sociaux et familiaux qui nous sont inculqués de manière subliminale ou pas et qui, au lieu de nous édifier, nous ralentissent et parfois nous brisent. Cette religion est la raison d’être de ce blog, de mon podcast Les Papotages de C., ainsi que de mon compte Instagram. Si vous êtes facilement choqués, prière de vous désabonner.

Vous adhérez certainement à la croyance populaire selon laquelle c’est la femme qui fait le foyer. Vous êtes-vous déjà demandé d’où exactement cela vous venait, qui vous l’a dit la première fois et ce qui vous a convaincu ? Je suis certaine que vous me parlerez de votre maman, de vos tantes, de vos sœurs. Je suis certaine que vous me parlerez de la Bible ou de toute autre œuvre religieuse allégorique. Je suis certaine que vous me parlerez des traditions.

Lorsque j’ai commencé à me poser cette question, j’ai eu très peur de ce que j’ai vu. Quand on questionne un concept, on « voit » littéralement la face cachée de ce concept, face que l’idée reçue ne permet pas de découvrir lorsqu’on y croit aveuglément. J’ai cessé d’écouter et j’ai commencé à observer. Ne dit-on pas que les mots crient plus fort que les actions ?

Je suis retournée dans un passé lointain et j’ai observé aussi objectivement que possible la vie de toutes ces femmes qui m’ont crié dans les oreilles qu’un homme s’entretient, qu’une femme est à l’origine de la réussite de son mari, que cette réussite est le fruit d’efforts de la femme qui ne doivent pas toujours être divulgués, que l’enfant est celui de la mère avant tout, qu’une union entre 2 êtres vient avec son lot de souffrances et c’est parfaitement normal, qu’une infidélité n’est pas bien grave parce que l’homme sait exactement qui est sa « vraie » femme, qu’un homme qui « va voir dehors » n’est pas satisfait chez lui alors la femme doit se remettre en question, and so on and so forth.

J’ai observé chacune de ces femmes tant dans le passé que dans le présent et une seule chose m’a sauté aux yeux.

Leur tristesse. 

Toutes sont heureuses d’être en couple, d’avoir un homme dans leur vie, mais pratiquement aucune n’est une personne heureuse dans sa relation amoureuse. Des générations passées, je ne connais pas de mariage heureux. Vous me direz peut-être que je suis glauque. Je vous dirai que je suis réaliste. Ray Dalio n’a-t-il pas dit « Be a hyperrealist » ? Toutes ces personnes ont vécu ou vivent des instants fugaces de bonheur, mais en règle générale leur relation est une grande source de tourments.

Le plus beau est qu’au fil des générations elles perpétuent par leurs conseils et leur style de vie ce que je qualifierai d’abrutissement des masses. Le discours des femmes en ce qui concerne les relations amoureuses est très effrayant. J’ai fait mon rant sur Instagram parce que j’étais dégoûtée, énervée, apeurée. Choisir la souffrance par la main de l’autre alors qu’on peut tout simplement se barrer est effrayant. Non, on ne se barre pas. C’est ça l’amour. Ce n’est pas facile tous les jours. Tu penses qu’avec ton père c’était la fête tous les soirs ? Tu penses que ton oncle est exceptionnel ? Tu crois que ton Tonton est un saint ? Non, mais c’est comme ça ! Il faut supporter ! Tu vas partir d’ici et trouver pire dehors ! Avec tout ce que j’ai investi dans ce mariage tu penses que je vais partir et laisser une autre profiter de mes efforts ? Un vrai mariage est celui qui a connu beaucoup de tourments et y a survécu !

Cette dernière phrase revient à dire que si tu ne t’es pas cassé la jambe au moins une fois par an, alors on ne peut considérer que tu sais marcher. Où sont les cicatrices ? Pourquoi tes jambes sont aussi bien formées ? Ça signifie que tu ne sais pas « bien » marcher. Tu n’es pas assez tombé. Va te jeter dans un ravin de manière consciente, fracture-toi les jambes autant que possible puis revient nous montrer tes médailles, c’est-à-dire tes cicatrices et tes déformations. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’on pourra considérer que tu sais marcher. Le reste n’est que bruit.


