L’argent.
Ce bien si précieux, mais si controversé.
Il est mal vu de parler d’argent.
Il est mal vu de mal gagner sa vie. Il est mal vu de trop bien gagner sa vie. Il est mal vu de ne pas partager son argent aux proches moins nantis. Il est suspicieux d’être trop heureux de donner de son argent à ceux qui n’en ont pas assez. Il est mal vu de réclamer son argent. Tout comme il est mal vu de ne pas le réclamer.
Quelle attitude adopter face à l’argent ?
Pour ceux qui ne savent pas de quoi il est question ici, cet article est le deuxième du Money Series, une série d’articles axée sur la gestion des finances personnelles. Je ne suis pas une experte du domaine. Ma seule particularité la documentation de mon apprentissage d’une meilleure gestion de mes finances personnelles sur ce blog, un parcours jalonné de lectures sur le sujet. Le livre qui m’a inspiré cette aventure est celui sur la photo juste en-dessous.
J’en ai déjà d’autres en stock, et une âme bienheureuse m’a récemment fait découvrir un livre sur l’art de la gestion des finances personnelles à la japonaise. Je n’en dirai pas plus. Par contre je sens qu’on va bien s’amuser avec cette série ! Si vous ne l’aviez pas remarqué, elle est dans la section Ce que je lis parce que toute l’aventure s’appuie sur des lectures de livres ou d’articles sur le sujet, mais aussi de mon expérience personnelle. Il serait intéressant pour vous de vous procurer les livres si possible, afin d’enrichir vos connaissances ainsi que la discussion. Ne culpabilisez pas si ce n’est pas possible. La série sera bien assez documentée pour que vous ne loupiez pas grand chose, sinon rien. Je partagerai toujours les liens des articles sur lesquels j’appuierai mes argumentaires, donc tout ira bien.
Revenons à nos moutons. L’argent.
Le premier article de la série a suscité de beaux échanges entre certains d’entre vous et moi. Ceux qui ont essayé de me joindre par mail ou sur Instagram ont découvert que je suis disponible autant que faire se peut. Alors n’hésitez pas. De toutes ces discussions, un fait majeur m’a frappée. Nombre d’entre nous sommes prêts à assainir nos finances personnelles, mais le fait de parler d’argent reste encore tabou. La preuve ? La majorité de ceux qui m’ont contactée l’ont fait inbox. Peu ont commenté sous l’article, ont fait un tweet sur le sujet ou en ont parlé « on the open » sur Instagram. Je me suis rendue compte au fil des discussions que je suis certainement allée un peu trop vite en besogne. J’ai plongé dans le vif du sujet sans m’assurer que les bases avaient été abordées, dont la peur de l’argent.
Ne nous méprenons pas, ce n’est pas un reproche. Bien au contraire. Vos réactions ont inspiré le second article de la série. Je veux vous parler de ma relation avec l’argent. Elle tient en un seul mot : horrible.
- Il est honteux de parler d’argent.
Je ne vous dirai pas le nombre de fois que je me suis faite arnaquer à cause de cette vision tordue. Tout a commencé alors que j’étais encore à l’école de traduction. J’ai été approchée par une amie et camarade de classe qui avait un « gombo » et voulait que je l’assiste. Un monsieur souhaitait faire traduire son livre. Les yeux brillants à la perspective de gagner de l’argent, j’ai accepté sans hésiter. J’ai fait le travail dans les délais. Je n’ai jamais été payée. Je me souviens n’avoir jamais réclamé mon paiement. J’avais honte. Tout simplement. La fille est revenue deux ou trois fois avec des raisons aussi déprimantes les unes que les autres. Le plus beau est que je n’ai jamais, jamais eu le courage de lui demander si elle, elle avait été payée. Il aurait été impoli de le faire. Du moins c’est ce que je pensais tristement à l’époque. Oh, le montant ? Une somme ridicule. 80 000 FCFA (environ 122 euros) pour la traduction de nombreux chapitres d’un livre. J’étais jeune et bête.
