Se foutre du monde et avancer en chantant !

12 minutes

Le sujet à aborder aujourd’hui est particulièrement difficile pour moi.

Un petit ange est entré dans mon inbox et m’a demandé de parler de la personne que j’ai été enfant et adolescente, des rêves que j’avais, de ceux que j’ai pu réaliser, des enseignements tirés…

Ce sujet est difficile pour moi car autant je me souviens de tout, autant je ne me souviens de rien. Ma mémoire dépend de ce dont j’ai besoin comme souvenir à un instant précis, et là il m’est demandé de tout ressasser. J’ai plein d’images qui défilent sous mes yeux, et je ne sais celles sur lesquelles je dois m’attarder.

J’espère y arriver.

Commençons par le commencement.

Je suis née un samedi. C’est l’une de mes plus grandes fiertés. J’aime à penser que j’ai eu la décence de naître un samedi matin pour que ma mère puisse aller faire la fête le samedi soir. 9 h a été l’heure choisie par le bébé génial que j’étais.

Je n’ai pas été une enfant très facile. Les gens ne m’intéressaient pas vraiment. Je jouais seule, je passais des heures à regarder des livres (jusqu’à ce que je sache lire) et je parlais peu. J’étais très claire de peau et donc je passais difficilement inaperçue, ce qui ne m’arrangeait pas.

J’ai été envoyée à l’école très tôt pour l’époque. J’avais deux ans. Un an après j’ai rencontré le garçon de ma vie. Je me souviens avoir dit à ma mère que si je ne l’épousais pas je me suiciderais. Oui, rien que ça. Je l’ai revu 17 ans plus tard, le charme était rompu. Triste réalité !

A l’école primaire j’étais une vraie teigne. Ce qu’on appelle “bully” aujourd’hui. J’étais très frêle, toute petite avec des cheveux courts, toujours la plus jeune de ma classe, donc à la merci des plus forts. Mais… mes armes secrètes étaient mes lunettes que j’ai depuis l’âge de 4 ans et qui me donnent un air sévère, et ma voix grave. Je faisais peur en réalité. Alors je m’étais constituée une petite bande de sbires et je bouffais tous les goûters plus intéressants que les miens à la récréation. Ça a duré quelques années puis ça s’est transformé en mutinerie. J’ai pris cher !

Je n’ai jamais eu de rêve. Ah si, à un moment j’ai voulu avoir 10 enfants avec un japonais. A part ça rien. Je n’ai jamais été une grande planificatrice. Je n’ai jamais voulu être avocate ou top model. Je voulais juste lire et avoir les meilleures notes à l’école. Et je voulais rester une teigne. Ça m’allait très bien.

Au collège j’en ai eu marre de l’école alors j’ai tout lâché. La teigne en puissance. J’étais très moqueuse et très détestable, et les boîtes de nuit étaient bien plus intéressantes que les études. Party 101 était ma matière préférée. Avec la fête sont venus les mauvaises notes et les échecs scolaires. Ma mère qui en avait marre de payer des écoles privées pour une personne qui ne foutait rien à l’école m’a proposé de me payer une formation en coiffure ou en couture. Je me suis rangée direct. J’avais un ego démesuré à l’époque et il était hors de question qu’on me voit dans un atelier de couture ! Oui, ce que les autres pensaient de moi avait bien plus de valeur que quoi que ce soit d’autre à cette période.

Puis l’université. Rien de bien spécial. Je n’ai pas fait de grands choix d’études, et ce depuis le départ. J’ai été orientée en 4e espagnole parce que j’avais de bonnes notes en français. J’ai fait la série A4 parce que… j’avais de bonnes notes en français. Et j’ai fait langue et littérature à l’université par élimination. Je ne pouvais rien faire d’autre. J’avais de bonnes notes en langue et littérature et je détestais le droit. Puis ma mère m’a donné le choix entre diplomatie et traduction. Se rapprochant de la politique, la diplomatie me faisait horreur (oui, ça c’était avant). Et hop master en traduction !

Vous savez tout.

J’ai vécu dans une bulle quasiment toute ma vie. Le nez dans les livres, puis dans les boîtes de nuit, puis dans les livres encore. Toutes les décisions majeures ont été prises à ma place. Je pense que c’est la raison pour laquelle je n’avais pas de rêve, et que je n’en ai toujours presque pas. Je n’y ai pas été habituée.

