Est-ce snob de choisir ses amis ?

8 minutes

Lorsque ce sujet m’a été proposé sur Instagram, mon premier réflexe a été de tous vous renvoyer vers l’article publié en octobre 2017 sur Medium How Do You Pick Your Friends.  Sauf que je l’ai relu. Il reste d’actualité, mais beaucoup de choses ont changé, surtout en cette période de transition.

Du coup un nouvel article s’impose.

Lorsque vous lirez l’article How Do You Pick Your Friends, vous remarquerez que je suis passée d’un extrême à l’autre dans la gestion de mes amitiés. On peut dire que je suis passée du chaud (confidences et pleurnicheries) au froid (logique et avancée). Ce passage m’a portée haut, parce que j’en avais besoin. Je ne serais pas où je suis ou qui je suis aujourd’hui si je n’avais pas fait ce shift.

Aujourd’hui, le second extrême garde ma préférence. Logique et avancé mutuelle. Les amitiés à mon sens ne doivent pas être basées sur du rose, c’est-à-dire qu’on ne devrait pas entretenir de mythe pour faire plaiisr à l’autre ou pour lui éviter des déboires. Ça fait mal ? Rien à foutre. C’est la vérité, une vérité basée sur des faits, c’est tout ce qui compte.

Dans la même lancée, une amitié ne doit pas être inutile. Tous dépend des intérêts de chacune des parties.

Snobisme ? Loin de là. Auto-protection et valorisation de soi, je dirai.

Personnellement, je ne traîne pas avec des gens qui ne stimulent en rien mon intellect. Je ne suis pas là pour parler Kameha-meha à longueur de journée. J’ai besoin de concret. J’ai besoin qu’on puisse m’apporter des solutions, ou au moins animer une discussion autour de problèmes professionnels ou autour de projets personnels.

Le grand changement depuis 2017 est au niveau de la tribu. Je suis passée récemment par de nombreuses étapes qui ont révélé à mes propres yeux ma féminité, une féminité dont je n’avais aucunement conscience. J’ai eu besoin de rallier autour de moi des femmes qui peuvent me caresser dans le sens du poil d’une main parce que tout ceci est tout nouveau pour moi, et me gifler de l’autre parce que je raconte des âneries à cause de ma méconnaissance du parcours de femme. 

Aujourd’hui plus qu’avant, j’ai besoin de me confier. J’ai besoin de poser des questions, des questions qui poussent ces femmes à se confier à moi, ce qui crée un lien fort. J’ai besoin de me confier parfois pour pleurnicher (et des claques me sont immédiatement administrées), mais surtout pour partager mes lacunes et incompréhensions. J’ai besoin qu’on se confie à moi pour apprendre des parcours de chacune et chacun, pour réaliser que je ne suis pas la première ou la seule au monde à vivre ces doutes, et pour démêler des solutions à travers les échanges.

Ce changement peut être également dû au fait que mon travail n’est plus le point central de ma vie. Il est passé en 3e ou 4e position pour le moment. C’est difficile, mais j’ai besoin de me focaliser sur autre chose pour mieux avancer, et revenir doucement mais sûrement vers des activités lucratives en accord avec ma nouvelle vie, mais également ma nouvelle vision des choses.

Changer de trajectoire amène à changer d’amis. Ça m’est arrivé de nombreuses fois. C’est affreusement douloureux la 1ère fois. Le sentiment de trahison. Le besoin viscéral d’évoluer. La tristesse face à la non évolution de l’entourage. j’en ai souvent parlé sur Medium. La 2ème fois ça fait un petit peu moins mal. Puis, au fil du temps, on apprend à rationaliser et à mettre ses besoins au premier plan.


De quoi ai-je besoin ?

Cette question devrait être au centre de la réflexion sur l’amitié. 

En ce moment par exemple je sais que je n’ai pas besoin de commérages. Je n’ai pas besoin d’inutilités. Je n’ai pas besoin de sorties en boîte de nuit. Je n’ai pas besoin de plaintes inutiles à des problèmes dont la solution est claire. 

J’ai besoin d’être portée vers le haut. J’ai besoin de porter vers le haut. J’ai besoin d’assistance mutuelle. J’ai besoin de voir mon avancée et celle de mes amis. J’ai envie de sentir en eux la rage de franchir les obstacles tant dans leur vie personnelle que professionnelle. J’ai besoin de me sentir minable quand je les regarde et rien ne bouge dans ma vie, que je ne fais rien pour. J’ai besoin de voir mes amis tomber et se relever. Je ne veux pas de ceux qui restent par terre indéfiniment, surtout quand ma main leur est tendue en tout temps.

