Epargne et fonds d’urgence

15 minutes

Dans le premier article du Money Series, J’ai une mentalité de pauvre, j’ai parlé de la répartition de mon salaire en termes de dépenses. Dans le troisième, Pourquoi je dépense et où est-ce que j’épargne, j’en ai dit davantage sur l’épargne, comment je la conçois et comment je la vis.

Je vous recommande la lecture de ce troisième article, car il sert en quelque sorte d’introduction à celui-ci. Des aspects de mon épargne ont certes changé, mais pour comprendre la chose dans sa profondeur, lisez cet article.

Avant d’aller plus loin je dirai ceci : j’ai bousillé mon épargne.

Oui, un bébé surprise ça fait ça aussi.

J’ai utilisé tout l’argent disponible dans mon épargne accessible, celle sur laquelle on se focalisera aujourd’hui, et j’ai acheté de nouvelles actions avec tout l’argent disponible dans mon épargne inaccessible. Je n’avais pas prévu d’acheter ces actions. Je souhaitais conserver mes 3 sources d’épargne à savoir l’épargne accessible, l’épargne inaccessible et les actions. J’ai acheté ces actions dernièrement pour 2 raisons : elles étaient proposées à un prix intéressant et je savais que si je ne le faisais pas, tôt ou tard j’aurais puisé dans mon épargne inaccessible.

Donc voilà, je repars de zéro. En réalité non. Je me suis relancée il y a quelques mois. Il n’a pas été facile de retrouver mon équilibre financier avec tous les changements (bébé, vie à 2 et mise de côté temporaire de toute autre activité lucrative autre que mon boulot), mais je peux dire qu’un équilibre sain a été retrouvé.

Lorsque j’ai décidé de me reprendre en termes d’épargne, j’ai voulu y aller pas à pas. Quel que soit le domaine, je suis de ceux qui pensent que commencer au plus bas est toujours la meilleure option. On a l’occasion de se voir grandir, d’évoluer, et surtout d’ajuster le tir alors que les risques ne sont pas encore trop grands.

Pour le moment je me focalise sur mon épargne accessible ou le fonds d’urgence, ce dont on parlera aujourd’hui.

L’épargne accessible ou le fond d’urgence est l’épargne à laquelle il ne nous est pas difficile d’accéder. Son rôle en réalité est d’être disponible en tout temps, au contraire de l’épargne inaccessible qui ne doit en aucun cas être touchée. L’épargne accessible est appelée fonds d’urgence parce qu’effectivement, elle doit permettre de couvrir toutes les dépenses imprévues. Elle est la première (et idéalement la seule) ligne de défense face aux aléas.

Commençons par le commencement.

1- Qu’est-ce que le fonds d’urgence et comment peut-il être créé, alimenté et stabilisé ?

Même si le titre de cette partie souhaite me forcer la main, je ne vais pas me répéter. Si vous en êtes à ce niveau de l’article, alors vous savez ce qu’est une épargne accessible ou un fonds d’urgence.

Idéalement, un fonds d’urgence doit pouvoir couvrir 6 mois de vos dépenses mensuelles. Je n’ai pas dit qu’il doit égaler 6 mois de revenus (même si ce serait le pied !), j’ai dit 6 mois de vos dépenses mensuelles. Pourquoi ? En cas d’urgence tout simplement. Si vous perdez votre boulot par exemple, vous avez au moins l’assurance que vous avez 6 mois de marge pour retomber sur vos 2 pieds. Et vous pouvez assurer en cas de retard de salaire (le quotidien de beaucoup de consultants…)

On n’atteint pas un montant égal à 6 mois de dépenses mensuelles en un clin d’œil. L’idée ici n’est pas de vous priver de tout dans une vie pour y arriver (quoi que si vous en êtes capables…). L’idée est d’y arriver de manière peu pesante et consistante. Il s’agit d’en faire une habitude.

Je vous ai dit dans le premier épisode de la série que selon les répartitions classiques, l’épargne devrait s’élever à 15%-20% du salaire perçu. J’avais personnellement établi un plafond de 29%, puis (grâce au fait de noter mes dépenses au quotidien afin de les traquer), je me suis rendue compte que je n’épargnais en réalité que 19% de mon salaire. Je mettais effectivement 29% de mon revenu de côté, mais je tapais dedans pour couvrir des dépenses mal évaluées telles que le transport au quotidien. En gros ? Je me ruine en taxi.