Vous me direz que j’en parle d’un air détaché, certainement parce que « J’ai eu de la chance », je suis l’une des rares à être tombée sur « un mec bien ». C’est faux. J’en parle d’un air détaché pour une raison très simple. J’ai été l’une de celles qui ont le mieux absorbé ces conseils et ces directives conscientes et inconscientes, j’ai été brisée dans tous les sens du terme, je me suis accrochée parce que c’est ce qu’une vraie compagne fait, j’ai été jetée comme une vieille chaussette, j’ai patiemment attendu le retour des guerriers à qui j’ai ouvert les bras dès qu’ils ont franchi la barrière, j’ai cultivé le malheur et la tristesse dans mon jardin. Parce que ça m’a été présenté comme la norme.

Une fois le papa du petit humain m’a demandé ce que je ressentais pour lui. Je n’ai su que répondre.  Je ne savais pas moi-même. Je me suis posée la question pendant des jours et je suis arrivée à la conclusion selon laquelle je ne ressentais… rien. Pourtant je savais détester ses absences. Je le voulais là, tout le temps. Mais je ne ressentais rien.

C’est un peu comme lorsque vous n’avez eu que des oncles abusifs qui vous grondaient et vous battaient tout le temps. La seule relation entre neveu/nièce et oncle pour vous est chaotique. Et un jour on vous présente un oncle qui vous donne des bonbons. Il est sympa, vous le côtoyez tout le temps, mais il vous est difficile de l’appeler « oncle ». La relation est bien trop différente, bien trop saine pour qu’il puisse logiquement (dans votre logique en tout cas) être votre oncle. Il est un mec sympa que vous voulez avec vous tout le temps mais il ne peut être considéré par vous comme un oncle. Sa manière d’être n’arrive pas à redéfinir dans votre réalité la relation nièce/neveu – oncle. Elle est trop, bien trop différente pour s’apparenter à cela.

L’amour fait mal et nous n’avons aucune maîtrise dessus.

C’est ce que nous disent toutes les chansons de RnB de l’époque. Toni Braxton n’a-t-elle pas supplié un mec de « Unbreak my heart », de recoller son cœur qu’il avait brisé ? C’est comme demander à la personne qui vous a pris en otage de vous libérer. Elle vous a pris en otage parce qu’elle ne vous veut pas libre. Vous allez prier et la supplier du fond de votre cachot pendant des années, vous ne serez pas libéré. Pourtant si vous cassez la vitre de la fenêtre, aussi petite soit-elle, vous avez une chance de vous en sortir. Mais non. Elle vous a enfermé. Elle est la seule à pouvoir vous libérer. Bullshit.

Je pensais ne rien ressentir pour le papa du petit humain parce que l’amour fait mal. Et je n’avais pas mal. Quand je parle d’amour, je parle même des sentiments. Le bond que le cœur fait quand on voit la personne. L’angoisse vécue quand on sait qu’il est possible qu’elle soit mécontente parce que ce plat qu’on voulait parfait est au final un peu trop salé. La douleur ressentie quand, après chaque désaccord, on a peur qu’elle s’en aille définitivement. Le stress vécu parce qu’on n’est peut-être pas assez comme il faut pour que la relation dure longtemps.

Je ressens une grande paix intérieure, un calme permanent. C’est trop différent de ce que j’ai eu l’habitude de vivre. Alors ça ne pouvait qu’être… rien du tout.


Je vous ai parlé au début du texte de La princesse et la grenouille, ainsi que de La Belle et la Bête. Dans ces histoires, les efforts fournis par ces  femmes leur ont permis de « révéler » leur prince charmant, l’homme de leur rêve, celui qui leur ouvrira les portes de son château féerique. Mais ça ne se fait pas en un jour !

Elles doivent trimer pour en arriver là. Accepter un mec sale, sans éducation, qui ne leur témoigne aucune marque de respect et exige soumission. Il ne leur témoigne aucun amour… mais si elles aiment assez ce mec, si elles l’aiment assez pour 2, alors il changera.

