J’écris depuis de nombreuses années.
Personal Growth
La révolution est en marche : Befoune parle de relations amoureuses !
Je déroge à une règle de base sur ce blog : on ne parle pas amour, foi ou famille.
Pourtant aujourd’hui j’ai envie de graver dans la pierre les leçons apprises durant mon parcours du combattant, c’est-à-dire entre 20 et 30 ans. Je ne suis pas une as des relations amoureuses et je pense qu’il est très risqué de donner des conseils dans ce domaine, raison pour laquelle je la ferme généralement. Comme ma mère le dit souvent, le cœur n’est pas le foie.
Mais ne digressons pas (du moins, pas encore !).
Je raconterai certainement dans ce texte des histoires privées, mais étant donné que c’est l’usage sur ce blog, personne ne sera étonné ou outré. Rien n’est prévu, donc ça ira certainement dans tous les sens. Pour que vous ne vous ennuyiez pas trop durant la lecture, je la diviserai en parties. Lesquelles ? Je ne sais pas. Je vous l’ai dit, rien n’est prévu.
Très franchement je ne suis pas la personne dont l’expérience amoureuse est très reluisante. Je suis allée de désastre en désastre. J’ai choisi de parler de cet intervalle de temps parce qu’autant je me suis ramassée à la petite cuiller, autant j’ai appris. J’ai emmagasiné des leçons au point de décider à un moment de m’offrir des années sabbatiques (4 pour être précise), histoire de me remettre de mes émotions.
J’ai assez tourné autour du pot : allons-y !
1- Toujours croire en ce qu’un mec dit de lui au tout début de la relation.
Le rêve qui se cristallise autour de la croyance selon laquelle « Je suis la bonne, il changera avec le temps, je l’emmènerai à changer » n’est rien d’autre que de la merde. Les mecs, qu’ils aient 20 ou 30 ans, savent exactement pourquoi ils vont vers une meuf. Ils savent exactement ce qu’ils recherchent dès le jour 1. Qu’ils le disent par des mots ou par des actes, ils trouvent toujours le moyen de faire passer leur message.
Je me suis retrouvée dans une relation tordue pendant 5 ans (ou plus ?) au point d’en ressortir traumatisée (oui oui, un mec m’a traumatisée, et pas qu’un seul !) parce que je me suis dit dès le départ que j’arriverai à faire changer le gars. J’avais 20 ans et je voulais vraiment y croire. Pourtant dès le départ, avant que les hostilités ne soient lancées, il m’a dit très clairement (tant par ses mots et ses actes) qu’il sait être beau et il en profite.
J’ai tout fait mes amis. Tout. J’étais présente, à l’écoute, disponible, ne m’énervant jamais pour ne pas le fâcher… mais… quand l’heure de voir ailleurs sonnait, il allait voir ailleurs. Oui Oui. Au calme. Sans pression.
Durant toutes les années où cette folie a duré, le comportement de ce monsieur n’a jamais changé. Pas une fois. Il s’est tenu à ses dires et à son comportement de départ. J’étais reine quand j’étais dans les parages, mais j’étais vite oubliée une fois le dos tourné. J’ai été une parmi tant d’autres, au point où aujourd’hui je ne sais si nous avons vraiment été ensemble ou si je me suis fait un film auquel je voulais croire. Je pense que la seconde option est celle qui s’applique ici.
2- Le ton de la relation est donné dès le premier jour.
Très souvent, on se dit que pour sécuriser un mec on acceptera ses caprices les premiers mois, puis on le mettra sur le droit chemin. J’ai fait ça. Ça ne marche pas. Jamais. Jamais jamais. Tout ce qui est offert le premier jour est pris pour acquis le deuxième, et ainsi de suite.
J’ai remarqué que lorsque je me laissais marcher dessus au départ, le mec semblait désorienté quand je remettais les points sur les i, c’est-à-dire une fois que je l’estimais sécurisé. Le plus beau est qu’il se barrait tout simplement parce que ce que je lui offrais au départ est ce pourquoi il avait signé. Il était hors de question pour lui d’être avec une meuf différente après quelques mois.