A présent que j’ai retrouvé un équilibre, je mets de côté 28% de mon salaire. J’ai réévalué mes dépenses et je sais exactement où va quoi. Comme je l’ai dit au départ, je me focalise entièrement sur mon épargne accessible ou mon fonds d’urgence pour le moment, du coup tous ces 28% vont directement dans mon compte épargne.

Mon objectif est de disposer d’un montant capable de couvrir 3 mois de mon salaire au minimum, donc dépenses de toute la maisonnée et surplus. Je parle de toutes les dépenses, papa du petit humain et petit humain inclus. Vous me demanderez pourquoi alors que nous vivons à 2. Je vous dirai qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Je vois en nous une entité unie. Nous vivons sous le même toit et faisons face aux mêmes problèmes, et en cas de coup dur je ne dirai pas « J’ai de l’argent pour couvrir ma part des dépenses du mois, tu te débrouilles ! » Nous n’en sommes plus là. Réfléchir ainsi m’expose moi aussi aux conséquences. Je ne veux pas être exposée.

Je n’ai pas encore atteint mon objectif, j’en suis à un peu plus du tiers, ce qui n’est déjà pas mauvais. Une fois que je l’aurai atteint et stabilisé, j’ajouterai à cela un montant couvrant la moitié de nos dépenses mensuelles. Ce montant-là assurera toute dépense imprévue ne concernant pas la vie de notre maison. Nous y reviendrons. Une fois la somme totale atteinte, je pourrai me tourner vers mon épargne inaccessible. Je devrai recommencer à alimenter mon compte inaccessible, celui destiné à l’épargne à long, très long terme. Nous en parlerons dans un prochain article.

Je vous l’ai dit au départ, ça ne se fait pas en un clin d’œil. Ça peut prendre des mois, mais c’est toujours pour la bonne cause, raison pour laquelle j’ai parlé de constance dans l’action. Sinon c’est décourageant et on abandonne très vite. Si vous avez des rentrées d’argent autres que votre salaire, il serait judicieux d’en faire une source d’épargne et de ne vivre que de votre salaire.

 

2- Pourquoi un fonds d’urgence ?

Je l’ai dit au départ, un fonds d’urgence sert à faire face aux coups durs et aux imprévus. Mais c’est assez vague. La première utilité d’un fonds d’urgence est qu’il évite la contraction de dettes. En cas de coup dur, vous n’avez qu’à vous tourner vers ce fonds. La seule dette contractée est auprès de vous-mêmes. Vous avez l’obligation morale de renflouer le fonds. Vous réglez vos problèmes sans avoir à payer des intérêts à qui ou quoi que ce soit sur la somme empruntée. Cette tranquillité d’esprit n’a pas de prix.

Dans nos réalités nous avons ou devons toujours porter assistance à des membres de notre famille proche ou étendue. Ne vous en faites pas, je ne parle pas en me perchant sur un balcon occidental. C’est quasiment un devoir moral, familial et social chez nous de porter assistance.

Je vous ai dit tout à l’heure que mon fonds d’urgence à moi doit pouvoir couvrir 3 mois de dépenses de la maisonnée (surplus inclus), mais aussi qu’en plus de cela je mets de côté une somme équivalent à la moitié de cette dépense mensuelle, ce qui revient à 3 mois et demi de dépenses (et surplus). Ce « demi » là correspond à la somme allouée à l’aide familiale.

Pourquoi la moitié de la dépense mensuelle de la maison ? Parce qu’il ne faut pas être plus royaliste que le roi. Je ne peux léser ma maisonnée pour venir en aide aux autres, fussent-ils de ma famille. Je me réfère à la dépense mensuelle de ma maison pour me situer sur l’échelle sociale et financière. Elle me permet de savoir ce que je peux m’offrir ou offrir.

Je ne peux par exemple pas m’acheter des chaussures dont la paire correspond à la dépense mensuelle de ma maison.  Je tendrais vers la folie des grandeurs. Il en va de même pour l’aide que j’apporte. Je ne suis pas de ceux qui, pour récolter des honneurs, se saignent littéralement. Je ne vis que dans le cadre de mes moyens. Je ne vais pas au-delà. Sinon c’est dangereux pour moi, et ça expose mon enfant à des situations misérables.

