Comment définir un (vrai) challenge lecture sur une année

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Vous êtes certainement de ceux qui pensent que ce type d’article devrait être publié en début d’année, lorsque les résolutions sont définies et qu’on y croit dur comme fer. Eh bien vous avez tort.

Mars est la période idéale pour la publication de cet article sur ce blog précisément, pour la simple raison que vous êtes revenus sur Terre. En janvier on a la tête dans les nuages, on pense qu’il suffit que la planète termine son tour complet autour du soleil pour que nos personnalités changent du jour au lendemain et qu’on devienne les personnes les plus focus de la galaxie.

En mars on a compris que la vie est dure, que tout ce à quoi nous aspirions est irréaliste, qu’on n’a pas le temps de suivre les menus sains des blogueuses aussi fines que souriantes, que le batch cooking c’est pour ceux qui ont 16 nounous, que la salle de sport est finalement trop loin de la maison, et que la lecture… c’est pour les gens qui lisent, c’est-à-dire pas nous ! Du coup je tombe à pic avec ma méthode de définition d’un challenge de lecture aussi réaliste que faisable, alors allons y en quelques points.


1- Ne pas définir de nombre de livres à lire lorsqu’on n’est pas un lecteur régulier

Aussi simple que cela. Débuter avec une liste de lecture lorsqu’on n’a pas l’habitude de lire est motivant sur le moment, et très démotivant sur le long terme car on se rend vite compte qu’on n’y arrivera jamais. Comment lire 60 livres l’année alors qu’on n’en a pas lu un seul depuis que le prof de littérature en classe de 3e nous a menacé de mort si nous ne lisions pas telle ou telle autre œuvre au programme ?

Lire un livre ce n’est pas lire un livre. C’est lire une page après une autre. Il est préférable lorsqu’on se lance dans la lecture de définir un nombre de pages à lire par jour, plutôt qu’un nombre de livres. Je recommanderais un minimum de 5 pages et un maximum de 10. Astuce ? Opter pour le minimum de pages possible (5) et se donner l’opportunité d’être fier de soi lorsqu’on va au-delà. 10 pages ce n’est pas toujours simple, et on court le risque d’être frustré ou déçu lorsqu’on réalise qu’il est facile d’en lire moins et difficile d’en lire plus.

2- Ne pas définir de liste de lecture

Il n’y a rien de plus déprimant qu’une liste de lecture quand on n’a pas l’habitude d’en avoir. Bien que je lise depuis ma conception, j’ai essayé d’en avoir une et ça n’a jamais marché. Il faut garder à l’esprit que la lecture doit être une activité fun si on souhaite la poursuivre sur le court ou le long terme. Lisez des livres qui vous parlent selon vos intérêts, sachant qu’ils peuvent changer à tout moment.

Donnez-vous le droit de changer d’avis, acceptez le fait de ne pas ou plus vouloir lire exclusivement sur un domaine précis. N’hésitez pas à fermer un livre à tout jamais si le contenu vous déçoit ou ne vous édifie pas (on en parle, de Becoming de Michelle Obama ? On en parle ???).

3- Ne pas tenir compte des challenges de lecture des personnes qu’on suit sur les réseaux sociaux

Nombre d’entre elles n’arrivent pas jusqu’au bout. Combien de ces personnes ont fait un compte rendu public en fin décembre ou en début janvier. Je vous renvoie au 3e paragraphe de cet article, tel est mon commentaire sur ces disparitions.

La lecture est une activité personnelle. On lit pour édifier un cerveau avec lequel on vit au quotidien et qui nous permet de naviguer dans notre vie personnelle. Les autres lisent (normalement) pour la même raison, alors copier leurs challenges et leurs listes de lectures c’est penser vivre leur vie, ce qui est totalement impossible.

Certains partages de livres peuvent vous inspirer parce qu’ils sont en lien avec ce que vous recherchez ou vous intriguent, mais ne vous sentez pas obligés de lire ce que tout le monde lit. Je n’ai jamais lu Chimamanda Ngozi Adichie, et je ne m’en porte pas plus mal. Malgré les menaces de Tchonté, je n’ai pour le moment aucune intention de lire cette dame. Elle ne m’inspire absolument rien, tout au contraire… En plus elle a osé s’attaquer à mes chéries Akwaeke Emezi et OluTimehin Kukoyi. A bas Adichie !