Dans le cas de La princesse et la grenouille, la grenouille n’ira chercher la balle dorée de la princesse dans le puits qui si et seulement si elle l’embrasse en retour. Cette balle est précieuse aux yeux de la princesse, et la grenouille semble être la seule à pouvoir lui rendre son bonheur, alors oui, elle fera ce qu’elle dit… et elle aura son prince charmant. Malgré tous les tourments qu’il lui a fait traverser. Elle obéira parce que cette grenouille peut la rendre heureuse. Sachant que dans le château-là il y a certainement une corde, des seaux et un palefrenier qui aurait rendu service à la fille de son maître.

De nombreux efforts et un baiser, et le goujat deviendra le prince charmant. Et ce prince fera notre bonheur for ever and after.

C’est le message que j’ai enregistré il y a une trentaine d’années, et c’est certainement celui qu’enregistrera ma nièce. Ce message a été renforcé par tout ce qui m’a été dit par les femmes autour de moi, et par l’exemple qu’elles m’ont montré au quotidien. J’ai appris durant mes études universitaires que l’art dans sa forme la plus parfaite n’est que la représentation du quotidien, un quotidien auquel on s’identifie aisément. On sait à présent pourquoi ces dessins animés sont aimés par les enfants qui, lorsqu’ils grandissent, ne souhaite rien d’autre que de les faire découvrir à leurs enfants à leur tour.

La boucle sans fin de la tristesse en couple.


À tous ceux qui me disent que j’ai de la chance, je leur dis que j’en suis bien loin.

Je n’ai pas eu de la chance d’être tombée sur le papa du petit humain.

Comme il me le dit souvent, si nous nous étions rencontrés il y a quelques années, il n’aurait pas été intéressé par moi et je n’aurais pas été intéressée par lui. Aucun des 2 n’était en mesure d’offrir à l’autre ce qu’il recherchait. J’étais bien trop dépendante des mecs avec qui j’étais, et il a en horreur les compagnes qui ne sont pas aux commandes de leur navire. Dans sa réalité, son rôle est de mettre tout en œuvre pour que la personne avec qui il est aille aussi loin que possible dans sa propre vie. Dans la mienne, je devais être l’ombre du mec avec qui j’étais. Il avait les clés de mon bonheur et pour qu’il remplisse sa mission, je devais m’atteler à ce qu’il ne soit jamais malheureux.

Je n’ai pas eu de la chance. J’ai fait le travail nécessaire pour arriver à ce niveau.

J’ai dynamité la muraille formée par tous ces dogmes qui m’ont été enseignés lorsqu’il s’agit de relation amoureuse.

Un homme ne peut faire mon bonheur. Si je suis malheureuse par moi-même, je le serai également à ses côtés, parce que mon bonheur dépendra du sien et de ce qu’il veut bien me donner. Je ne suis la moitié de personne et personne n’est ma moitié. Je suis complète telle que je suis. Avant cette personne j’ai vécu, et après elle je vivrai, alors rien ne m’empêche de me barrer si plus rien ne va. Je ne dois pas être une source de stress pour la personne avec qui je suis et elle ne doit pas être une source de stress pour moi.

Notre union n’est pas gravée dans la pierre. Nous ne sommes pas tenus de faire l’impossible parce qu’une séparation sera considérée comme une tragédie. Nos bonheurs individuels sont aussi importants que notre bonheur ensemble. Rien n’est imposition, tout est discussion. Je ne suis pas l’autre et l’autre n’est pas moi, alors je ne dois pas attendre de l’autre exactement ce que je suis prête à faire moi. Chacun vit et s’exprime selon son vécu, ses attentes et ses choix.

« Une action posée au sein d’une relation amoureuse ne doit en aucun cas être considérée comme un investissement. »

J’ai commencé cet article par cette phrase. J’ai été de ceux et celles qui pensaient qu’on s’investit dans une relation. J’ai eu une révélation qui a tout changé. Tout échange est complet à 100 %. Mais il m’est impossible de maîtriser les 100% tout entier. Je n’en maîtrise que 50%, c’est-à-dire ma part, ce que je peux offrir, ce que je peux donner, ce que je peux poser sur la table. La personne en face maîtrise tout aussi pleinement ses 50% de l’échange. Elle décide de ce qu’elle fait de ce que je lui offre et de ce qu’elle m’offre, et je n’ai aucune influence dessus.