Lorsque je parle d’aide familiale ici, je ne parle pas d’apport mensuel. Si c’est une charge fixe, je recommande de l’ajouter à la liste de vos charges fixes. Nous parlerons des charges dans un prochain article. Je parle ici des imprévus. 

Outre le fait d’avoir clairement défini le montant de l’aide familiale, j’ai clairement défini les raisons pour lesquelles j’aide. Études, santé, décès. C’est tout. Et pour ce qui est des décès, je n’alimente aucune folie des grandeurs. Je définis le montant de mon enveloppe selon mes moyens. Tout ce qui est pagne du deuil, T-shirts, casiers de bières et tout ce que vous voulez ne me concerne pas. Je ne contribue pas à une fête, mais à l’accompagnement d’un défunt vers sa dernière demeure. Comme vous l’avez compris, les priorités sont études et santé.

Je ne contribue pas aux mariages, que ce soit de près ou de loin. Chacun est maître de ses décisions et acteur de son film. On ne se marie pas dans ma poche tout comme je ne me marierai dans la poche de personne. Cette clarification vous donne les tendances, vous pouvez aisément imaginer les demandes auxquelles j’oppose un non catégorique.

Le fonds d’urgence permet également de financer les dépenses peu régulières. L’achat de lunettes de vue (pas les dernières lunettes fumées de chez Versace, sauf si c’est un but dans la vie), le remplacement d’un ordinateur ou d’un téléphone. En gros, grâce au fonds d’urgence vous stressez moins lorsqu’une dépense se présente et, au cas où tout se passe bien, il vous sera difficile de contracter des dettes minimes. Nous ne parlons pas ici de s’endetter pour l’achat d’une maison.

Pour ce qui est de l’alimentation du fonds d’urgence, elle prime sur toutes mes autres dépenses. La somme à mettre de côté est prédéfinie (28% du salaire), donc dès que mon salaire est perçu, je transfère la somme à épargner sur mon compte épargne. Le reste d’argent couvre les autres dépenses, et si ce n’est pas assez je serre la ceinture.

J’ai essayé la méthode contraire qui est faire mon possible pour que le reste d’argent après toutes les autres dépenses soit égale au montant à mettre de côté. Cette stratégie n’a jamais marché. Le simple fait d’avoir cet argent à disposition pousse à trouver des raisons conscientes ou inconscientes de le dépenser. A présent « je me paye d’abord » avant de penser à toute autre chose.  La somme à épargner est retirée avant d’effectuer la moindre dépense ou le moindre paiement. Cette déduction est prioritaire et prime sur absolument tout.

 

3- Où conserver son épargne accessible ou fonds d’urgence ?

Comme son nom l’indique, l’épargne accessible doit être accessible. Et ce en tout temps. Il n’est pas conseillé de la placer sur un compte bloqué parce que débloquer un compte peut coûter des sous. L’idée ici n’est pas de dépenser alors qu’on veut accéder une somme d’argent qui nous permettra de régler un problème urgent.

Il n’est pas non plus conseillé d’investir le fonds d’urgence. Si vous achetez par exemple des actions avec votre fonds d’urgence (je tiens à préciser ici aussi que je ne parle pas d’un balcon occidental, il est possible d’en acheter sous nos cieux si j’ai pu le faire), vous pouvez vous retrouver obligé de les vendre à un prix bien inférieur au prix d’achat pour régler votre problème. Le prix des actions fluctue selon le marché. Une action peut passer de 30 000 FCFA à 15 000 FCFA en une journée, puis valoir 45 000 FCFA la semaine suivante. Si votre urgence a lieu la semaine où l’action coûte 15 000 FCFA alors que vous l’avez achetée à 25 000 FCFA…

Mon épargne accessible est conservée sur un compte épargne, et ce pour de nombreuses raisons. Sur ce compte non bloqué, j’ai accès à mon argent en tout temps. Ce n’est pas un compte courant, donc j’ai droit à des intérêts, bien que super minimes. Je rédigerai un article sur la différence entre compte courant et compte épargne (ça fait beaucoup d’articles que je suis supposée rédiger pour cette série hein !). 

Le fait que les intérêts soient minimes ne me pose pas de problème parce que je fais une claire différence entre l’épargne supposée me rapporter de l’argent en plus d’être stockée et mon épargne accessible. Cette dernière n’a pas vocation à m’enrichir de quelque manière que ce soit. Ce n’est pas son rôle et ce serait bien trop risqué de l’investir. Je peux la perdre et je peux ne pas y avoir accès aussi rapidement que nécessaire, et dans les 2 cas un drame est vite arrivé.