4- Ne pas penser qu’on deviendra plus intelligent si on lit uniquement des livres jugés intelligents

La fiction a autant de valeur que la non-fiction si on sait doser la chose. Ne lire que des essais parce que c’est ce que recommandent les gourous d’internet c’est aller droit vers le dégoût de la lecture. Je dois avouer ne pas lire beaucoup de livres de fiction, mais j’ai un besoin viscéral d’en lire de temps en temps, surtout lorsque j’ai envie de m’évader, ou que Jean Christophe Granger sort un nouveau livre. J’aime le roman noir. Le mystère. Le suspens. Le sang. La psychopathologie. Le côté le plus sombre de l’humain. Voila ce que je recherche généralement dans un livre de fiction, peu importe ce qu’en disent les gourous rose bonbon.

Il est très facile de développer une aversion du livre lorsqu’on n’écoute pas ses envies. Saturer le cerveau d’informations dans un domaine le fatigue très vite, raison pour laquelle il faut alterner, varier les styles, les domaines et les genres, voire les langues. Si on n’apprend pas comment nous en sommes arrivés à la tectonique des plaques dans le livre choisi ce n’est pas bien grave. Il participera tout de même à enrichir notre vocabulaire, il nous permettra de nous évader, et nous apprendrons certainement quelque chose de nouveau qu’on le veuille ou non. J’en ai tellement appris sur le sado-masochisme dans les livres de fiction de Granger ! Il n’y a rien de mieux que le fait de colorer sa culture…

Je recommande également de lire des livres totalement improbables pour nous. J’ai par exemple lu l’un des meilleurs livres de ma vie grâce à la décision de sortir de ma zone de confort : je suis entrée dans une librairie et j’ai décidé d’acheter le livre que je n’aurais acheté pour rien au monde. Le livre de fiction Terre des oublis m’a ouvert les yeux sur la situation des femmes vietnamiennes dans les années 50-60-70. Vous saviez que pour éviter d’avoir à prendre en charge les blessés de guerre, l’Etat a romancé le fait d’en épouser un et en a fait un acte d’héroïsme et d’amour pour la patrie pour les femmes ? Et ceci n’est qu’une chose apprise parmi tant d’autre.

Choisissez de temps à autres des livres qui sortent des sentiers battus. J’ai lu un livre sur le cochon qui m’a éblouie. Sur le plan de l’ADN, le cochon est nettement plus proche de l’humain que le singe (honte à ceux qui me critiquent négativement parce que j’en mange), et qu’une greffe de cœur de cochon a été réalisée avec succès sur un humain ? Je ne l’aurais jamais su si je me contentais des livres exigés par les gourous rose bonbon…

5- Ne pas se forcer à lire si ce n’est définitivement pas notre truc

Il existe des gens dont la configuration de naissance ne leur permet pas de se poser et de lire un livre. Les méthodes d’apprentissage, et donc d’acquisition réussie d’informations, varient d’une personne à l’autre. Mon grand frère n’ouvrirait un livre pour rien au monde, en revanche il consomme les documentaires sans aucune difficulté. Il passe tout son temps libre à en regarder (quand aucune de ses équipes de cœur n’a de match à jouer…). D’autres préféreront l’écoute, les livres audios, les podcasts…

Allez vers ce qui vous parle vraiment en gardant à l’esprit que l’objectif ultime c’est finalement d’acquérir des connaissances et d’avoir du fun. Le documentaire The Tinder Swindler a autant de valeur que le podcast Dirty John. Je n’ai pas d’équivalent en termes de livre, mais il en existe certainement !

6- Ne pas sombrer dans la folie des 100 livres lus par an

Je suis une fan inconditionnelle de Ryan Holiday. Il lit plus de 200 livres par an, et ses livres de lecture sont les plus édifiantes que j’ai eues à consulter jusqu’à aujourd’hui. Il est un modèle en termes de culture et d’acquisition de savoir. Je le suis au point parfois de le traquer.