Je n’ai pas été habituée à être aux commandes. Quelqu’un savait toujours mieux que moi ce dont j’avais besoin. La seule décision majeure que j’ai prise à cette époque a été l’université où j’allais aller. Et ce n’était pas pour des raisons stratégiques. Très loin de là ! J’en avais juste ma claque de ne pas comprendre ce que disaient Mariah Carey, Whitney Houston où encore Céline Dion dans leurs chansons. Et hop université anglophone ! Ça n’allait pas plus loin que ça.

Ma vie, celle qui est connue aujourd’hui, a démarré en 2015. Il y a trois ans. J’en avais marre de l’existencee que je menais à tous les niveaux. Boulot, fréquentations, situation amoureuse, lectures, films préférés… tout me faisait horreur. Je me sentais vide et inutile, ce qui a entrainé un épisode dépressif. Je me suis mise aux podcasts que j’ai découvert… grâce à mes cheveux.

Je me suis coupée les cheveux en 2012 pour passer au naturel et j’étais juste obsédée par tout ce qui était produit ou pousse de cheveux, etc… etc. C’est comme ça que j’ai connu CurlBox sur Instagram, un service américain de vente de produits pour cheveux naturels. Je trouvais les photos sympa donc j’ai suivi le compte. Ça c’était en 2013–2014. Puis j’ai remarqué qu’on parlait de temps en temps sur le compte de la CEO, Myleik Teele. J’ai follow. Et je me suis rendue compte au fil du temps qu’elle avait un discours qui me parlait. Elle était tout ce que je n’étais pas et tout ce que je voulais devenir. Assez forte pour m’affranchir de toute norme sociale qui ne m’arrangeait pas. Elle n’avait pas peur de dire crûment ce qu’elle pensait et de partager ses échecs. En plus, elle était à la tête d’une entreprise qui tournait et tourne encore très fort. J’ai voulu apprendre d’elle. J’ai donc commencé à écouter son podcast, My Taught To You. Un régal.

J’y ai tout appris. Comment changer de boulot, ou acquérir de nouvelles connaissances (je parle ici de cerveau, la meuf mange des livres toute la journée), comment retaper son cercle d’amis, qui côtoyer quand on veut atteindre un certain niveau, comment faire attention à ses finances, comment travailler dur pour atteindre les résultats qu’on s’est fixés… En bref ? Comment se foutre du monde et avancer en chantant.

Je n’ai jamais vu Myleik Teele, mais elle a eu une grande influence dans ma vie. Au début de l’année 2015 j’étais au plus bas, personne ne me connaissait, je ne foutais rien de concret de ma vie, et à la fin de l’année, mes chers, je gérais un blog de plus en plus connu et j’écrivais des articles pour des médias internationaux qui en faisaient la requête. Donc oui, on peut dire que je suis née de nouveau en 2015. Grâce à la prêtresse Myleik Teele.

Après je ne peux pas lui accorder l’entièreté du mérite. D’autres personnes m’ont accompagnée dans cette aventure, en particulier Kamga Tchassa. Il est toujours plus agréable d’avoir un wingman avec qui faire des ping pong de contenus aussi instructifs qu’intéressants. Des podcasts tels que Get Busy Living ou encore The Overwhelmed Brain nous ont permis d’avancer, d’aller loin, chacun de son côté. C’est à cette période que j’ai découvert Medium et des producteurs de contenu tels que James Altucher, Srinivas Rao, Thomas Oppong ou encore Gary Vaynerchuck. Je passais des journées entières dessus.

Entre temps la création de contenu et l’écriture ont pris une grande place dans ma vie. J’étais très, très active dans le domaine de l’engagement citoyen avec Elle Citoyenne. J’écrivais beaucoup, je ne faisais quasiment que ça. Puis un jour, j’ai regardé derrière moi et je me suis dit : j’ai fait du chemin. Sauf que ce chemin je ne l’ai pas fait toute seule. J’y suis arrivée parce que quelque part, des gens ont eu la bonté d’âme de partager leur histoire. Ils étaient tous américains et ne vivaient pas les mêmes réalités que moi, mais grâce à leur parcours j’ai appris. Le plus beau est qu’ils ne cachaient pas les côtés sombres de leur vie. C’était du “Je suis riche et célèbre, mais ne vous méprenez pas, ma vie n’est pas facile. Je n’ai pas commencé là où je suis aujourd’hui, et je ne suis pas au top comme vous semblez le penser. J’échoue, je pleure, je déprime, on me quitte, je perds des contrats parce que j’ai merdé, mais… j’apprends de mes erreurs et je partage mon expérience.” J’ai trouvé cela très noble.