Je ne peux me lamenter ou me torturer pour des réalités que je ne maîtrise pas. Je ne peux faire que ma part, et une part que je juge utile et agréable tant pour l’autre que pour moi. Alors non, je n’investis pas dans une relation. Je fais ce qu’il faut pour que nos moments ensemble soient agréables pour l’autre autant que pour moi. Et si ça ne lui suffit pas ce n’est pas ma faute. Je n’ai absolument aucune maîtrise dessus. 

C’est comme acheter de la viande dans un paquet déjà fermé. On l’achète parce qu’on veut la manger, mais on a conscience qu’il est possible que le vendeur ne soit pas aussi honnête qu’il parait l’être. On lui donne tout de même cet argent. Le but n’est pas de l’enrichir lui, mais de nous faire plaisir à nous. Si au final la viande n’est pas bonne, on aura quand même vécu de bons moments dans la voiture à imaginer toutes les méthodes possibles de la cuire. Et la prochaine fois on ira plus chez ce vendeur.

Non, on n’ira pas camper devant son magasin en exigeant qu’il devienne subitement, par la force de nos cris et nos pleurs, la personne honnête qu’il n’est pas et ne sera peut-être jamais.  Dans le pire des cas, on ira lui dire que sa viande n’était pas bonne. S’il s’agite, on le laisse à son agitation et on va boire un foléré glacé. La prochaine fois il serait peut-être mieux d’aller à la plage acheter du poisson fraîchement sorti de l’eau.


Cette dernière illustration me fait penser à une discussion que j’ai eue avec le papa du petit humain une fois. Je lui disais, y croyant mordicus, qu’il est difficile de trouver un mec fidèle à Douala. Mes copines et moi n’étions jamais tombé sur aucun, et nous étions plutôt nombreuses. Et mes copines avaient des copines qui avaient vécu la même chose, et ainsi de suite. Alors mes « statistiques » ne pouvaient mentir !!!

Il m’a dit une chose très éclairée : « Ce n’est pas qu’il n’y a pas de mec fidèle à Douala, c’est que vous ne fréquentez pas les mecs fidèles. Ils n’appartiennent pas à vos cercles. »

Bien entendu j’ai râlé. Vous me connaissez, dès qu’un fait bouscule mes certitudes et que mon système limbique sait que ce fait peut être vrai, je râle. Je râle d’abord, et je réfléchis ensuite.

Après avoir râlé, je me suis posée pour réfléchir. Je me suis demandée si l’une d’entre nous avait eu un mec d’un cercle totalement différent des nôtres, un cercle sur lequel nous n’aurions jamais pu tomber. La réponse a été non. L’ex de tel connaissait le mec actuel de tel autre qui était le parent éloigné de tel qui avait comme meilleur ami tel qui était allé à l’école avec tel.

Dude !

Nous nous connaissions tous, nous nous fréquentions tous et nous partagions tous les mêmes croyances à plusieurs égards. Nous pensions tous être super in, nous écumions les boîtes de nuit, nous avions les dernières fringues à la mode… comment espérions-nous tomber sur quelqu’un de différent dans cet environnement ou nous cultivions tous exactement les mêmes tomates ? 

Je me suis ensuite tournée vers toutes mes amies qui aujourd’hui sont dans des relations stables et saines. Je leur ai demandé comment elles ont rencontré leur mec et s’il y a avait une chance qu’avant cette rencontre ils se croisent dans l’un des milieux qu’elle fréquente. La réponse à cette deuxième partie de ma question a été non. Il n’y avait aucune chance qu’ils se croisent si ce n’était par cet heureux hasard qui les a réunis.

En 7 années de vie dans cette ville, je n’avais jamais croisé le papa du petit humain. Et même aujourd’hui je ne le croise jamais. C’est drôle mais nous ne fréquentons pas les mêmes endroits si ce n’est la librairie, et nous n’avons aucun ami commun. Il connait certes des gens que je connais mais ces gens ne sont pas ses amis. Et avant de le connaitre lui, je n’avais jamais, jamais vu un de ses amis. Jamais.