Avec du recul aujourd’hui je réalise que cette stratégie était vraiment conne. L’impossible était demandé au mec. Je n’aurais pas aimé me mettre avec une personne charmante, attentionnée, limite passive, apprécier cette relation parce qu’elle m’offrait une paix qui me permettait de vaquer à d’autres occupations, puis me retrouver du jour au lendemain en face d’une personne exigeante et rigoureuse. Ce n’est plus la même relation. J’étais bien avec ce que j’avais et je ne veux pas ce qu’on m’offre aujourd’hui sans aucune transition. Alors oui, comme ce mec, je me serais barrée moi aussi !
3- Si une infidélité est pardonnée, toutes les autres doivent l’être aussi.
Cette partie est très délicate. Je vous prie de tenir compte du fait que je ne parle ici que de mon expérience personnelle.
J’ai été une personne trompée. Plus d’une fois. Parfois par le même mec. Oui, ça m’est arrivé.
Tout se joue au niveau de la première infidélité. Si elle est pardonnée, quel que soit le volume du scandale fait, alors le mec comprendra que ce n’est pas si grave. La seule chose qu’il fera l’effort d’éviter c’est un nouveau scandale : soit il saura mieux se cacher, soit il saura mieux se défendre. Ça ne va pas plus loin que ça.
Je ne me souviens plus de la première infidélité que j’ai pardonnée dans cette relation traumatisante dont j’ai parlé au départ. Tout ce que je sais est que je n’ai pas fait de scandale, car je déteste les scandales, les cris et tout ce qui va avec. J’ai toujours été très posée dans ces cas-là. Le mec doit l’avoir pris pour un assentiment parce que ça ne s’est jamais arrêté. De mon côté j’ai cru qu’il comprendrait suite à la douleur exprimée les dégâts faits et qu’il se reprendrait. Ça n’a pas été le cas, mais nous y reviendrons.
Je lui ai trouvé toutes les excuses possibles. Il est jeune. Il ne sait pas exactement ce qu’il fait. Il a besoin de vivre des folies pour se poser plus tard. Trop de meufs lui courent après. Il s’assagira. Tout ira bien, ce n’est que passager. Jusqu’au dernier jour j’ai été trompée, et chaque fois qu’il revenait vers moi après une énième rupture, il avait 2 ou 3 autres dossiers au chaud, ce que je n’apprenais que plus tard. Étais-je surprise ? Non en vérité. Je m’y étais en quelque sorte habituée au final.
Je vous l’ai dit, il faut toujours croire ce qui est dit ou fait dès les premiers jours parce que ça ne changera jamais.
4- Il faut éviter de croire savoir mieux que l’autre ce dont il a besoin
Je viens de vous parler des excuses que je trouvais à l’autre chaque fois qu’il me faisait du mal. J’ai compris avec l’âge et l’expérience qu’il savait exactement ce qu’il faisait ou ce qu’il voulait. A ses propres yeux son comportement n’était pas à excuser. Il vivait sa vie, tout simplement.
J’ai appris à cesser de penser pour les autres et à accepter qu’ils sont maîtres de leurs actions en tout temps. J’ai également appris que personne ne lira en moi pour m’offrir ce dont je pense avoir besoin. Je vous l’ai dit dans le point précédent, je pensais à tort que la simple expression de ma douleur ferait comprendre à la personne en face que son attitude était pénible pour moi.
On comprend ce qu’on dit, pas ce qu’on croit nous montrer, car chaque message non verbal est décrypté selon les sensibilités. Ces mecs qui m’ont trompée n’ont jamais entendu la moindre plainte de ma part, du moins pas comme il le fallait, alors ils ont conclu que même si ça faisait mal, ils avaient en quelque sorte mon aval.
Ils n’ont pas su ce dont j’avais besoin, tout comme malgré toutes les excuses que je pouvais trouver, je ne savais pas que ce dont ils avaient besoin au final c’était d’une espèce de harem pour se valoriser, tout simplement.
Penser pour les autres et espérer qu’ils feront pareil pour nous est pure idiotie. Il est préférable de parler clairement, et surtout d’accepter sans se mentir ce que nous dit ou fait comprendre l’autre de lui-même.
5- Les amis de mon mec ne sont pas mes amis. La famille de mon mec n’est pas ma famille.
Vous savez, ce rêve qu’on avait plus jeune de fusionner notre groupe d’amis avec celui de notre mec, de nous sentir chez nous quand on va chez lui et tout ce qui va avec ? Je l’ai rêvé moi aussi. A mes dépends.
Pour bien expliquer cette partie je vais y aller à l’envers. Vous êtes prêts ?
