Violence familiale : je t’aime, je te hais !

20 minutes

Ces derniers temps j’ai recommencé à beaucoup traîner sur Twitter. 

A une époque je ne jurais que par ce réseau. Il me permettait de faire entendre mes prises de positions socio-politiques. J’ai cessé de tweeter lorsque je me suis retirée de l’activisme politique, épisode détaillé dans cet article.

Aujourd’hui je suis sur Twitter en mode sous-marin. Je lis, je like, je retweete parfois, mais je m’exprime très peu. Twitter est pour moi une espèce de vitrine de la société. C’est une source riche d’informations quand on écrit sur l’humain et/ou la société. Grâce à Twitter je sais quels sont les sujets chauds du moment, ce que les gens pensent et surtout ce qu’ils osent dire.

Un sujet en particulier revient souvent : la violence physique, verbale et/ou psychologique au sein des couples. Que feriez-vous si votre homme vous giflait ? Quand faut-il partir ? Que doit faire un homme si une femme se comporte de telle ou telle façon ? Quels sont les signes annonciateurs des abus au sein des couples ?

Chacun y va de son avis et les débats sont souvent très animés. Une chose m’a frappée par contre. La violence semble n’exister qu’au sein des couples. Elle semble ne naître que lorsqu’on est en couple. Elle vient de nulle part, et vlan, on reçoit la première gifle. Bon, j’exagère. Des insultes et des menaces précèdent très souvent cette gifle. Sauf que ces injures et ces menaces viennent…  de nulle part.

Quasiment personne ne s’intéresse aux violences verbales, physiques et psychologiques au sein des familles. Par famille j’entends père, mère, frères, sœurs, oncles, tantes, cousins, cousines.


Le mot d’ordre sous nos cieux est l’omerta.

On ne critique pas négativement sa famille. On ne questionne pas les agissements de ses parents. On n’a aucune légitimité en tant qu’individu. On n’est que ce que la famille veut bien faire de nous. On encaisse les coups venus d’en haut (parents, aînés), et on rend la pareille à ceux à notre niveau ou au niveau inférieur (ceux du même âge que nous ou plus jeunes). Le cercle est sans fin.

Je l’ai dit dans l’article Famille et communication : shut up je viens d’une famille où on ne savait pas se parler si ce n’était pour se moquer les uns des autres. Toute action différente était ridiculisée. Toute envie différente était risible. Tout malheur était sujet de raillerie. La compassion existait, mais elle tenait la main aux éclats de rire qui parfois l’annulaient complètement.


Je n’avais pas d’autre moyen de communication que la moquerie. Sans le savoir, j’étais méchante gratuitement.  Et je rendais les gens autour de moi méchants. Sans le savoir, j’avais beaucoup d’influence sur mes amis très proches qui, sans s’en rendre compte, adoptaient mon comportement.

La première fois que cela m’a frappée était à l’université. Je me suis retrouvée à discuter avec l’amie proche d’une amie proche. Elle et moi ne nous fréquentions quasiment pas, mais j’avais l’impression d’être face à un miroir. Mes intonations, mes expressions favorites, les mots que j’utilisais pour passer de la discussion à la moquerie… Elle les avait faits siens. Mon amie et moi passions tellement de temps ensemble que je n’avais pas réalisé que je l’avais infectée. Et à son tour elle infectait son entourage.

Tout est parti de ma dynamique familiale.

A cette époque-là je ne le savais pas, et je n’avais aucune intention de me pencher sur la question. Ma conclusion à ce moment-là ? « Mais cette meuf n’a aucune personnalité si elle a besoin d’être moi pour exister ! »

La bêtise dans toute sa splendeur.


Ma nièce avait 2 ans la première fois où j’ai failli la fracasser. 

Et le mot est faible.

Mon envie de la bastonner était tellement forte que j’ai dû sortir de la maison pour m’assurer de ne pas la toucher. Elle avait fait une bêtise en rapport avec des coussins je pense. En réalité je ne m’en souviens plus vraiment. Ce dont je me souviens clairement c’est la rage en moi. Elle devait être battue. Sa faute était impardonnable. Je devais la battre. 