C’est bien joli d’accuser tous les mecs et meufs de tout un pays, mais que se passe-t-il si on cesse d’aller dans ce magasin où ce vendeur n’arrête pas de nous vendre de la viande pourrie dans des paquets déjà emballés ? Il n’est pas arrivé un jour, un seul jour où il a été honnête. Il n’a pas été honnête le jour où on a payé plus dans l’espoir d’avoir enfin de la viande à cuisiner, et il n’a pas été honnête la fois où on l’a invité à venir dîner dans l’espoir qu’un bon repas l’aurait convaincu de nous donner de la bonne viande. Il n’a pas été honnête et a décliné l’invitation.

Alors pourquoi insister ?

Je terminerai en m’adressant à toutes celles qui disent « Il m’a perdu du temps ! ». Non Cocotte. Tu t’es perdu du temps à toi-même comme je me suis perdu du temps à moi-même. A cause de ce pseudo investissement, nombre d’entre nous attendent d’être récompensées sur le long terme.

Pensons juste à ce vendeur de viande pourrie et faisons ce qu’il faut.

(J’ai édité ce texte avec un bébé dans les bras, et je me devais de le faire rigoler pour le maintenir de bonne humeur, alors applaudissez pour moi !!)


PS : peu de gens le savent, mais il est possible de surligner des passages des articles, comme c’est le cas sur Medium. Ce serait bien d’utiliser cette fonctionnalité pour que je sache quelles sont les parties du texte qui ont retenu votre attention. Et puis, il faut bien que mon argent serve à quelque chose puisque j’ai payé pour cette fonctionnalité !


Digressions n’a aucun compte sur les réseaux sociaux, une situation qui n’est pas près de changer. Pour vous tenir informés des activités ici, abonnez-vous au blog, tout simplement. 

Je suis disponible par mail à l’adresse mesdigressions@gmail.com et sur Instagram à @c_befoune.

Retrouvez-moi également sur mon podcast Les Papotages de C.

18 comments
  1. Et si ça ne lui suffit pas ce n’est pas ma faute. Je n’ai absolument aucune maîtrise dessus. “You are not responsible for someone else’s feelings.” Qu’est-ce que je l’aime cette phrase!…

  2. Un texte qui me parle profondément plus que tout autre. Avec lequel je suis non seulement d’accord mais alignée.. Et ca n’arrive pas toujours. Je n’y suis pas encore, avec le bonhomme différent, mais contente de savoir que c’est ton cas (même comme tu n’as pas fais le “kongossa” jusqu’au bout.. Il nous manque les circonstances de cette improbable rencontre lol.)
    Tout mes voeux de Paix.

  3. 😍😍😍maamaah !! J’applaudis moi que sauf !! 🙌🙌👏👏👏👏.
    Et si tu me le permets, je suis fan du papa du petit humain !! Les quelques fois où tu fais allusion à lui dans tes articles, je suis ravie, entre les recommandations de livres, les bribes de vos conversations qui te permettent d’effectuer des remises en question, et l’équipe de choc que vous faites pour votre petit humain, je suis servie. Ça me plaît bien, et ça montre que les relations saines c’est possible, en grande partie si on veut bien faire un gros travail sur soi comme tu le fais comprendre si bien dans cet article.

  4. Quand le problème est mal posé, la solution n’est jamais la bonne .
    Toujours un plaisir de te lire.
    J’ai adoré !

  5. Incroyable ton texte, notre bonheur nous appartient et c’est à nous de le trouver. Sinon, maintenant que je suis également révolte contre le concept des princesses disnep 🤣🤣🤣, qu’est ce qu’on propose à regarder comme alternative à nos petites princesses

    1. Je termine à l’instant un article sur la raison pour laquelle le petit humain ne regarde pas la télé. Il sera publié mardi.

  6. Je me suis demandée si l’une d’entre nous avait eu un mec d’un cercle totalement différent des nôtres, un cercle sur lequel nous n’aurions jamais pu tomber. La seule fois de ma vie où j’ai été dans une relation avec la sensation d’être avec un ovni, c’était justement avec quelqu’un qui sortait totalement de mon environnement, et que je n’aurais pu rencontrer sans une forte dose de hasard lol. Je n’ai jamais douté de sa fidélité pendant notre relation. Après notre rupture oui, parce que c’était plus simple mais avec du recul, des années après, j’arrive à dire qu’il peut avoir été totalement fidèle. Oui ça existe les hommes comme ça. Il faut juste définir SES standards et tutti quanti. Bon j’attends de finir l’article pour faire mon vrai long commentaire.