Quelle qu’ait été l’époque à laquelle j’ai vécu, mes groupes d’amis ont toujours été des groupes soudés, des die hard comme on dirait en anglais. Quand j’étais plus jeune j’étais prête à mentir pour mes copines, ou même à m’exposer moi pour les sortir d’une situation fâcheuse. Parfois quand leurs mecs (avec qui je m’entendais très bien) venaient vers mois avec des plaintes, je les écoutais religieusement, les rassurait du fait que mes copines n’étaient pas des briseuses de cœur, je leur disais qu’ils pouvaient avoir toute confiance. Même si je savais l’amie pas très fiable.
Le plus beau était le moment du débriefing. Je rapportais tout à ma copine pas dans la logique de lui demander de se comporter différemment, mais plutôt en mode kongossa. Et on se marrait à en pleurer ! Et si jamais la relation avec le mec se terminait, je l’effaçais de ma vie. Il n’était pas mon ami à proprement parler, il était le mec de ma copine. C’est tout.
Le plus bête est que dans mes jeunes années je n’ai jamais pris le temps de mener cette réflexion à sens inverse. Je dois avouer que je n’avais pas la maturité pour le faire non plus. Je me laissais prendre au piège des amis supposés être bienveillants, je les croyais quand ils me disaient être prêts à se jeter sous un bus plutôt que de laisser leur ami me faire du mal.
Cette époque est révolue.
Tout ce que j’ai dit vaut pour la famille également.
6- Une relation se vit à 2.
J’ai parlé précédemment de la famille et des amis du camp d’en face. J’aimerai à présent parler de ceux dans mon camp.
Quand j’étais plus jeune, nous nous faisions un devoir de nous tenir informées de l’évolution des relations amoureuses de nos amies, au point de nous sentir froissées lorsqu’un détail était omis. Nous discutions ensemble des problèmes rencontrés et chacune y allait de ses conseils (très peu avisés, il faut l’avouer).
En réalité nous nous faisions plus de mal que de bien. Parfois la décision unanime était « Il faut le quitter, ce n’est pas un bon gars », sans tenir compte de ce que le couple vivait réellement dans son intimité. Je dis réellement parce qu’une intimité ne peut pas toujours se partager avec des mots. Lorsque l’amie ne nous écoutait pas alors que nous savions toutes que le mec lui avait fait du mal, on adoptait un comportement froid envers le mec, ce qui blessait encore plus notre amie. Je l’ai moi aussi vécu, donc je sais de quoi je parle.
Lorsque vous parlez de votre mec, attendez-vous à ce qu’il soit jugé. De la même manière, ne vous attendez pas à ce que les événements que vous pardonnez vous soient pardonnés par l’entourage. Ce fait peut entraîner des situations très, très désagréables pour vous.
J’ai pris le temps d’observer un phénomène : le dialogue dans le couple. Très souvent, lorsque l’un des 2 partenaires rencontre une difficulté dans sa relation, il se tourne vers ses amis. Ils en discutent tous ensemble et le partenaire (femme ou homme) rentre chez lui la tête pleine de conclusions avec un plan d’action qu’il applique. Le fait d’avoir parlé de son problème le soulage et il pense que tout ira bien. Sauf que le plan d’action à dérouler n’implique pas l’autre partie. Il n’est question que d’un partenaire, de ce qu’il pense et de ce que pensent ses amis. L’autre ne fait pas partie de l’équation et souffrira des conséquences. Si les 2 agissent de la même manière, leur relation ne sera que conclusions basées sur des spéculations venues d’ailleurs.
Aujourd’hui mon approche est totalement différente.
Je suis la seule à savoir ce que je veux vraiment et quelles sont les véritables raisons pour lesquelles je suis avec telle ou telle personne. Dévoiler sa vie en pensant parler de notre vie c’est exposer l’autre inutilement. Je ne sais jamais vraiment sous quel prisme ce que je dis est analysé, alors je ne dis rien. Si j’ai un différend avec mon mec, je ne me tourne pas vers une copine, je me tourne vers lui. Je ne suis pas relation avec ma copine, mais avec lui.