Cette expérience a été l’introduction d’une longue série de travaux non rémunérés dans ma vie. Je vous l’ai dit plus d’une fois, je viens de loin.
- Il est mal vu de trop en demander, même lorsqu’on sait avoir raison.
Je suis sortie de l’école de traduction en 2012, avec des résultats largement au-dessus de la moyenne (pour ceux qui pensent que c’est de la frime, c’est bien le cas : apprenez à être fiers de vos réalisations, portez les haut, parce que personne ne le fera pour vous !) J’ai rencontré par l’intermédiaire d’un cousin un traducteur indépendant qui souhaitait ouvrir une agence de traduction. La perspective était plus que belle. Le marché du travail semblait plus inaccessible que jamais, alors être embauché, même au noir, était une aubaine. Il me proposait 100 000 FCFA par mois. Je me voyais aussi riche que Bill Gates. Sauf que…
Pour avoir ce boulot il me fallait quitter la ville où je vivais pour m’installer dans une autre. En gros je quittais Douala pour Yaounde, ville où je n’avais jamais vécu. Je me suis installée chez une tante que je connaissais à peine, je payais environ 1 000 FCFA de taxi par jour, et je travaillais avec mon propre ordinateur. A l’époque déjà comme aujourd’hui, j’étais plus intéressée par ce que j’allais apprendre par ce monsieur que par l’argent que j’allais gagner. Si j’avais réfléchi de manière logique un seul instant, j’aurais compris que cet argent n’allait m’être d’aucune utilité, tellement la somme était dérisoire.
Je travaillais d’arrache pied, parfois même les samedis et les dimanches. Je n’avais pas de vie sociale (ça n’a pas vraiment changé depuis lors), parce que je voulais maximiser les connaissances acquises. J’ai beaucoup appris de ce monsieur. Mais vraiment beaucoup, et ce que je dirai après n’a pas pour objectif de ternir sa réputation. Nous parlons ici de rémunération, tout simplement.
Si vous connaissez l’industrie de la traduction, alors vous savez qu’il est possible de se faire beaucoup d’argent. La seule condition est de ne jamais cesser de travailler. Jamais. Dire une seule fois à un client qu’on est indisponible c’est prendre le risque qu’il trouve quelqu’un d’autre de disponible et nous oublie à tout jamais. Forte de mes résultats encourageants et de ma disponibilité, mon patron (dont je suis restée la seule employée pendant les 6 mois de notre collaboration) a décidé d’augmenter ma rémunération. Je passais de 100 000 FCFA par mois (payés parfois avec des retards significatifs) comme employée à une rémunération à la tâche. Il était question pour mois de recevoir 10 FCFA par mot traduit.
Je n’ai pas osé dire que je n’étais pas d’accord. Et s’il me virait ? Et s’il décidait de retourner à 100 000 FCFA par mois, une perspective très désavantageuse ? 10 FCFA pour un traducteur c’est comme… payer votre employeur pour travailler pour lui. C’est en dessous de 0 lorsqu’on tient compte des recherches que chaque texte à traduire implique. En gros mon salaire était réduit. J’ai travaillé encore plus que d’habitude pour pouvoir atteindre ces 100 000 FCFA et espérer aller au-delà. Au final je me suis barrée, le laissant avec un montant assez considérable (arriérés inclus) que je n’ai jamais eu le courage de réclamer.
- Il est malvenu de penser qu’on a bien trop de valeur.
Après cette expérience je me suis retrouvée dans la cour des grands. Dakar, terre d’opportunités. Dès mon arrivée je suis entrée en contact avec un professeur d’université qui traduisait à ses heures perdues. Je suis devenue ses petites mains. Notre première collaboration : il m’a envoyé un document à traduire et un dead line. Je n’ai pas osé demander combien je serais payée (rappelez-vous, il est honteux de parler d’argent !). J’ai fait le travail dans les temps, puis j’ai reçu un envoi d’argent de 100 000 FCFA. C’est par déduction que j’ai compris que j’étais payée à 10 000 FCFA la page. Une horreur.