J’ai été freinée par le questionnement dans ses yeux. Elle n’avait pas conscience de ce qu’elle avait fait et ne comprenait pas pourquoi je lui criais dessus. Elle comprenait encore moins cette rage noire qui me faisait bégayer de manière effrayante. Oui, je bégaie naturellement, et quand je m’énerve ce n’est pas beau à voir. Mais nous y reviendrons si je ne digresse pas trop.

Ma nièce devait être battue.

J’ai été un enfant battu.

Je le dis parfois en rigolant, mais aujourd’hui je dois me l’avouer parce que c’est vrai.

Ma mère me frappait quand elle était excédée, ce qui n’arrivait pas souvent. Elle avait d’autres formes de punition.

Lorsque nous évoquons nos souvenirs de mon père (que j’adore soit dit en passant), nous parlons plus de la terreur qu’il nous inspirait. Sa seule aura changeait la température de la salle. Il nous faisait peur. Je ne saurais le dire autrement.

Mon frère et moi étions des tam-tams. Aucune faute ne nous était pardonnée. En réalité aucune faute n’était pardonnée à qui que ce soit, sauf que notre châtiment à tous les deux était différent. Différent dans la forme, mais pas forcément dans le fond. Le traumatisme restait présent.

J’explique.

Mon père a une intelligence supérieure, et je le dis sans me vanter. Dans le but de nous apprendre à réfléchir, il nous tendait des pièges mentaux qui nous faisaient vivre dans une terreur psychotique extrême. Toute question posée par lui nous faisait tellement paniquer que nous en perdions nos mots. Un simple repas à table se transformait en quizz sur chaque élément posé sur la table, et toute mauvaise réponse était durement sanctionnée.

Tout film regardé en famille perdait tout intérêt une fois la dernière scène passée : des questions pointues sur l’intrigue nous étaient posées alors que nous n’avions pas 6 ans. Comment savoir pourquoi Derrick a dit ci ou ça à son second Harry ? Mes yeux d’enfants se focalisaient sur autre chose. Les bagarres, les coiffures bizarres des femmes… je comprenais à peine les mots dits ! 

Autant que les moments « sérieux », les moments de loisirs faisaient peur. Nous ne voulions plus regarder de film, nous ne voulions plus manger à table (mais avait-on le choix ?), et nous évitions par dessus tout de poser des questions. A propos de questions, une scène ne me quitte pas.

Plus âgée que  nous, ma sœur est entrée au collège haut la main (nous n’avions pas d’autre choix que d’être brillants). Une fois elle faisait ses devoirs, et mon frère a jeté un coup d’œil dans ses cahiers. « C’est quoi ça ? » a-t-il demandé. « C’est x » a-t-elle répondu. « C’est quoi x ? » Je ne me souviens plus très bien de sa réponse. Toujours est-il que mon frère, du haut de ses 6 ans, est allé poser la question à mon père.

Erreur.

Mon père avait une sainte horreur de se répéter. Tout comme il avait une sainte horreur de l’ignorance. Il n’expliquait jamais à une seule personne, tout le monde devait être au même niveau d’information. « Vas chercher ta sœur » a été sa réponse. Je tiens à préciser que je suis plus jeune que mon frère. C’est la peur au ventre que nous nous sommes assis face à lui. Il nous a offert ce soir-là des cahiers neufs et pendant des heures, nous avons fait des mathématiques. Des heures. Nous devions comprendre comment trouver x. Je savais à peine faire des divisions.

Nous avons fini par comprendre. Et j’ai ainsi été dégoûtée des mathématiques toute ma vie.

Cette terreur s’est transformée au fil du temps. Elle est sortie du cadre familial. Toute question posée me faisait paniquer. Et je n’en posais aucune par peur d’être réprimandée pour mon manque de savoir. A la maison on n’en savait jamais assez. Mon père n’acceptait par exemple pas que nous ne sachions pas la définition de certains mots, alors le dictionnaire trônait fièrement sur la table du salon. Nous le consultions H24. Une question pouvait être posée à tout moment.

A l’école nous étions toujours parmi les plus brillants. Mais ce n’était jamais assez. On pouvait faire mieux, et nous étions tabassés pour nous le faire bien comprendre. Hors de question d’être 2e de la classe. C’était indigne. Le fait même d’être premier était parfois indigne. 18 de moyenne pourtant il est possible d’avoir 20…


Mon complexe d’infériorité est né de l’alliance entre la moquerie, la terreur psychologique et la bastonnade. 