Je ne parle pas de mes relations avec mes amies et je ne pose pas de questions sur les leurs. Ça c’était avant. Aujourd’hui j’ai des amies super proches dont je ne connais absolument pas le statut amoureux et ça ne me pose aucun problème. Il n’y a que 3 personnes vers qui je me tourne quand j’ai vraiment besoin d’être giflée, et je ne le fais qu’après avoir discuté longuement avec la personne avec qui je suis. Personne de l’extérieur n’a le droit d’avoir plus d’informations que lui sur ce que je pense de lui, de nous ou de ce qu’on vit.
De la même manière, je reste disponible pour mes amies sans jamais chercher à entrer dans les détails quand elles viennent vers moi. Je les écoute, je les console, mais je ne donne plus de conseils tranchés. Je suis de ceux qui pensent que chacun sait au fond de lui ce qu’il veut. Venir vers moi ne veut pas dire me passer le volant. Ça peut venir d’une envie de discuter pour s’éclaircir les idées. Je ne fais jamais de follow up après une telle discussion. Ce n’est pas Keep Up With My Friend’s Love Life. Le besoin était ponctuel. Une fois qu’il est passé on passe à autre chose. Je n’attends pas qu’on fasse de même avec moi. Je l’exige. Tout simplement.
Une relation ne peut se vivre à plusieurs car à la fin de la journée vous êtes 2 dans la maison. Seuls ces 2 là comptent.
7- Avoir peur que l’autre s’en aille c’est courir vers sa propre perte.
Tour sentiment de peur dans une relation mène à des actions regrettables et irrationnelles. J’ai accepté l’inacceptable, j’ai pardonné l’impardonnable et j’ai vécu l’invivable parce que j’avais peur que l’autre s’en aille.
Je vous l’ai déjà dit, j’avais un sérieux complexe d’infériorité plus jeune, alors je considérais parfois le fait d’avoir été celle choisie comme une opportunité à ne pas laisser passer. J’ai fait des choses regrettables, ce qui n’a fait qu’aggraver mon complexe d’infériorité.
Je me souviens à l’époque, j’avais un mec qui me trompait avec un type spécifique de meuf : maquillée à outrance, faux cheveux jusque dans le bas du dos, faux ongles, faux cils, tenues osées. C’était généralement des meufs connues parce qu’elles appartenaient à des cercles de fêtards. J’étais leur total opposé. Je ne me maquillais pas, j’ai toujours eu horreur de tout ce qui est faux, et je ne sortais que rarement.
J’ai réussi par je ne sais quelle gymnastique psychologique à me dire que s’il préférait ce genre de personnes, alors elles étaient ce qu’il y avait de mieux, ce vers quoi il fallait tendre. Je me trouvais affreuse. Je n’étais pas assez… comme elles. Alors à un moment j’ai essayé de l’être. Je me suis affublée de tous ces faux trucs (sauf les cils par la grâce du Ciel) et je fréquentais des endroits bizarres pour être dans le coup. Sauf que je me sentais encore plus mal parce que je n’étais pas à l’aise, ce qui me faisait me sentir bien plus mal parce que j’avais l’impression de ne pas y arriver, de ne pas arriver à être une meuf… potable.
Des années après j’ai demandé à ce mec pourquoi il avait été avec moi alors que j’étais l’antithèse de ce qu’il semblait désirer. « Tu lisais et ça me fascinait. Je n’avais jamais rencontré une personne qui lit autant, une personne informée sur autant de sujets. Je savais que tu n’avais pas conscience de cette richesse, mais je savais également qu’elle te serait précieuse un jour. »
J’ai failli péter un câble. Et moi qui m’étais fatiguée à me foutre les chevilles en l’air à cause de chaussures à hauts talons que je n’aimais même pas !
Aujourd’hui je ne suis prête à jouer aucun rôle. Je n’en ai ni la force, ni l’envie. Je ne peux être rien de plus que qui je suis dans mon entièreté. La seule chose que je peux promettre c’est de m’efforcer à toujours être une personne meilleure. Si la personne en face a besoin de longs cheveux, ça existe, sauf que ce ne sera pas sur ma tête. Qu’elle aille donc se chercher ailleurs. Je suis prête à la laisser partir pour qu’elle trouve ce qu’elle pense être mieux pour elle.
Mais ça ne s’est pas fait en un jour.
8- Je dois me connaitre moi, dans toute ma profondeur, avant d’ouvrir la porte à qui que ce soit.