Sauf que comme je l’ai dit au départ, il y avait un problème au niveau des réalités. Dans aucun pays africain tu ne peux dire à tes parents “Fuck it, je me barre de la maison !!”. Que vas-tu manger mon cher ? J’ai su moi adapter à mes réalités, mais combien de personnes avaient cette opportunité. En plus, la barrière de la langue était plutôt grande. Ce n’est pas tout le monde qui comprend aisément l’anglais. Alors je me suis dit “Ils ont jeté une bouteille à la mer en racontant leur histoire et elle m’a aidée. J’ai appris grâce à eux que je ne suis pas seule dans ma situation, que je peux m’en sortir et que tout est possible. Je jetterai ma bouteille moi aussi. Je me mettrai complètement à nu, et si ça peut aider quelqu’un, alors je n’aurais pas vécu ma vie vainement.”

C’est la raison pour laquelle je me suis mise à écrire sur Medium.

Ça et le syndrome de l’imposteur.

Befoune commençait à devenir un nom et les gens semblaient me magnifier plus que de raison. J’ai eu peur. Mais vraiment. J’avais l’impression de mentir en les laissant penser que je suis la meuf parfaite, trop cultivée, à l’engagement politique infaillible et à la vie de rêve. Non mes cocos. Ma vie n’est pas plus rose que la vôtre !

Alors je me suis lancée. Pour aider et pour me détacher de ces regards pétillants qui semblaient voir en moi une personne que je n’étais pas. Ça n’a pas été facile au départ. Et si on me jugeait ? Et si je perdais toute crédibilité ? Et si ? Puis je me suis dit FUCK IT ! Si je n’assume pas qui je suis vraiment, l’entièreté de mon parcours de vie, alors je mens. Autant mieux tout dire, qui ne m’aime pas me jette. Qu’en a-t-on à foutre ? Ça ne diminue pas le nombre de crevettes dans ma marmite.

Ça m’a fait du bien de dire la vérité.

Et ça continue de me faire le plus grand bien.

Je ne pense pas que j’arrêterai bientôt.

Est-ce qu’aujourd’hui j’ai des rêves ?

Non. J’ai des objectifs qui changent parfois selon les événements. Ils ne vont pas plus loin que mes 40 ans cependant. Mais cette fois je ne me retrouverai pas dans la même situation qu’après ma licence : je n’avais tellement rien prévu que bien qu’ayant une double licence, j’ai décidé d’en faire une troisième parce qu’apparemment il n’y avait rien devant moi. Recommencer à zéro parce que… et bien c’est comme ça. Ma mère a pété un câble et m’a envoyée en école de traduction. Je ne pouvais pas me faire confiance à moi-même en ce qui concernait la direction de ma vie. J’aurais accumulé 5 licences no stress, puis je serais morte entourée de livres. Je viens de loin, les amis.

Donc non, rien de prévu après mes 40 ans. Mais jusqu’à ce moment-là je serai plutôt occupée, ça je peux vous le garantir. J’ai de belles choses qui me trottent dans la tête depuis un moment. Je m’attèlerai à matérialiser tout ça. La seule chose qui restera constante c’est le titre de cet article : se foutre du monde et avancer en chantant.

Je me suis affranchie de presque tout, et je compte bien le rester !

PS : vous remarquerez que je n’ai mis aucun lien dans ce texte. Si j’ai pu trouver toutes ces ressources et tous ces gens, vous ferez de même si vous en avez vraiment besoin. Je partage tout de même avec vous mon post sur Medium qui a introduit tous ces mots de moi que vous lisez aujourd’hui.

 

I asked this question to Tchassa Kamga, a very good friend of mine who is a writer. His answer on Ask.fm was quite simple.

 

Hello, mon nom est Befoune et je me fous de pratiquement tout. Partagez cette histoire si vous l’avez aimée. Partagez-la quand même si ce n’est pas le cas. J’ai besoin d’encouragements. Vraiment.

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