J’ai besoin de rappel à l’ordre. Le père du petit humain par exemple, qui est un ami de très grande valeur, n’hésite pas à me le dire lorsqu’il remarque que je perds mes repères et que je m’enfonce. Il le fait de manière très subtile. Il me recommande un livre ou m’en achète un, un livre qui me donnera des claques et me poussera à me reprendre. Leyopar me gifle très souvent, surtout lorsque je commence à dépenser mon argent de manière incontrôlée. Françoise suit l’évolution de mon état mental face à la grossesse. Ce ne sont là que de brefs exemples de tout un monde que j’ai créé autour de moi pour me maintenir à flot.

 


J’ai cessé de croire aux comptes de fées il y a longtemps. Je n’ai aucun scrupule à laisser derrière moi une personne qui n’évolue pas ou qui se complaît dans un mythe. Tout comme je n’irai pas frapper à la porte de quelqu’un qui me laisse derrière lui pour demander des explications. Je me dis simplement que nous ne sommes plus en phase et cette personne a besoin d’autre chose. Ce que je respecte, comme je souhaite que mes départs soient respectés.

Ça ne signifie pas que je ne crois pas aux die hard friendships. J’y crois dur comme fer, et j’en ai. Des amitiés qui remontent à mon enfance. La vérité est qu’elles sont restées d’actualité parce que ces personnes ne vivent pas de manière statique. Elles évoluent d’une manière qui force mon respect. Elles me giflent quand je suis à la traîne, et ma main est toujours prête à rendre la pareille.

Je l’ai dit dans How Do You Pick Your Friends : je m’aime au point de considérer ma vie comme un business. Rien qui n’apporte de la valeur n’est conservé. Je n’ai aucun employé que je paye pour rien. Je n’ai aucun département qui n’a pour seul but que le gaspillage de mes ressources.

Ça ne signifie pas que mes amis sont des copies conformes de la personne que je suis. Très loin de là. Certains brûlent des nuits en boîte de nuit ou lisent des livres que je trouve hautement déprimants. Nous n’avons pas besoin d’avoir les mêmes intérêts dans tous les domaines. Nous avons besoin d’avoir des intérêts communs lorsque c’est nécessaire. C’est tout.


Je souhaite m’éloigner de la ligne directrice du blog  2 secondes. Nous parlerons rapidement de relation amoureuse. Beaucoup disent qu’il n’y a rien de plus beau que de se mettre en couple avec son ou sa meilleur(e) ami(e). J’ai fait l’expérience et elle a été désastreuse.

La relation a été idyllique le temps qu’elle a duré. Nous étions en phase sur quasiment tout, au point où nous cherchions des points de discorde. Nous n’en avions pas. Comme je l’ai dit, tout était quasiment parfait. Sauf que la relation s’est terminée. Elle a pris fin dans le respect et la dignité comme tout ce que nous avons toujours vécu depuis le début de notre amitié.

Sauf que notre amitié a été perdue à tout jamais. Il a été impossible de revenir à la relation de départ. Elle avait évolué, mué. Avez-vous déjà vu un serpent rentrer dans la peau qu’il a quitté ? C’est totalement impossible. C’est ce que nous avons vécu. J’ai perdu un de mes meilleurs amis pour quelques mois d’une relation certes inoubliable, mais qui m’a coûté bien plus que ce qu’elle m’a valu.


Cette parenthèse fermée, parlons trahison en amitié. Je pense qu’il est difficile d’être trahi dans une amitié logique, une amitié ou personne ne dépend de l’autre, une amitié où les vies personnelles ne s’entremêlent pas. Elles peuvent être connues par l’un et l’autre, se croiser parfois, mais elles ne devraient pas ne faire qu’une. Lorsqu’on avance sur cette base, on n’a pas peur de se dire certaines vérités, du coup il est difficile de trahir.

Oui, il reste possible qu’une des parties se serve de l’autre, ce n’est pas exclu. Aurai-je mal si on me marche sur la tête pour évoluer dans ses activités ou dans le monde professionnel ? Oui, j’aurai mal. Mais au moins ma vie personnelle reste protégée. La vraie douleur survient lorsqu’on touche à cette vie là. Le reste peut être géré d’une manière ou d’une autre.


Il est curieux que ce texte soit aussi court. Je pensais avoir nettement plus à dire sur le sujet. Apparemment ce n’est pas le cas. N’hésitez pas à me poser des questions ou à partager votre point de vue en commentaire ou sur Instagram. Ça ouvrira la discussion.


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4 comments
  1. C’est en tout point l’image que j’ai de l’amitié. Du type d’amis que j’aimerais avoir. Des personnes qui me poussent à me surpasser ou alors que moi j’encourage à donner le meilleur d’eux-mêmes! Mais c’est tellement difficile dans une société où tout le monde ne pense qu’à s’amuser! Et quand on reste à l’écart, on est taxé de snobeuse!

    1. Oui, c’est difficile. Au début je me suis faite traiter de tous les noms. Quand tu t’accroches, tu constates que ton cercle devient un réel cercle de qualité.

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