Je vous l’ai dit plus haut, je me suis accordé 4 années sabbatiques à un moment de ma vie. Je devais avoir 27 ou 28 ans quand j’ai décidé de le faire. J’ai été influencée par la YouTubeuse Shameless Maya qui prônait le célibat pour se retrouver et se concentrer sur l’essentiel, méthode qu’elle a appliqué après son divorce d’un mariage dysfonctionnel. Influencée c’est beaucoup dire. J’avais besoin de réponse aux questions que je me posais et elle me les a données dans des vidéos, mais aussi à travers ses publications sur les réseaux sociaux.
L’écouter elle ainsi que Myleik Teele m’a permis de comprendre une chose simple. Je me définissais à travers le regard de l’autre. Je n’étais une personne bien que lorsque l’autre me disait que je l’étais, et pour qu’il le fasse je me pliais volontairement à chacun de ses caprices.
Ce que je trouvais curieux était que toutes mes relations semblaient être calquées sur le même modèle. Le mec était différent mais je vivais les mêmes merdes. Dans un de ses podcasts Myleik a dit ceci : on attire que ce dont on a besoin, que ce soit positif ou négatif. J’avais besoin de validation, alors je n’allais que vers des gens qui me la donneraient, sauf que ce type de personne ne vous la donne que lorsque vous êtes un gentil petit toutou.
J’ai remis en question mon attitude face aux relations amoureuses, ce qui m’a poussée à remettre en question ma personne toute entière. La question de base était mais qu’est-ce qui me manque autant pour que je me laisse marcher dessus à ce point ? La réponse était très simple : de la valeur à mes propres yeux. C’est parce que je n’avais aucune valeur à mes propres yeux que je me laissais traiter de la sorte, espérant qu’au bout du tunnel on me dirait tu es une fille bien, je veux être avec toi.
Le travail à abattre était grand. Je ne savais pas combien de temps ça prendrait. Ce que je savais par contre était que je ne pouvais être dans une relation pendant ce processus. Il n’était pas possible de guérir du virus en se l’injectant tous les matins. Il a fallu que je me pose de vraies questions et ça n’a pas été facile. J’étais une véritable serpillière, le point de départ était plus bas que terre.
J’ai dû me prendre en main, apprendre à me donner ce dont j’ai besoin, apprendre à définir mon cadre d’évolution, apprendre à choisir toute seule ce qui est bon ou mauvais pour moi… Le plus difficile a été d’apprendre à définir des limites. Il faut puiser beaucoup de force en soi pour dire son premier Non. Il faut encore plus de force pour le dire fréquemment, jusqu’à ce que ça devienne une habitude.
J’ai vécu 4 ans sans aucune relation, flirt ou ambiguïté. Rien. Moi face à moi, tout simplement. J’ai pris le temps de lancer le chantier et le terminer. J’ai également pris le temps de faire des choses que j’aime sans me soucier du regard ou de l’assentiment de qui que ce soit. J’ai accompli des choses intéressantes. J’ai surtout appris que personne ne m’aimera plus que je ne peux m’aimer, et l’amour que je me porte est suffisant. Le reste n’est que bonus, et la vérité est qu’on peut vivre sans bonus.
Dans mes relations amoureuses, la porte est à présent toujours ouverte pour que l’autre puisse se barrer une fois que ça ne l’arrange plus. Je ne serai jamais une peste dans une relation amoureuse, mais je ne ferai rien non plus pour retenir qui que ce soit. Je peux ne pas être assez pour l’autre, et si c’est le cas, il doit pouvoir en toute liberté aller chercher mieux. Je ne peux pas être assez pour tout le monde, je ne peux plaire à tous les mecs, tout comme ils ne peuvent tous me plaire. Je l’accepte sans me dire comme avant que je suis indigne de quoi que ce soit.
9- Dans une relation amoureuse je ne suis pas concernée par tout.
Je l’ai appris durant les 4 années de pause. Je ne suis pas responsable du bonheur ou du bien-être de l’autre, et il n’est pas responsable du mien. Il définira ce qui le rend heureux, comme je l’ai fait, et je l’accompagnerai sur cette voie tout comme il m’accompagne sur la mienne.
A l’époque je faisais des problèmes des mecs les miens. Je les déchargeais totalement de ce poids, pensant que c’était mon rôle. Ils ne faisaient pas pareil, ce que je comprends aujourd’hui : chacun définit son rôle. Ils ne m’avaient forcée à rien. Je me suis ajoutée des poids par choix, bien que je ne le comprenais pas de cette façon.
