Lorsqu’un ami devient inutile

9 minutes

J’ai envie d’écrire ce soir.

Mais depuis un certain temps je n’ai pas vraiment d’inspiration. Où alors je fuis tout simplement les vérités que mes mots exposeront.

Je n’ai pas de sujet défini, alors je ferai pleurer le clavier et je trouverai un titre une fois que le texte sera terminé. Si jamais j’arrive jusqu’au bout. Et si jamais je décide de le publier.

Ces derniers temps je pense beaucoup à l’amitié. Aux amis qu’on se fait et à ceux qu’on perd. Je me suis fait beaucoup d’amis ces deux dernières années. J’en ai perdu beaucoup aussi. Plus que je ne m’en suis fait, je pense. J’ai perdu des amis de longue date. Parfois de très longue date.

Les amitiés se délient de trois façons. On s’éloigne mutuellement. L’un s’éloigne de l’autre. Un clash violent, qu’il soit bruyant ou silencieux, nous sépare. Je me suis rendue compte que généralement je m’éloigne de mes amis où ils s’éloignent de moi. Le clash ne survient que lorsque l’un ou l’autre s’est accroché malgré les signaux lumineux. Alors le clash donne une bonne raison de s’en aller.

Ma plus vieille amitié date de l’enfance. Je l’adore. On a vécu tous les coups foireux ensemble. Vous savez, ces histoires où les filles vont à deux à un rendez-vous supposé amoureux pour que le garçon ne trouve aucune occasion de s’enflammer ? C’est avec elle que je faisais ce genre de délires. Nous étions jeunes et insouciantes.

Nos personnalités sont très différentes, mais aussi très similaires. Nous avons quasiment la même histoire familiale, sauf que chacune a réagit aux conséquences de manière unique. Nous sommes restées aussi proches parce que nous ne nous ressemblons pas, et nous ne sommes pas devenues amies parce que nous nous sommes reconnues l’une en l’autre. Elle m’est tombée sur les bras alors que j’avais deux ans. Elle venait de naître. Et voilà. Ça fait 30 ans que ça dure. Qu’elle me pourrit la vie. Qu’elle me fait rire quand je lui dit qu’un mec vient juste de me quitter.

Les amitiés que j’ai perdues sont généralement celles que j’ai choisies. On ne choisit qu’une réponse à un problème généralement. Une fois que le problème est résolu ou qu’on est passé à une étape supérieure (ou inférieure) de sa vie, tout ce qui est lié à ce problème devient inutile.

Je ne devrais peut-être pas dire problème pour me faire comprendre. Je devrais dire question. Ou peut-être étape. J’ai appris à mes dépends que chercher à raviver une amitié perdue pour ce type de raison fait plus de mal que de bien. Les gens, comme les choses, ont un rôle précis à jouer dans une vie. Une fois que ce rôle est terminé, alors la relation n’a plus de raison d’être. Je l’ai dit dans un texte précédent, s’il est nécessaire que je ne sois plus dans les parages pour que l’autre passe à l’étape suivante de sa vie, alors je ne m’imposerai pas. Je ne m’offusque pas d’être quittée, quelle que soit la douleur éprouvée.

J’ai perdu une amitié récemment. Ça m’est tombé sur la tête, venant de nulle part. Ça faisait un bout de temps que je n’étais pas passée par autant de sentiment aussi similaires que contradictoires. Mais comme le dit l’adage, le temps guérit tout. Je n’ai pas besoin d’être son amie pour qu’il/elle poursuive sa vie. Le plus important est qu’elle soit poursuivie.

De la même manière, je n’ai aucun scrupule à mettre fin à une amitié. Le but n’est pas de se côtoyer pour se pourrir mutuellement la vie. S’il n’y a plus rien à conserver ou à préserver, chacun suit son chemin selon la direction de son couloir. La douleur peut être grande parfois. Mais je l’ai dit précédemment, le temps guérit absolument tout. Il me l’a prouvé tellement de fois.

C’est fou comme je vois les choses différemment avec l’âge. Plus jeune, j’ai toujours fait partie de près ou de loin d’une bande. Vous savez, ces filles qui rigolent à votre passage parce qu’il leur a suffit d’un regard pour s’accorder sur le fait que votre pantalon n’est pas celui qu’elles auraient associé à cette chemise ? C’était nous, ça. Aujourd’hui je pense que tout va mieux quand je fais cavalier seul. Pas totalement seul, mais à 85% quand même. Bon, on dira 84% pour être raisonnables. Je pense également que les gens ont une utilité dans une vie. Si cette utilité n’a plus lieu d’être, qu’on soit amis ou amants, une séparation est inévitable.