Mon manque de tolérance face au manque de connaissances des gens autour de moi sur certains sujets que je maîtrise moi me vient également de mon éducation. Selon les attitudes de mon père, nous étions tellement idiots que nous étions le niveau zéro de la connaissance. Il m’est donc difficile de comprendre que j’en sais plus que qui ce soit. Si je sais, alors tu sais. Je suis le niveau zéro de la connaissance.

Ne nous méprenons pas, le but ici n’est pas de dire que mes parents ont fait un mauvais travail et qu’ils sont les pires parents de la terre. Très loin de là. Leur but n’était pas de faire de moi une couarde. Leur objectif était précisément le contraire, mais je ne l’ai compris qu’avec une certaine maturité et un certain détachement. 

La moquerie endurcissait. La terreur psychologique affinait la réflexion. La bastonnade évitait la reproduction de certaines idioties.

Les objectifs ne portaient en rien les gênes du mal. Sauf que…


Où qu’il aille, l’humain reproduit ce qu’il a connu.

Ma sœur me le disait très souvent, et je ne comprenais pas de quoi elle parlait.

« Nos parents ont fait de leur mieux, mais il y a beaucoup de choses que je ne tiens pas à reproduire. »

Je me suis installée chez ma sœur alors que ma nièce avait 4 mois. La première règle que je me suis imposée a été la suivante : cette enfant ne sera jamais victime d’un double discours dans cette maison. J’étais en charge de son éducation comme tout adulte autour d’elle, mais les lignes directrices devaient venir de ses parents et personne d’autre. Je devais moi aussi baliser le chemin, mais les parents savaient mieux que moi ce qui était mieux pour leur enfant. (L’autre raison pour laquelle je n’ai pas fracassé ma nièce le jour mentionné est que ses parents ne l’avaient jamais frappée. Pas de double discours.)

Comme beaucoup d’entre nous, j’ai vécu dans une maison avec beaucoup d’adultes et d’aînés. Chacun avait ses préférences qui allaient parfois à l’opposé de celles des autres. Tonton tel a dit de faire ceci alors que Tata telle l’a interdit. Que faire ? Panique. Si je fais je serai grondée ou frappée. Si je ne fais pas je serai tout aussi bien grondée ou frappée. Nous vivions dans une peur panique perpétuelle, paralysés, réprimandés pour tout et par tous. Ma sœur était parfois étonnée de la panique dans mes yeux à la moindre chose qu’elle me demandait de faire. Et si c’était mal fait ? Allait-elle se fâcher ? Me réprimander ? Il m’a fallu beaucoup de temps pour me sentir en terrain non hostile.

Je ne voulais pas que ma nièce vive cette expérience.

Mes premiers questionnements réels sur mon enfance et sur les enfants en général me sont venus au contact de ma nièce. J’ai par exemple remarqué que j’étais la vigilance sur pied. Je faisais évoluer cette enfant dans un environnement aseptisé. Rien de négatif ne devait lui arriver. Elle ne devait être au contact de rien de mauvais. Elle ne devait souffrir de rien.

Je goûtais sa nourriture avant qu’elle ne mange. Je marchais derrière elle pour qu’elle ne tombe pas et ne se fasse pas mal. Je scannais chaque endroit où nous nous rendions au point où je connaissais par cœur quasiment toutes les sorties de secours des coins que nous fréquentions. Je refusais qu’on mange dans des restaurants où les chaises n’étaient pas adaptées pour elle selon mes standards. Je préférais la porter plutôt qu’elle ne marche parce que… on ne sait jamais. Et ça ce n’était que le bout visible de l’iceberg.

Mais j’avais une autre face, celle-là bien plus effrayante. J’étais d’une sévérité inqualifiable. Je ne tolérais pas les bêtises et ce que je jugeais être de la stupidité. Il était hors de question qu’elle n’enregistre pas une directive la première fois qu’elle était formulée. J’entrais dans des colères noires quand elle reproduisait les mêmes fautes. 

Ma sœur me le faisait remarquer mais je ne voyais pas où était le mal. 

La vérité ? 

Je n’avais pas connu autre chose. 