Aujourd’hui je sais parfaitement quand je peux (et non dois) intervenir, et quand je ferais mieux de la fermer. Par intervenir je veux dire donner mon avis ou offrir une ouverture si j’en ai une à ma portée. Je ne parle pas de régler les problèmes de l’autre. De la même manière, je ne m’attends pas à ce qu’il règle les miens. Je les ai toujours réglés toute seule de toute façon. Je peux avoir besoin d’éclaircissements, mais je ne considérerais jamais l’autre comme étant impliqué dans mes difficultés ou devant en faire une charge personnelle. Elles sont miennes, je les gère, et j’attends un comportement similaire de l’autre partie.
Etre ensemble pour moi ne signifie pas ou plus ne faire qu’un. Non. Ça signifie participer au bonheur de l’autre, pas le créer. Ça signifie apprécier la compagnie de l’autre, sans se dire qu’on ne peut vivre sans. Ça signifie n’accepter aucun poids ingérable sur ses épaules, et n’en mettre aucun sur les épaules de l’autre. Ça signifie se respecter, s’apprécier, se parler, être là pour l’autre dans la mesure des besoins et de la place que le partenaire (femme ou homme) nous offre dans sa vie, place qui ne doit pas être source de stress pour nous. Ça signifie également garder à l’esprit que cette personne s’est mise avec nous pour qui nous sommes, et non pour qui elle voudrait qu’on soit ou pour qui on pense qu’elle veut qu’on soit.
10- Et donc après 30 ans, où en sommes nous ?
Lorsqu’on me demande quel effet ça me fait d’être avec le papa du petit humain, ma réponse est toujours la même : c’est exactement comme être célibataire.
Ça peut sembler curieux n’est-ce pas ? Pourtant ça ne l’est pas si vous avez lu attentivement ce que j’ai écrit. Une relation ne doit pas être un poids pour moi et je ne dois pas en faire un poids pour l’autre. Tout doit être naturel, et tout l’est lorsque dès le départ et tout au long du cheminement ensemble les vérités sont dites. Le fait de dire exactement ce que je pense et de vivre la même expérience de son côté rend la vie tellement plus facile !
Je ne peux malheureusement m’étendre davantage sur ce que nous vivons, mais je dirai ceci : si nous en sommes là c’est parce que chacun de son côté avait défini clairement ce qu’il voulait et ce qu’il rejetait dans sa vie premièrement, puis dans une relation, et ce avant même que nous ne nous connaissions. Nous n’avons rien eu à définir par rapport à l’autre : soit tu corresponds à ce que je veux, soit tu ne corresponds pas et je continue ma vie en attendant de tomber sur quelqu’un en accord avec ce que j’offre et ce que j’attends.
Il y a une chose dont je n’ai pas parlé dans l’article, et j’aurais dû : un partenaire ne doit pas être choisi parce que l’entourage le trouvera cool. A la fin de la journée il ne passe pas ses nuits avec ces gens, mais avec moi. De la même manière, personne ne doit m’être imposé parce que son swag est apprécié. Rien à foutre de vos avis. Mes attentes passent avant absolument tout.
Pour conclure, je vous parlerai d’une vidéo qui m’a fait comprendre beaucoup de choses sur les relations de couple. Il s’agit d’un discours de Louis Farrakhan (mentor de Malcolm X) sur divers sujets, dont le science of mating. En substance, il dit ceci : on ne se met pas avec une personne parce qu’elle est belle. On se met avec un plan de vie qui correspond au nôtre ou qui enrichit le nôtre. Qu’il s’agisse d’intellect, de finances ou d’enfants, tout doit s’inscrire dans un projet défini par une vision à long terme de la destination qu’on se fixe tant individuellement qu’ensemble.
En gros ? L’union n’a rien à voir avec le swag. Elle a par contre tout à voir avec un plan de vie bénéfique aux 2 parties et à leurs enfants, et cette façon de voir les choses doit être enseignée à ces derniers afin qu’ils ne se focalisent pas sur des futilités ou qu’ils ne soient pas contraints par des limites personnelles, comme ça a été le cas pour moi pendant des années (complexe d’infériorité et besoin de validation).
Vous me demanderez certainement et l’amour dans tout ceci ? Je vous dirais qu’il est difficile de ne pas aimer un plan qui s’accorde au nôtre si on sait vraiment ce qu’on veut pour soi-même.
