Parce que I Give A Fuck !

16 minutes

Ce matin j’ai hésité à donner le bain au petit humain.

Notre programme du matin est clair. Je me réveille un petit peu avant lui, je prépare le nécessaire, puis à 6h 15 je le sors de son berceau, je lui fais tous les bisous du monde et notre rituel commence. Je tiens à lui donner le bain moi-même parce que c’est un moment à nous. On discute (il babille et je raconte ma vie !), il me donne des coups de pieds dans le ventre couché sur sa table à langer, et il rechigne quand je lui peigne les cheveux, et aussi quand je lui nettoie les oreilles et le nez.

Ces 3 ou 4 derniers jours il a recommencé à se réveiller entre 1h et 5h pour manger. Du coup il ne se réveille plus forcément à 6h, ce qui chamboule ma matinée, et donc parfois ma journée. Notre rituel du matin se termine entre 7h 30 et 7h 45. Après je fais ma séance de fitness et je vais au boulot… ou je m’installe dans le canapé ou dans le bureau de son papa pour travailler. Donc tout est calibré au millimètre près.

La nuit dernière le petit humain s’est réveillé à 4h 30 et a mangé. Sachant qu’il n’allait pas être debout avant 7h, je me suis levée à 6h 30 et j’ai tout préparé. 7h. Rien. Il ne s’est pas réveillé. Je me suis installée dans le canapé et je me suis mise à lire ma Bible du moment, Principles de Ray Dalio. Je vous ai proposé une vidéo d’une discussion entre Ray et P. Diddy dans l’article Overnight Success : la porte ouverte vers l’échec.  Restez concentrés.

La nounou du petit humain arrive à 7h 30, raison pour laquelle notre rituel du matin se termine à cette heure. Jusqu’à son arrivée ce matin le petit dormait toujours. J’avais prévu d’aller au bureau, et avant d’y aller je souhaitais lire des articles de Mark Manson et Seth Godin pour alimenter mes réflexions de la journée. Étant donné que nous accusions du retard sur notre plan quotidien, j’ai décidé que la nounou donnerait le bain au petit humain pendant que je lirai mes articles à l’heure prévue, puis j’irai au bureau.

J’ai entendu le petit humain babiller à 7h 45. 15 minutes après la fin de notre rituel matinal. Je suis allée le prendre, et je me suis dirigée vers sa chambre (il n’y passe pas encore la nuit) pour que sa nounou s’occupe de lui.

Puis je me suis souvenue d’une récente parution de la newsletter Daily Dad dont je vous ai parlé ici. Le titre de cette parution est You Are Letting Them Steal From Your Family. La question de base était la suivante : que laissez-vous passer avant votre famille ? 


Depuis que j’ai lu The Subtle Art Of Not Giving a Fuck, je réfléchis beaucoup aux valeurs. J’ai eu du mal à comprendre ce mot. J’ai cherché la définition en d’autres langues, espérant que leurs subtilités propres me permettraient de comprendre enfin, mais je n’ai jamais été satisfaite. J’en ai parlé dans ce post sur Instagram.

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Grâce à Manson j’ai compris ce qu’est une valeur, et après réflexion j’ai réalisé que j’ai toujours pensé avoir des valeurs, ou des principes de vie comme dirait Ray Dalio.  Mes principes/valeurs prioritaires sont l’honnêteté, le respect de moi-même et des autres, l’acharnement au travail…  C’est la première fois de ma vie que j’essaye de les lister. Et je m’aperçois que rien d’autre ne me vient à l’esprit. 3.  J’ai 3 valeurs conscientes et articulables (ce mot n’existe pas, mais le mot inarticulable existe : de qui se fout-on ?)

J’aurais arrêté ma réflexion à ce niveau si les écrits de Manson ne m’avaient pas autant touchée. Un des messages de fond du livre est tout ce à quoi on accorde de l’importance est une valeur. Tout ce à quoi on décide de Give A Fuck est une valeur. D’où le titre.

Il faut savoir clairement identifier ce à quoi on décide consciemment de Give A Fuck ou d’accorder son attention, et ce à quoi on décide consciemment de ne pas Give A Fuck ou ce à quoi on refuse d’accorder son attention. Il s’agit également d’avoir une définition personnelle des grands principes de vie.


Au cours de la préparation de l’épisode 4 de mon podcast Les Papotages de C. intitulé Retour sur mon échec entrepreneurial, j’ai demandé aux abonnés à mon compte Instagram s’ils avaient des questions auxquelles ils souhaitaient que je réponde durant l’enregistrement. Je le fais toujours, alors si ça vous intéresse vous savez où me trouver.