Ryan Holiday est auteur. C’est son métier. Il lit par amour et par choix, mais aussi parce que c’est une exigence de son métier. Je l’ai toujours dit, écrire c’est lire. Je suis fan de Ryan Holiday, mais je ne suis pas Ryan Holiday. Je ne serai jamais Ryan Holiday. J’ai un enfant, un mec et un boulot. Je ne peux pas lire autant que Ryan Holiday alors je reste très réaliste. Mon premier challenge lecture date de l’année dernière, et je n’y ai rien changé cette année : mon objectif est de lire 20 livres par an. Pas plus, pas moins. 20.

La motivation de lire n’est pas la même tout au long de l’année. Je peux lire sans arrêt pendant 3 mois, puis faire une pause d’un mois ou plus. Je peux lire de gros livres qui demandent des semaines, voire des mois de lecture, tout comme je peux lire des petits livres faciles à terminer en quelques jours. Comme je l’ai dit précédemment, j’ai également une vie super remplie.

L’année dernière j’ai explosé mon challenge, ce qui ne m’a en aucun cas poussée à aller au-delà du nombre défini cette année. Gardons la tête froide. En plus je suis fière de moi quand j’explose mes challenges, alors pourquoi risquer d’être déçue en allant au-delà de 20.

20 est le nombre qui me convient. 5 est également un nombre convenable selon les personnes.

7- Ne pas toujours croire qu’on peut y arriver sans aide

J’ai adopté le jeûne intermittent l’année dernière, mais je n’arrivais pas à être constante. J’y arrivais un jour et pas l’autre. Je tenais sur 3 jours puis je basculais une fois de plus dans l’absence de contrôle. Je me suis aperçue que je ne pouvais le faire sans aide. J’avais besoin d’un cadre défini, mais aussi et surtout d’un traqueur. Depuis que j’utilise l’application que j’ai choisie j’ai atteint tous mes objectifs et même au-delà.

Il en va de même pour la lecture quand on n’est pas un lecteur régulier ou qu’on est très occupé et qu’on a besoin d’un rappel ou d’un suivi de notre évolution. Je ne recommanderais jamais assez l’application Goodreads. Elle est celle que j’utilise. Elle permet de définir des challenges de lecture et de suivre sa progression tant dans le cadre du challenge que dans celui du livre lu, et ceci n’est qu’une caractéristique parmi tant d’autres.

Des lecteurs assidus à travers le monde ont l’amabilité de noter les livres lus et de faire des revues détaillées. Bill Gates en fait partie. Je ne lis que très rarement un livre sans avoir lu au préalable les revues sur Goodreads. En outre l’application est un réseau social qui permet de savoir ce que nos amis lisent et ce qu’ils pensent de leurs lectures. J’ai été inspirée par nombre des personnes de mon réseau sur l’application.


Those were my 2 cents about defining a reading challenge. Vous avez la liberté de ne pas suivre ces recommandations et de vous noyer dans le rose bonbon. J’ai fait ma part.

Cheers !

Photo : Anete Lusina


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5 comments
  1. Merciii ! Édifiant comme toujours ! Mais comment on fait pour régler le gbangban entre notre tata Chichi et toi ? 😭😭😭 Je suis sûre que tu aimerais beaucoup en plus !

  2. J’aime lire sur l’impact que les livres ont sur les autres, raison pour laquelle je suis sur de nombreux blogs. J’aime lire les chroniqueuses africaines. Pour le moment jai pas le temps pour un challenge de lecture. Merci pour les astuces, j’en aurai surement besoin bientot

  3. Merci pour ces astuces! J’ai suivi la « hype » en achetant quelques livres de chimamanda. Surprise ça fait 2 ans et je n’ai toujours pas réussi à finir un de ses livres. Depuis quelques mois, j’ai essayé de me replonger dans un de ces livres: résultat je n’arrive pas à le finir et le fait de ne pas le finir « m’empêche » d’ouvrir d’autres livres. Je vais donc suivre tes conseils, je mets de côté ses livres et on verra si j’arriverai à me remettre à la lecture.

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