La vidéo est disponible ici, exactement à l’endroit qui nous intéresse, raison pour laquelle elle démarre à la 7e minute (sur 10).
Photo : Burst
PS : peu de gens le savent, mais il est possible de surligner des passages des articles, comme c’est le cas sur Medium. Ce serait bien d’utiliser cette fonctionnalité pour que je sache quelles sont les parties du texte qui ont retenu votre attention. Et puis, il faut bien que mon argent serve à quelque chose puisque j’ai payé pour cette fonctionnalité !
Digressions n’a aucun compte sur les réseaux sociaux, une situation qui n’est pas près de changer. Pour vous tenir informés des activités ici, abonnez-vous au blog, tout simplement.
Je suis disponible par mail à l’adresse mesdigressions@gmail.com et sur Instagram à @c_befoune.
Comment est-ce que je veux qu’on se souvienne de moi une fois que je serai morte ?
Ca n’a absolument aucune importance.
Je ne peux pas gérer les situations auxquelles je dois faire face sur terre, et gérer en même temps celles qui surviendront éventuellement une fois que je serai sous terre. C’est tout simplement impossible.
J’ai perdu ma grand-mère aujourd’hui. Ou plutôt hier, étant donné que le texte sera publié demain. Je ne peux le publier ce soir. Demain matin je me rendrai certainement compte qu’il y a des choses que je n’ai pas envie de partager, alors je les effacerai. Oui, ça arrive parfois, on ne peut pas toujours tout dire.
Je n’ai jamais été proche de ma grand-mère. Je peux compter le nombre de fois que je l’ai vue, ce qui signifie que ça ne va pas au-delà de 35. Ce n’était pas une femme très commode. Elle était particulièrement querelleuse, et ne se laissait faire sous aucun prétexte.
Ma mère ne savait comment m’annoncer son décès. Elle pensait que j’allais m’effondrer. La vérité est que j’ai ri quand elle me l’a dit. Et j’ai lancé un “Nooooooon” d’étonnement. Ma réaction renvoie directement à ma question de départ : “Comment est-ce que je veux qu’on se souvienne de moi une fois que je serai morte ?” Qu’est-ce que je retiens de ma grand-mère ?
J’en ai voulu à mes parents toute ma vie de m’avoir donné le nom de quelqu’un d’autre. J’ai toujours trouvé qu’ils ne s’étaient pas donnés beaucoup de peine. J’aurais préféré qu’ils se concertent et me trouvent tous les deux un nom, plutôt que de plaquer celui, et même ceux de quelqu’un d’autre sur mon acte de naissance. Anne Marie C. Et même M. Et rien de tout ça n’était à moi. C’était à ma grand-mère.
Ces noms que je n’ai jamais vraiment appréciés que très tard, elle les portait fièrement et interdisait à toute personne, elle comprise, de parler d’elle en utilisant “certains” de ses prénoms. C’était Anne Marie C. Ou quand elle était très fâchée, Anna M. “Moi Anna M., on ne me traite pas de cette façon !” C’est comme ça que ma mère m’appelle. Anna M.
Je me souviens, quand on était enfants, ma sœur avait un caractère exécrable, et ma mère se demandait parfois si ce n’était pas elle qui aurait dû s’appeler Anne Marie C. Et même M., ce M que seuls les gens vraiment, mais alors vraiment proches de moi utilisent. Au fil des ans il s’est avéré que non. J’avais été bien nommée. Bien que je ne l’accepte que ce soir, alors que ma grand-mère est déjà partie.
J’ai ri lorsque le décès de ma grand-mère m’a été annoncé. Parce que la première chose qui m’est venue à l’esprit c’est sa copine et elle démontant le comptoir d’un bar à mains nues parce que le barman avait manqué de respect à ma grand-mère. “Moi, Anne Marie C., on ne me parle pas comme ça !!!”
Mon père avait trouvé cette situation honteuse. Les gens autour se délectaient du spectacle. Et moi je regardais, effarée. Comment chacune de ces personnes se souvient-elle de cette scène aujourd’hui ? Ma grand-mère n’a aucune influence dessus. Qui sait ? Victor Hugo ne voulait peut-être pas qu’on se souvienne de lui comme de celui qui a écrit Le dernier jour d’un condamné. Jacques Prévert détestait peut-être son poème Le désespoir est assis sur un banc. Mais ce sont les premières choses qui me viennent à l’esprit quand j’entends leur nom ou quand je pense à eux. Oui, je pense parfois à Jacques Prévert. Mais ça, c’est une toute autre histoire.