Une dame prénommée Lysiane m’a demandé pourquoi est-ce que j’ai estimé qu’Elle Citoyenne était un échec. Je n’ai su que répondre. Je croyais savoir ce qu’est l’échec jusqu’à ce que cette question me soit posée. D’après ce que je croyais savoir, enregistrer un échec c’est échouer. Ce qui en somme ne signifie absolument rien du tout. 

Je me suis rendue compte que je comprends la notion d’échec, mais je ne peux pas expliquer clairement pourquoi j’estime qu’Elle Citoyenne ou toute autre initiative dans ma vie est un échec. Je ne sais pas sur quoi le monde se base pour décider qu’un résultat est un échec, et je n’ai pas de définition propre de l’échec. Quand est-ce que je peux dire que j’ai échoué. Avec Elle Citoyenne je dirai que je n’ai pas atteint le résultat visé, c’est-à-dire faire du blog un média citoyen et participatif rentable. Mais j’ai enregistré des éléments positifs. J’ai certes fait de nombreuses erreurs, mais j’ai enregistré beaucoup d’éléments positifs. 

Alors pourquoi est-ce un échec ? Parce que je n’ai pas poursuivi ? Je ne suis plus une activiste politique véhémente, je suis plus modérée et je me focalise sur la réflexion plutôt que sur la vocifération. Est-ce que ça signifie que tout ce que j’ai accompli durant ma période, mes années de véhémence est un échec ?

Quand puis-je considérer que j’ai échoué ? Quels sont les principes qui régissent mon échec ?

La question reste la même lorsqu’elle se pose de la manière suivante : quand puis-je considérer que j’ai réussi ? Est-ce en me fiant aux applaudissements ? Est-ce parce que j’ai gagné de l’argent ? Est-ce parce que le résultat est beau à contempler ? Quels sont les principes qui régissent ma réussite ? Je ne sais pas. Pourtant j’ai toujours cru le savoir.


Je vous ai dit au début de l’article que j’ai une nouvelle Bible : Principles de Ray Dalio. Ce (gros) livre arrive à point nommé dans ma vie. J’ai connu ce que j’appellerai la marque Principles sur Instagram. Le compte partage des lignes de conduites très éclairées, des principes de vie et de travail.  Que vous soyez salarié ou entrepreneur, abonnez-vous à ce compte. Vous me remercierez plus tard.

J’ai eu envie de lire le livre Principles après avoir vu P. Diddy le manipuler avec toute la précaution du monde au cours de l’interview mentionnée précédemment. On aurait dit qu’il déshabillait un grand prématuré. Voir ce mec fearless manipuler un livre avec autant de soins m’a donné envie de le lire. Je devais absolument le lire. Alors j’ai fait ce que je sais faire le mieux : j’ai demandé au papa du petit humain de me l’acheter (il m’a interdit d’acheter des livres parce que ceux en attente peuvent être lus jusqu’en 2023).

Je lis généralement Principles tôt le matin et/ou tard le soir. En près de 34 ans d’existence, c’est le premier livre auquel j’ai accordé un carnet tout entier. Je l’ai commencé la semaine dernière, et je regarde déjà ma vie avec un air de compassion. Le livre est divisé en trois parties : le parcours privé et professionnel de l’auteur, parcours qui l’a mené à définir des principes de vie aussi clairs qu’actionnables ; les principes qui régissent sa vie privée ; les principes qui régissent sa vie personnelle.

Ce livre me permet de mettre de l’ordre dans le chaos créé par Manson dans mon existence. Dalio remplace ce que Manson a détruit. Manson a explosé les illusions que j’avais sur ma conduite dans ma propre vie. Je pensais savoir ce qui la régissait. En vérité je ne sais pas. Non, je n’en sais que très peu. Dalio me permet de définir des principes clairs qui régiront ma vie à partir de maintenant.


Depuis quelques jours, on dirait que Seth Godin me parle directement. 

Peut-être que c’est le cas. Ou peut-être que je suis plus perméable à ses dires parce que je réfléchis profondément à la question des valeurs et des principes de vie. Je vous ai parlé de la newsletter de Godin ici. Si vous n’y êtes toujours pas abonnés, je peux vous aider à vous tirer une balle dans le pied. Ce serait avec grand plaisir !

Il y a quelques jours, le 23 février pour être plus précise, Seth Godin a publié un article qui m’a brisé le coeur. Il est intitulé Wasting It et est tellement court que je peux vous le coller ici :

When you bought your first smartphone, did you know you would spend more than 1,000 hours a year looking at it?

Months later, can you remember how you spent those hours?

When you upgraded to a new smartphone, so you could spend more hours on it, did you think about how you had spent so much of your ‘free’ time the year before?

If we wasted money the way we waste time, we’d all be bankrupt.

Je passe énormément de temps devant mon téléphone. C’est une manie dont je m’étais débarrassée, mais qui m’a rattrapée durant ma grossesse. Rester alitée pendant des mois ça fait ça aussi. Ces derniers temps j’essaie d’arrêter, et j’ai réussi à me convaincre que j’y arriverai. 