Négocier son paiement à la page pour un traducteur c’est comme vendre son poisson par tours de filets pour un pêcheur : un tour de filet, quelle que soit la qualité et la quantité des poissons pêchés, vaut 15 000 FCFA. J’avais parfois droit à des pages avec écriture police 10 intervalle 0. Une page aurait pu coûter 30 000 FCFA ! Nous avons travaillé dans ces conditions quelques années, jusqu’à ce qu’il disparaisse avec un de mes paiements. Je n’en ai plus jamais entendu parler. Je n’ai pas osé le harceler, ça aurait fait mauvais genre.
La question de l’auto-appréciation de la valeur de son travail est une question très intéressante. J’en étais au point où je disais à certains clients de me payer uniquement s’ils étaient satisfaits par le travail. Je ne vous raconte pas le nombre de nuits blanches passées à travailler inutilement, parce que bien entendu, ces gens n’étaient pas satisfaits et ne le disaient qu’après avoir reçu la totalité de la traduction. J’ai été mal payée, peu payée et pas payée à cause de ce manque de confiance en moi, en la qualité de mon travail. Il suffisait que le client repère une coquille pour que je lui « offre » des semaines de travail sans relâche. La vie a bien changé depuis, mes cocos !
- Il est incorrect de ne pas dépenser l’argent à notre disposition.
Cette question est au cœur même de la mentalité de pauvre. Si vous ne savez pas de quoi il est question, prière de lire le premier article de la série. Penser que l’argent est fait pour être dépensé est une erreur très grave. J’explique. J’ai réussi à naviguer tant bien que mal dans le monde professionnel malgré mes handicaps de départ face à l’argent. Je n’étais et ne suis pas toujours payée à ma juste valeur, mais j’avais de l’argent. Parfois beaucoup. Et je créais des besoins juste parce que j’avais de l’argent.
Je suis une férue d’électronique. Deux choses pour lesquelles je dépense sans compter sont les téléphones portables et les ordinateurs. S’ils ne sont pas à la pointe, je ne suis pas satisfaite. Je ne me suis rendue compte que récemment, en évaluant l’utilité (ou l’inutilité, c’est selon) de mes achats, que je ne les achetais en réalité que parce que je pensais en avoir les moyens. Je n’utilise pas 10% de leurs réelles capacités. Et je les change une fois qu’une nouvelle version est sur le marché. Pas parce que c’est nécessaire, mais parce que j’ai la possibilité de le faire. Et ça fait mauvais genre de vendre ses affaires : les anciens appareils étaient donnés. Tout simplement. #KardashianMode.
À côté de mes propres dépenses, il y avait les besoins des autres, en particulier certains « amis ». Avez-vous remarqué que lorsque vous travaillez, que vous gagnez de l’argent et que certains de vos « amis » n’ont pas cette chance vous devenez de fait un porte-monnaie à leur disposition ? Et il est très mal vu de dire non parce qu’il est évident que vous avez non seulement de l’argent, mais plus que ce dont vous avez besoin (il a bien entendu pris le temps de vous questionner sur le prix de votre loyer, sait à peu près combien vous payez en eau/électricité/taxi, et compte donc votre argent dans votre poche). Un « ami » qui sait que vous avez sécurisé un boulot ne conçoit pas que vous ne lui donniez pas d’argent quand il a un problème. Et vous vous créez vous-mêmes une culpabilité en pensant aux répercussions du refus pas sur vous, mais sur votre amitié. Tenons ici compte du fait qu’il vous faut également comprendre l’impossibilité du remboursement du prêt au vu de la situation de votre ami qui avait pourtant promis de rembourser. Vous devenez le méchant si vous insistez. Et comme je ne voulais pas me sentir coupable et que je ne voulais pas être la méchante…
Avoir de l’argent qui traîne signifiait pour moi créer une dépense. Une sortie au resto, un appareil que je n’utiliserai que 4 fois, des fringues dont je n’ai pas besoin, des prêts par ci-par là… On ne vit qu’une seule fois ! Bien que je n’ai pas la certitude d’avoir une seconde vie, tout ça a bien changé aujourd’hui.