Je reproduisais l’environnement dans lequel j’avais vécu tout en le combattant. J’étais le bourreau protecteur. Je ne voulais pas qu’elle subisse les mêmes traumatismes, je la protégeais de l’extérieur. Je n’avais pas réalisé que j’étais la potentielle plus grande source de traumatisme. Le diable ne rodait pas autour de la maison. Il était dans la maison.


La première chose que j’ai remarquée et qui m’a violemment frappée a été la joie sur le visage de ma nièce chaque fois qu’un de ses parents passait la porte d’entrée. C’était une véritable fête. Leur présence la comblait. Elle adorait les avoir près d’elle. 

A mon époque, le retour d’un parent ou d’un aîné était source de grand stress. Les pires scénarios étaient imaginés. En 3 secondes nous scannions en 3D la maison entière, faisant appel à notre mémoire pour nous rappeler exactement où est quoi est qu’est-ce qui n’est pas à sa place. Nous aurions dû tous être brillants en technologie au collège, car la vue d’en haut, d’en bas ou de côté n’avait aucun secret pour nous. 

Malgré notre enfance, ma sœur avait réussi à faire de ses retours à la maison des moments de fête. Comment ? A ses yeux son enfant n’était pas un enfant, un être soumis et sans volonté. Elle lui demandait son avis, et ce dès l’âge de 2 ans. Un enfant ça a des avis !!!!! Je tombais des nues. Elle avait le droit de dire non, ou je ne veux pas. Dans quel monde ?

Au départ, j’avais la certitude que ma sœur raterait l’éducation de ses enfants. Un enfant ça se gronde, ça se punit, ça se bastonne. Tout est imposé à un enfant. Il n’a rien à dire. C’est la norme. C’est comme ça. J’ai vécu comme ça. Rien ne pouvait être différent.

Puis j’ai commencé à repenser à mon enfance et à tout ce qui m’avait été imposé.

Manger quand on n’a pas faim. Manger ce qu’on déteste. Finir son assiette alors qu’on est proche du vomissement tellement l’estomac est plein. Aller à des fêtes où on ne connait personne parce que le parent a promis à un collègue qu’on n’a jamais vu qu’on serait à l’anniversaire de son enfant. Vivre cette gêne et ces regards de gens qui ne savent pas exactement ce que vous faites-là. Ne pas oser dire non pour ne pas déclencher fureur, tonnerre et éclair. Ne pas oser avoir un avis parce qu’il sera très certainement idiot et donc mal accueilli. S’effacer au maximum, vouloir disparaître pour un environnement plus paisible.

Question : en quoi ceci est différent de la situation psychologique d’une femme battue ? Quelqu’un a-t-il seulement pensé que les bourreaux dans les ménages peuvent être créés par l’environnement dans lequel ils ont baignés, qu’ils ne sont pas nés ainsi ?


Je n’ai jamais battu ma nièce. 

Je l’ai frappée une fois, sur la paume des mains, avec une spatule. Elle devait avoir 5 ans. J’aurais pu lui faire comprendre sa faute autrement. Aujourd’hui elle a 7 ans. Pour moi elle est autant un enfant qu’un adulte. Je ne lui impose rien. Une fois je lui ai demandé quand est-ce qu’on pourrait déjeuner ensemble. Elle m’a dit qu’elle était très prise par ses activités, elle me reviendrait. J’ai sursauté. Puis je me suis souvenue que moi aussi, mes déjeuners tournent autour de mon agenda. Alors pourquoi ce serait différent pour elle ?

Je suis celle qu’elle appelle quand elle a des questions « existentielles » à poser. Qui a créé Dieu ? Pourquoi le monde est ainsi fait ? Pourquoi il y a des pauvres et des riches ? Je l’observe et je remarque les choses qui pourraient lui être utiles mais qu’elle n’aime pas ou qu’elle n’arrive pas à faire. Je réfléchis à la manière la plus simple et ludique pour elle d’y arriver, et je lui apprends à appliquer cette méthode sans lui donner une impression d’obligation ou de lourdeur. Tout est simplicité. Tout est volonté.

Je lui achète autant de livres qu’elle demande. Je lui apprends que l’accumulation de biens matériels n’est pas la meilleure façon de vivre. Je ne me limite pas à mon savoir et à mon statut de tante pour lui faire comprendre que ce que je dis est vrai ou vérifié. Je lui apporte des preuves, comme je l’aurais fait si je défendais une thèse. Elle a le droit de douter. J’ai le devoir de lui apprendre au moyen de faits concrets. 