Il y a quelque temps quelqu’un a décidé de ne plus me parler. Ça ne m’a fait ni chaud, ni froid. Je vous explique pourquoi. J’ai connu cette personne il y a 12 ans. Il y a 12 ans j’étais destinée à tout, sauf à être celle que je suis aujourd’hui. Ma personne et ma personnalité ne ressemblaient en rien du tout à celles actuelles. Oui, il est possible de muer à ce point. Je l’ai fait. Donc cette personne a estimé qu’il ne nous est plus possible de nous parler car nous n’avions pas les mêmes attentes d’une discussion.

Alors que j’étais focalisée sur ses lectures, ses projets et les idées nouvelles qui gambadaient dans son cerveau, elle était focalisée sur ma vie privée, s’attendant à ce que, comme il y a 12 ans, ou 10, ou 8, ou 6, je lui raconte tous mes “petits secrets”. Sauf que je ne raconte plus mes petits secrets depuis des années. Ma vie ce n’est pas Keeping Up With Befoune. De plus je ne vois pas l’intérêt de savoir qui me drague ou qui veut me mettre dans son lit. Ça ne fait avancer aucune science.

La personne a conclut 12 ans de fréquentation par un “tu es devenue trop froide, je ne trouve pas l’humain en toi”. Pour dire vrai, ça m’a tourné et retourné le cerveau pendant à peu près 12 heures. Chaque heure représentait certainement chaque année depuis notre rencontre.

Cette histoire montre bien que les attentes “amicales” sont différentes d’une personne à une autre. Certains veulent parler vie privée et s’offusquent de voir que vous n’êtes plus la personne qu’ils ont connue. Ce que je comprends parfaitement. Il n’avait certainement pas signé pour mon cerveau, mais pour une humanité selon la définition sociale du terme. On est humain quand on décortique sa vie sur WhatsApp, quand on s’apitoie sur des problèmes dont la solution est à portée de main, ou encore quand on perd du temps à parler des autres. On est froid quand on parle de projet, d’évolution, et qu’on ne s’intéresse pas à qui couche avec qui.

Au final c’est soulageant d’avoir perdu cette amitié. Elle n’en était plus une depuis longtemps en réalité. La décision prise unilatéralement nous a juste libérés tous les deux.

Je garde de bons souvenirs de mes amitiés perdues. Elles ont vraiment été utiles le temps de leur existence. Elles ont comblé un vide réel, et elles ont été d’un grand apport dans la construction de ma personnalité à tous les niveaux. Pour ça, je remercie tous mes amis passés.

Aujourd’hui j’ai plus de “nouveaux amis” qu’autre chose. Par contre une amitié me surprend. Ça fait 13 ans qu’elle dure. Et elle durera encore longtemps. Mais vraiment. Rien ne nous destinait à être amies. Que ce soit au niveau du caractère ou du style de vie. Pourtant aujourd’hui c’est une des personnes qui me sont les plus proches, et elles sont très peu, je dois l’avouer. Celle là m’est vraiment tombée sur les bras, complètement perdue dans les couloirs du health center de l’université. Je n’avais pas deux ans par contre. J’en avais 19. Je suis convaincue que nous sommes restées amies parce que nous ne nous sommes arrimées à rien s’agissant de l’une ou de l’autre. Elle était elle et j’étais moi. Nous n’avions pas besoin l’une de l’autre. C’était juste sympa d’être l’une avec l’autre.

J’ai rencontré quatre personnes pour qui j’éprouve le même sentiment. Nous n’avons pas besoin l’un(e) de l’autre. Mais c’est sympa de s’avoir. De mon expérience, ce sont ces amitiés là qui durent plus longtemps. Et ce sont celles que je veux chérir et nourrir. Pour le moment je ferme ma porte aux nouvelles amitiés. Je suis dans une phase de ma vie où j’en ai marre de beaucoup de choses. Dans ce genre de situation, il est préférable pour moi de ne rien introduire de neuf humainement parlant.

J’ai radoté au point d’écrire 1500 mots. Le pouvoir du clavier. A présent on va relire tout ça et trouver un titre à peu près potable !

Je n’ai pas beaucoup ramé pour ce texte, mais pour le prochain je préférerai nettement avoir un sujet. Seriez-vous prêts à m’en proposer un en commentaire ou en inbox sur instagram (@c_befoune) ? Evitons juste de parler famille, foi et amour pour ne pas heurter les sensibilités. Pour tout le reste, je suis preneuse. Alors, à vous les studios !

Photo: 4twenty

Hello, mon nom est Befoune et j’ai écrit sur l’amitié. Partagez cette histoire si vous l’avez aimée. Partagez-la quand même si ce n’est pas le cas. J’ai besoin d’encouragements. Vraiment.

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