Le fait de ne pas vouloir s’enrichir grâce à cet argent n’empêche pas de sélectionner la banque au meilleur taux d’intérêt pour nous. Par ailleurs, il est préférable d’avoir le moins de mouvements sortants sur ce compte (retrait d’argent) afin que la banque vous verse vos intérêts, intérêts issus de son utilisation à elle de votre argent.

Les points négatifs du compte épargne est que je paie des frais bancaires. Je paie la banque pour que mon argent soit stocké dans un endroit plus ou moins sûr, ce qui va de soi. Outre le facile accès pour d’éventuels bandits, le dessous de mon matelas n’est pas protégé contre des catastrophes telles qu’un feu ou une inondation. Donc oui, je préfère payer des frais bancaires annuels.

Je paie également la mise à disposition d’une carte bancaire. Ça par contre ça me fait chier parce que ce n’est pas une carte que j’utilise, mais il est préférable de l’avoir pour un retrait aussi rapidement que possible en cas d’urgence.

Je ne recommande pas forcément les grandes banques. Faites selon vos moyens et les options qui s’offrent à vous. Par contre je ne recommande pas les tontines pour le fonds d’urgence, sauf si c’est une tontine où vous pouvez obtenir la somme investie ou nécessaire d’un claquement de doigts, ce qui me semble impossible.

Les tontines sont plus indiquées pour une dépense précise comme les frais de scolarité des enfants ou la rénovation de la cuisine. Il est préférable de rejoindre une tontine avec un plan clair, sinon l’argent touché sera dépensé d’une manière qui peut être regrettée. 

Je pense que tout est dit. Si vous avez des questions ou un sujet que vous souhaitez voir abordé dans le cadre de la série, dites-le-moi en commentaire.


PS : peu de gens le savent, mais il est possible de surligner des passages des articles, comme c’est le cas sur Medium. Ce serait bien d’utiliser cette fonctionnalité pour que je sache quelles sont les parties du texte qui ont retenu votre attention. Et puis, il faut bien que mon argent serve à quelque chose puisque j’ai payé pour cette fonctionnalité !


Digressions n’a aucun compte sur les réseaux sociaux, une situation qui n’est pas près de changer. Pour vous tenir informés des activités ici, abonnez-vous au blog, tout simplement. 

Je suis disponible par mail à l’adresse mesdigressions@gmail.com et sur Instagram à @c_befoune.

Retrouvez-moi également sur mon podcast Les Papotages de C.

14 comments
  1. Je ne contribue pas aux mariages, que ce soit de près ou de loin. Chacun est maître de ses décisions et acteur de son film. On ne se marie pas dans ma poche tout comme je ne me marierai dans la poche de personne. Cette clarification vous donne les tendances, vous pouvez aisément imaginer les demandes auxquelles j’oppose un non catégorique.Ptdr ouaaaaaa

  2. <> hahahh je pense que c’est assez claire là, vous exagérez !!!

    J’étais pas très pour les tontines et les chichis qui vont avec ( les retrouvailles entre filles pour manger et bonjour les commérages ), mais ça fait presque un ans et demi que je suis dans une où on a pas forcément besoins d’organiser des rencontres a tours de rôles et tout et tout…j’avoue que l’argent m’a été d’une grande aide pour pouvoir continuer mes études. Le plus dure dans tout ça, est que j’ai pas vraiment besoins d’urgence pour aller puiser dans mon compte épargne 😩

    1. J’exagère ? Comment ça Salma ?

      Je ne suis pas contre les tontines, très loin de là. Dans le cadre de cet article j’explique tout simplement que la tontine n’est pas une épargne accessible. Et il vaudrait mieux se lancer dans une tontine avec un projet clair pour la somme récoltée lors de son tour. Toi par exemple ça t’a permis de poursuivre tes études : beau plan.

  3. Wouah ! Merci pour ce partage d’expérience, j’apprécie énormément. Je te lis depuis peu mais j’apprends beaucoup avec toi. Courage !

  4. ” On se marie pas dans ma poche tout comme je ne me marierai dans ma poche de personne ” cette phrase était censée être entre guillemets dans mon premier commentaire, mais je sais pas ce qui n’a pas marcher lol 😌
    Sinon, suis tout à fait d’accord, les gens exagèrent vraiment !

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