Ma nièce est très indépendante. Elle dit ce qu’elle pense et prend la parole en public. Elle a un style vestimentaire qui lui est propre et sait exactement ce qu’elle n’aime pas. Elle cultive sa personnalité et ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle aime le fait d’être excellente, et elle l’est pour elle même, pour le plaisir que ça lui procure, et non pour monnayer les rares compliments d’un parent ou de l’autre.

Comme nous tous, elle a des défauts. Elle rigole parfois des autres. Sachant la peine que ça fait d’être sujet de moquerie, je lui apprends qu’elle peut s’exprimer autrement.  Blesser l’autre ne la grandit pas, au contraire. Comment se sentirait-elle si elle était à la place de cette personne ?

A 7 ans, ma nièce a les attributs de la personne que je rêvais d’être mais que je n’ai pas osé matérialiser jusqu’à mes 27 ans.  Elle a 20 ans d’avance sur moi. Comment est-ce possible ?

Nous avons appris de notre environnement hostile. Nos parents nous ont élevés selon les méthodes appliquées par leurs parents. Ils n’ont pas mal tourné, et se sont certainement dit que ces méthodes étaient les bonnes. Je tiens à préciser que comme nous, ils ont eu la même pensée que ma sœur : il y a beaucoup de choses qu’ils ont subi de leurs parents qu’ils ne nous ont pas fait subir, car c’était trop cruel à leurs yeux.


Lorsque je préparais ce texte dans ma tête, une discussion m’est revenue, une discussion que j’ai eue avec Françoise et Nadia. A l’époque j’étais prête à me suicider si je me savais enceinte. Les choses ont bien changé depuis.

Nadia nous parlait de sa fille qui avait à l’époque 2 ans. Lorsque sa fille tombait et se faisait mal, pour la consoler la nounou frappait le sol de son pied. Si elle s’était heurtée à quelque chose, la nounou donnait une tape à cette chose en disant à l’enfant qu’elle avait rendu la pareille, donc tout irait bien. 

Je ne voyais pas où était le problème jusqu’à ce que Nadia dise ceci : « Je ne veux pas qu’on apprenne à ma fille que le seul moyen de se sentir bien après avoir eu mal, c’est de faire du mal, même si c’est en représailles. »

Ces gestes qui nous semblent si anodins s’inscrivent différemment dans la tête des enfants. En réalité non. Ils s’inscrivent de la même façon qu’ils se sont inscrits à nous : la violence devient normale. C’est le seul moyen de se faire respecter. C’est le seul moyen d’aller bien ou mieux dans certains cas.

Françoise elle, a  parlé du refus du rejet de l’autre. Il n’y a dans sa maison rien qui soit pour les garçons et rien qui soit pour les filles. Pourquoi ? Pour ne pas apprendre à ses enfants à rejeter les attributs ou les activités prétendument destinés à l’autre sexe. Un garçon peut jouer à la poupée, une fille peut jouer au pompier. Et ils peuvent le faire ensemble. Finies les rages folles du père lorsqu’il voit son fils s’amuser avec une Barbie !

Sommes-nous aujourd’hui trop laxistes, nous qui souhaitons effectuer un changement à 180° et élever nos enfants totalement différemment ? Peut-être. Mais je dois avouer que lorsque je vois l’évolution de ma nièce sur certains points, je me dis que nous ne sommes pas dans l’erreur. N’ayant pas connu la terreur psychologique ou verbale, elle ne sait pas la reproduire. Si elle l’apprend plus tard, elle saura aisément s’en débarrasser car cette terreur ne sera pas ancrée en elle. 

J’ai encore tellement à dire sur le sujet, mais il est temps pour moi d’arrêter d’écrire. Il fait bien trop chaud et tout ce dont j’ai envie c’est m’étendre et dormir. Je vous laisse à vous le soin de poursuivre cette discussion. Partagez en commentaire vos points de vue sur la question. Comme vous le savez déjà, je réponds à absolument tous les commentaires reçus sur le blog.