Je me souviens aujourd’hui de cet accès de colère de ma grand-mère avec beaucoup de fierté. On ne lui marchait pas sur les pieds. Personne. Pas même son mari, et aucun de ses 14 enfants. Elle était pourtant fille unique. Son mari aussi. Je me suis toujours demandée s’ils voulaient se venger de la vie en faisant autant d’enfants. Je ne le saurai jamais, les deux ne sont plus.
Tous les souvenirs que j’ai de ma grand-mère me font rire. Elle criait sur quelqu’un dans la moitié d’entre eux, et elle me regardait en se demandant quelle mesquinerie elle allait me faire subir dans l’autre. Ma grand-mère était spéciale. Je me souviens une fois, je me suis installée pas loin de chez elle pour quelques mois. Je ne suis pas allée la voir, je pensais qu’elle n’en aurait eu aucune envie de toute façon. Un jour son gardien a débarqué avec un message. “Ta grand-mère te fait dire que quelle qu’ait été la faute qu’elle a commise, elle demande pardon.”
Je n’ai pas attendu la fin du message. J’ai sauté sur une moto et je suis allée immédiatement demander pardon. Le message était clair. Comme on dit chez moi, “j’étais morte en guerre”. Elle m’a accueillie avec un sourire narquois. “Donc tu es à Yaoundé ?” Une femme qui venait de me faire parvenir une menace à peine voilée ! Je me suis immédiatement confondue en excuses, prête à pleurer s’il le fallait pour qu’elle oublie ce qu’elle considérait comme un affront.
C’est cet effet que faisait ma grand-mère à tout le monde. Il ne fallait pas la contrarier. Encore moins l’énerver. Ses frasques seront racontées encore longtemps, chacune plus étonnante que les autres.
Je rirai encore longtemps en pensant à ma grand-mère. La dame ne faisait rien de conventionnel. Elle s’était achetée un pick up, et exigeait de voyager dans un fauteuil en rotin à l’arrière, dans la benne couverte d’une bâche. Qui fait ça ? Comment pleurer lorsqu’on y pense ? Une vieille dame traversant tout Yaoundé dans un fauteuil en rotin à l’arrière d’un pick up ?
Voilà comment je me souviens d’elle. La dernière fois que je l’ai vue, elle m’a toisée en me disant que non seulement je venais chez elle sans prévenir, mais en plus je venais à une heure tardive ! Si j’étais venue plus tôt j’aurais pu lui faire les ongles et les cheveux ! C’était l’année dernière.
Je ne crois pas qu’elle ait pensé à moi sur son lit de mort, encore moins à la manière dont je me serais souvenue d’elle. Elle avait certainement d’autres chats à fouetter, et des arrière-petits-enfants à embrasser. Je ne pense pas, vu la relation distante que nous avions, qu’elle aurait pu imaginer que j’ai des souvenirs d’elle. Elle a dû oublier son vacarme ce soir-là, dans ce bar-là. Pourtant je m’en souviens, moi, le cœur rempli d’orgueil. J’ai eu une grand-mère atypique !
Alors non, la manière dont on se souviendra de moi quand je mourrai n’a pas d’importance pour moi, car je n’ai et n’aurai absolument aucune influence sur les souvenirs des gens. Ce dont j’ai été fière fera peut-être la tristesse de ceux qui me sont chers. Ce que j’ai détesté fera peut-être leur orgueil. Ce que j’ai délaissé sera peut-être leur héritage. Ce à que je me suis accrochée n’aura peut-être aucune valeur pour eux.
Une chose est sûre, ils se souviendront de mon nom. Anne Marie C. ; Anna M. Ce que la majorité ne saura sans doute pas, c’est que ce nom n’a jamais vraiment été le mien. Il a appartenu à une femme bien plus admirable que moi, qui a marqué toute une époque à travers des générations au sein de sa famille et même au-delà. Ils ne sauront pas qu’il m’a juste été prêté, dans l’espoir que je serais aussi mémorable qu’elle.
Hello mon nom est Befoune et j’ai perdu ma grand-mère. Partagez cette histoire si vous l’avez aimée. Partagez-la quand même si ce n’est pas le cas. J’ai besoin d’encouragements. Vraiment.