Dans mon cas, la gestion des finances personnelles passe par le fait de gagner de l’argent. C’est même la base de tout. Il ne suffit pas de percevoir l’argent. Je tiens à percevoir un montant à la hauteur de la tâche accomplie, et je n’hésite pas à dire non si le montant proposé ne m’arrange pas, quelle que soit la relation que j’ai avec la personne en face de moi (après il ne faut pas se focaliser que sur l’argent, parfois les opportunités en perspective valent mieux qu’un montant fixe). Cette aptitude n’a pas apparu en 4 minutes, comme vous avez pu le constater à la lecture de cette infime partie de mes déboires financiers. J’ai encore du chemin à faire, mais je pense que jusqu’ici je suis sur la bonne voie. Je flancherai parfois, c’est clair, mais je sais que tout ira bien.
Oh, le compte bloqué dont je vous ai parlé la dernière fois n’est plus d’actualité. J’ai opté pou autre chose. Je vous en parlerai la prochaine fois !
PS : l’article du Money Series #3 est déjà prêt, et il est pour le moment intitulé « Pourquoi je dépense et où est-ce que j’épargne ». Je dis pour le moment car il est possible que j’y ajoute des éléments qui nécessitent un changement de titre. Il sera publié la semaine prochaine. Digressions n’a aucun compte sur les réseaux sociaux, une situation qui n’est pas prête de changer. Pour vous tenir informés des activités ici, abonnez-vous au blog, tout simplement. J’en profite pour exprimer ma joie face à la réaction des abonnés qui ont tous reçus dans leur boîte une copie du livre « Man’s Search for Meaning » mardi dernier. J’en ai d’autres en stock pour vous !
Photo : Anxiety
11 comments
Je viens de lire et je voudrais en découvrir plus sur l’auteur à travers ses écrits. Envoyez-moi aussi des livre à lire.
J’en ai appris qui vont avec mes principes.
Merci bien
Bonjour Sabin, pour recevoir des livres de temps à autre il faudrait être abonné au blog. Ça ne requiert que 30 secondes !
Waouh! Tu en a géré des BUSINESS! Je voudrais pas être à ta place. Moi même j’ai assez tôt commencé à « gagner de l’argent » grâce à mes compétences ou justes grâces à de petits jobs du quartier.
Comme tu le dit si bien, quand on débute dans les affaires, il est mal vu de parler d’argent avant de travailler. Savoir dire non aussi est une qualité très importante. La peur qu’on ne te recontacter pas pour un autre biz peut te faire promettre et accepter l’impossible. Je fais dans le développement d’applications Mobile. On a des situations vécus similaires. Courage à Nous.
En réalité je n’ai pas géré d’affaire Denis. Je ne suis pas entrepreneur, même si parfois j’ai des activités génératrices de revenu qui ne nécessitent pas de hiérarchie. Mais oui, j’en ai vu des vertes et des pas mûres!
Hello Befoune,
J’ai tenu à faire de l’année 2019 l’année de l’assainissement de mes comptes. C’est donc c’est avec plaisir que je vais dévorer tous ces articles.
J’ai acheté 2 livres que je n’ai pas encore lu mais je me ferai un plaisir de te faire un feed-back.
Concernant l’argent, on n’en parle pas, c’est » sale », c’est petit.