    1. Beaucoup plus de gens devraient essayer de « date » en dehors de leurs cercles. C’est vraiment rafraîchissant !

  7. Bon et c’est parti pour un très long (ou peut-être pas lol) commentaire. Ma mère a été mariée 14 ans dans le système du supporter. Ce qui est le plus marrant c’est qu’elle nous a éduqué aussi avec cette notion de le mariage n’est jamais parfait, avec l’homme ce n’est jamais facile et pendant de longues années (malgré le fait que j’ai toujours été anti-harlequin et Barbara Cartland, jamais lu ça de toute mon adolescence), j’étais quand même imbibée dans le “supporter” et j’ai damn it “supporté” tout et n’importe quoi incluant la violence physique et psychologique pendant de longues années. Mais de toutes ces expériences, et de mes lectures (notamment sur le mariage même dans le cadre du mariage chrétien), j’ai compris qu’on nous induit beaucoup en erreur dans une certaine mesure. On nous apprend à être parfaites mais en se comportant comme si l’autre en face ne devait pas être à la hauteur. Même dans l’anayse phrasée de la littérature chrétienne (qui m’intéresse beaucoup ces temps-ci), on interprète mal. Quand tu lis de “vrais auteurs”, on te rappelle que pour aller vers l’autre tu dois être complète et satisfaite, de même pour lui et que pour que ça marche, on doit mutuellement bien se traîter. On ne doit pas donc tolérer tout et n’importe quoi, être triste, marcher sur un chemin de damnation, de souffrance pour arriver un jour à être un peu heureuse. Ca me fait penser à quelque chose que je vis en ce moment et où mon instinct me dit justement tous les jours: “gars vaut mieux être seule que mal accompagnée”. Ce que j’ai retenu un peu de mon petit parcours du combattant, et qui fait totalement écho à ton message (profond, nécessaire, qui doit être audible plus fort), c’est qu’on ne choisit pas d’en faire trop, c’est inutile. On choisit d’être avec quelqu’un avec qui on n’ a pas besoin de faire d’efforts inutiles. On peut être bien, peace dans une relation amoureuse comme tu le dis. D’ailleurs ma plus belle relation amoureuse à date, est une relation où même après les prises de tête normales entre êtres humains qui se développent, la paix était dans 70% le sentiment que j’avais autour de cette personne. Une sensation de zéro prise de têtes, de zéro efforts, de compréhension maximale et bizarrement aujourd’hui même séparée de cette personne mais avec un choix entre nous d’être en mode paix, je ressens exactement la même chose. Nous sommes proches, sympas, utiles l’un à l’autre parce qu’au-delà de ce qui a été un jour une relation, nous partageons des choses importantes qui peuvent toujours se vivre parce qu’on a jamais fait quatre milliard d’efforts. Je ne sais pas si tout mon bavardage est super clair mais c’est ESSENTIEL que les gens comprennent que l’amour ce n’est pas doux quand c’est la guerre. Les relations doivent être égalitaires, positives ou on en sort, ou encore on observe sans mettre de stress. Observer, se distancier des choses et laisser aller. En tout cas, pour finir, merci pour ce partage avec nous. On a besoin de se dire des choses différentes et vraies sans chichis ni froufrous.

    1. “On nous apprend à être parfaites mais en se comportant comme si l’autre en face ne devait pas être à la hauteur. ”

      J’ai envie de me tatouer cette phrase sur le visage. Elle est vrai. Entière. Complète. Merci pour cette contribution.

      1. looool, se tatouer sur le visage. Crazy Babe. C’est la vie qui nous amène à grandir ainsi. Moi je l’ai tatouée dans ma tête, “no pressure”. Merci à toi pour cet article. On ne prend pas toujours la peine de se poser toutes ces questions. Merci de nous y pousser.

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