 

Photo : Reddit


PS : peu de gens le savent, mais il est possible de surligner ou de répondre à des passages d’articles, comme c’est le cas sur Medium. Ce serait bien d’utiliser cette fonctionnalité pour que je sache quelles sont les parties du texte qui ont retenu votre attention. Et puis, il faut bien que mon argent serve à quelque chose puisque j’ai payé pour cette fonctionnalité !


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24 comments
  1. Bonsoir @Befoune

    Récit très édifiant, mais alors très édifiant.

    Nous sommes, plus que nous ne l’imaginons, les produits de notre environnement, et la cellule de base de cet environnement c’est la famille.

    Il y’a effectivement des ajustements à faire, pour ne pas reproduire ce que nous avons reçu et qui aurait pu / pourrait impacter négativement nos actes ou de manière de penser.

    Merci pour ce récit. Elle a de la chance la nièce, d’avoir des parents, et une tante qui (plutôt que de reproduire “ce qui n’a pas marché”, plutôt que de déverser la responsabilité sur l’éducation reçue) font des efforts remarquables pour lui donner une meilleure perspective, un meilleur environnement.

    J’ai la faiblesse de penser que c’est ce à quoi devraient s’atteler tous les adultes.
    Ce récit est si vivant, si pertinent, si édifiant. Votre père me rappelle tant le mien, et en tant que père aujourd’hui, je fais de mon mieux pour créer un meilleur environnement pour ma famille.

    «Nos parents nous ont élevés selon les méthodes appliquées par leurs parents. Ils n’ont pas mal tourné, et se sont certainement dit que ces méthodes étaient les bonnes.» 👌👌👌
    Ce texte est, J’ai envie de dire: Un régal, as usual. MERCI @Befoune

    1. “Votre père me rappelle tant le mien, et en tant que père aujourd’hui, je fais de mon mieux pour créer un meilleur environnement pour ma famille.” Que dire de plus ?

  2. Mon envie de la bastonner était tellement forte que j’ai dû sortir de la maison pour m’assurer de ne pas la toucher. ECette rage que tu décris. Je l’ai ressenti quelquefois depuis que ma fille est née. Dans ces moments-là, je n’ai pas toujours envers elle pris les meilleures décisions. J’ai frappé parfois mais aujourd’hui je fais plus attention. Je lui ai dit “Maman ne tape pas” et même quand elle me pousse à bout, j’exprime ma frustration, je lui dis “tu m’énerves, et tu vas me pousser à te frapper alors que je ne veux pas”. Ca aussi ce n’est pas top, mais le point est de dire, que je suis consciente de ne pas vouloir répéter un cycle de violence et j’essaie de plus en plus de l’exprimer sans agir. De prendre sur moi, et de focus sur l’amour et sur l’éducation différente que je veux donner.

  3. A mon époque, le retour d’un parent ou d’un aîné était source de grand stress. Chez moi aussi, voir la mater rentrer était toujours compliqué. Moi quand je rentre ma fille est comme ta nièce “Bonsoir Maman, tu m’as beaucoup manquée”, just priceless. De même quand elle voit son père, elle joue à cache à cache, tellement elle est contente de le voir.

  4. . Elle m’a dit qu’elle était très prise par ses activités, elle me reviendrait. J’ai sursauté.7 ans. Lol. L’autre ici à trois ans me sort “J’arrive Maman. Attends quelques minutes” sur un air super sérieux sourire.

  5. et elle l’est pour elle même, pour le plaisir que ça lui procure, et non pour monnayer les rares compliments d’un parent ou de l’autre.Malgré l”exigence de mes parents, tout mon cursus scolaire n’a été que le fait de ma volonté. J’aimais l’école et j’aimais être au top, tout simplement parce que je trouvais ça facile. Je me demande parfois, à quel moment j’ai pu perdre cette légèreté lol.