Il ne faut pas vouloir trop, il ne faut pas être pauvre. Mais être pauvre est plus dans la norme qu’être riche lol.
J’ai commencé à casser cela quand je me suis mise a parler de mon salaire librement. Trop pour certains, trop peu pour d’autre.
C’était pour savoir où je me situe, savoir selon mon entourage, ce qu’il est possible d’achieve mais aussi comment.
Pour certains entrepreneurs, cette discussion passe, sans parler de l’ambition qui va avec, ils comprennent et l’acceptent.
Pour les autres ….. Compliqué. Faut aussi dire que je suis dans la moyenne haute de mon entourage. Juste au dessus de la moyenne. Ce qui est déjà un problème. Les gens ne comprennent pas prquoi je veux gagner plus ( je sens du seximes, mais je suis peut etre trop sensible lol). Mais bon bref. L’argent n’est pas un mal necessaire, il est necessaire. Tout comme toi, je ne me vends pas toujours à ma juste valeur. Mais j’espère avoir fini avec cette phase..
Merci de partager tout cela.
C’est magnifique que tu penses à assainir tes finances ! Vraiment ! Pour ce qui est du parcours, il est individuel je pense. Pourquoi tu veux gagner plus ne dépend que d’une seule chose : ce que tu souhaites réaliser. Le reste n’est que bruit.
C’est toujours un bonheur de te lire parce que soit je me reconnais dans certaines situations , soit j’apprends un nouveau truc ou finis par percevoir une solution à une difficulté que je rencontre.
pour ma petite histoire lors de mon premier entretien d’embauche j’ai été excellente jusqu’à l’évocation des prétentions salariales; je n’étais pas préparer à cette question qui s’avérait ( selon moi à cette époque) » embarrassante ». En guise de réponse j’ai dit à mes interlocuteurs » je me remets à votre bonne foi pour m’octroyer un salaire convenable au regard de la charge de travail que vous me confierez ». Sur le coup ils m’ont proposé 100.000Fcfa que j’ai accepté sans broncher. A peine sortie des locaux je reçois un appel d’un des associés qui m’annonce que je serais plutôt payer 150.000Fcfa. (je pense qu’ils avait perçu le malaise) c’est à ce moment que j’ai réalisé que je venais de faire une boulette. Quand j’y repense je me demande ce qui avait bien pu inspirer une réponse aussi stupide .Mais en réalité je trouvais incongru de demander tel ou tel montant; javais peur d’être mal vu après….Bref j’éprouvais de la gêne à parler d’argent.
Et un jour en regardant une interview de Richard Bona , il confiait qu’il a appris de son grand père (je paraphrase) « A ne JAMAIS donné gratuitement le fruit de son labeur » . Ca m’avait tellement parlé que je me suis remise en question.
les choses ont changé aujourd’hui je dirai que j’ai mieux négocié mon salaire pour mon 2 ème emploi. et n’hésite pas à donner le prix qui me convient pour mes side gigs.
Sorry pour la longueur de mon commentaire.
Merci .
Ne sois pas désolée pour la longueur de ton commentaire, Estelle. Tu peux faire encore plus long si tu veux. Ton premier salaire tu as au moins eu l’opportunité de dire un montant. J’ai été informée de la somme que j’allais toucher entre deux phrases. De manière très… légère. Et je pensais que c’était normal, qu’un salaire se décide par l’employeur.
Alors tomber sur votre blog, et sur ces articles, par pur hasard (même si je crois que toute chose arrive à point) au moment ou je me penche sérieusement sur la question de mes finances , est un réel blessing. Je travaille depuis des années, et en plus comme expatrié donc la majorité de mes frais sont couverts, mais je suis toujours dans la desh comme on dit parce que je gère mal. Je vais les dévorer (et le livre aussi que je viens juste de commander). En tout cas, merci pour la transparence et le partage de tes lectures. Je m’abonne de suite
Bienvenue parmi nous Odile !