  6. « en quoi ceci est différent de la situation psychologique d’une femme battue ? Quelqu’un a-t-il seulement pensé que les bourreaux dans les ménages peuvent être créés par l’environnement dans lequel ils ont baignés, qu’ils ne sont pas nés ainsi » J’ai beaucoup aimé ce passage. Les violences dans les ménages ont pour cellules de base les familles. Très bon raisonnement

  7. Moi j’ai eu la chance d’être élevée par un papa assez spéciale, oui aujourd’hui j’arrive à voir ça comme une chance car suis passée au dessus de tellement de chose..je me rappelle il me terrorisait aussi et à un point, pourtant il ne m’a jamais frappée moi, C’est fou comment mn coeur battait la chamade rien que quand il prononçait mn nom lol..la panique, oh mn dieux qu’ai-je encore fait, es-ce que j’ai laissé traîner quelques chose derrière moi, comment dois-je lui répondre !? oui M. tenait à ce que je 🏃 vers lui avec le sourire et pleine d’enthousiasme pour servir sa majesté.. il était dure, arrogant et jamais satisfait !! Je me rappelle un soir il était là a se plaindre de nous ( moi et mes deux sœur ) et il nous à dis ” vos maris ont intérêt a être riche ” genre ont étaient trop gâtées et pourtant cette nuit ont avaient mm pas l’électricité, ont étaient assise au tour de deux bougies pour apprendre nos leçon, l’ironie quoi ! ma grande soeur( paix a son âme) nous à dis cette nuit ” vous en faites pas les filles, apprenez bien vos leçons, un jour ont sera nous même riches et ont aura besoins d’aucun mari riche ” et moi qui lui disait wly plutard j vais gagné 100mille/mois haha à l’époque c’était bcp pr moi 100mille ! suis arrivée a un moment où je me contentait juste d’être la petite fille modèle et je ne réclamait rien..bref je finis par comprendre avec le temps que ça servait a rien d’être la fille modèle, que l’amour ça se mendie pas, ça se force pas et l’indépendance financière est devenue tellement importante a mes yeux et j’ai cette phobie d’être un jour a nouveau dépendante de quelqu’un lol !

  8. Non, plus maintenant, comme je le disais suis passée au dessus de tellement de chose ! Enfaite il n’est plus depuis 2013 et j’avoue que deux ans après son départ j’arrivais toujours pas à lui pardonné. Non seulement il est parti d’une manière si brutale, ma maman et ma grande soeur l’ont tellement mal vécue et c’était difficile de joindre les deux bout après, il disait toujours qu’il était nôtre seul espoir et ça me faisait peur et s’il avait raison, peut être qu’on va jms s’en sortir enfaite car pour dire vrai ont étaient tous reposés que sur lui, pas seulement que financièrement mais même pour tes choix de vie il devait intervenir et ça doit être comme ça point car il l’a décidé ! C’était comme s’il nous avaient conditionné à ça enfaite et il n’était plus. Heureusement que ça été juste une mauvaise passe et tout va bien à présent par la grâce de dieux et j’ai arrêtée de me dire que j’aurais pu être une autre personne s’il avait été différent et là franchement j’ai plus d’excuse, je me dis aussi qu’il à été le meilleur qu’il puisse être pour nous et j’espère qu’il repose en paix !

    1. “j’ai plus d’excuse, je me dis aussi qu’il à été le meilleur qu’il puisse être pour nous et j’espère qu’il repose en paix”

      J’aime beaucoup cette partie. Elle révèle un esprit très, très apaisé.

  9. Bonsoir, bel ecrits et j’ai devoré cette article avec mon petit frère qui eventually like your message, he says that he likes writing autors that talks about themselves. So, nous nous sommes tous deux retrouver dans cette article qui nous a permit d’avoir une reflexion et discussion sur notre condition actuel. Thanks much!

  10. bonjour à vous,
    Ce article me parle tellement alors que je ecoutais un de vos podcasts. j’ai immediatement cliquer sur l’article . je ne croyais pas que les maux de l’enfance m’affecterais aujourd’hui où je lis ce article. je m’apprete depuis 3 mois maintenant à parler a mes parents, mes oncles de tous ses maux qui ont refaire surface. je me disais chaque fois que ca passer et oubliais un jour mais j’ai jamais oublier. en verite mes maux sont en moi car je n’ai jamais ete celle que je voulais, j’avais cette peur d’appeler a ma Maman car pour elle un enfant n’avais pas d’avis.
    j’ai cru que fermer cette partie de ma vie m’aidera a m’appaiser mais je ne suis pas appaiser, j’ai toujours ce mal être en moi .
    aujourd’hui j’suis prete a me libere pour aller mieux et commencer cette nouvelle vie.
    je veux etre apaiser et pour ca je dois parler.

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