Je ne suis normalement pas de ceux qui passent leur temps devant leur téléphone. Je suis bien trop occupée pour ça. J’ai un bébé auquel je dois accorder mon attention. J’ai un mec. J’ai une famille. J’ai des amis. J’ai un boulot. J’ai un blog. J’ai un podcast. Je n’ai pas de temps à perdre devant mon téléphone.

Sauf que si je me fie à ce que dit Manson, passer des heures entières à manipuler le téléphone est une de mes valeurs. Je peux penser ce que je veux de moi-même, ce n’est pas ce qui me fera moins passer de temps sur mon téléphone. Ce que je pense de moi n’est valide que si je l’applique au quotidien. Tout ce que j’accomplis durant une journée n’efface pas la réalité selon laquelle je passe des heures sur mon téléphone à aller d’une fenêtre à l’autre sans but précis.

Je pense que le temps passé avec le petit humain est sacré. Je le pense et je le dis. Sauf que très souvent je me retrouve à pianoter sur mon téléphone « pour voir rapidement ce qui se passe ». La valeur à ce niveau est laquelle ? Faire du temps avec le petit humain un moment sacré ou passer du temps avec lui tout en guettant « rapidement » ce qui se passe ? Je peux penser que c’est la première option, mais la vérité est que la deuxième est celle que j’ai adoptée et celle qui de ce fait régit ma vie et donc temps passé avec mon enfant. I choose to Give A Fuck to what is happening on the internet when I am spending time with my child. 

Le plus douloureux est ce qu’en dit Godin. Une heure plus tard je ne me souviens plus de ce que j’ai vu sur internet parce que… ça n’avait aucune importance. Je perds du temps inutilement à ne pas faire ce que je dois faire parce que je décide d’accorder du temps à quelque chose que je vais oublier 30 secondes après.

Une valeur n’est rien d’autre qu’une ligne de conduite au quotidien.


Ce qu’il y a de beau avec la notion de principe comme le présente Ray Dalio, c’est qu’il y a un background, c’est-à-dire une raison d’être, et il y a une suite de résultats qui finissent par être systématisés.

En ce moment j’en suis au niveau des principes régissant la vie privée. Je ne lis pas le livre de manière linéaire, j’ai commencé par cette partie. J’ai reçu une belle gifle lorsque l’auteur a parlé du bien et du mal. La question de fond est qu’est-ce qui pour moi est bien ou mal, et sur quoi est-ce que je me base pour le définir ? Mon ressenti ? L’empathie que j’ai pour la personne en face ? Qu’est-ce qui appuie mon raisonnement ?

Un mec qui quitte ma copine parce qu’il en aime une autre est un idiot. Un mec qui quitte sa copine parce qu’il en aime une autre et qu’il préfère ne pas la tromper est un mec à l’attitude louable. Pourtant c’est exactement la même situation. Le bien et le mal doivent-ils fluctuer selon qui j’ai en face de moi ? 


J’ai finalement donné le bain au petit humain ce matin.

En une fraction de seconde Daily Dad, Seth Godin, Mark Manson et Ray Dalio m’ont renvoyé à la même question : qu’est-ce qui est le plus important ?

Lire ces articles que je comptais lire était-il plus important que passer du temps avec mon enfant ? Dois-je graver dans la pierre que si mon enfant se réveille plus tard que prévu je ne lui accorde plus de temps même si ce que j’ai à faire peut être remis à plus tard ? Cela doit-il devenir une valeur, un principe ? Si oui, la réalité selon laquelle passer du temps avec mon enfant est sacré tient-elle toujours ?

What do I choose to give a fuck to ? A quoi est-ce que je décide d’accorder la primeur de mon temps ? Qu’est-ce qui est important ? Pas qu’est-ce que je pense être important, mais que disent mes actions, mes faits et gestes ? 

Gérer mon temps est essentiel, mais est-ce que cette priorité passe avant le petit humain ? Je ne me suis jamais posée la question. J’ai agi sans réfléchir, et j’ai adopté un principe de manière inconsciente. Mon enfant passait après la nécessité de gérer son temps, même si ce que j’ai à faire n’est pas essentiel.

Lorsqu’on accorde inconsciemment son attention, son temps ou un penchant à quelque chose, on fait de cette action un principe inconscient qui se répétera jusqu’à notre mort. Ça devient systématique. Notre vie est régie par un système inconscient bien plus fort, bien plus solide et bien plus présent que ce qu’on croit penser.

Ray Dalio propose de réfléchir consciemment à tout cela afin de mettre  en place un système conscient qui fonctionnera en background qu’on y pense ou pas. Est-on oui ou non contre l’infidélité ? Si la réponse est oui, alors on ne baissera les yeux devant aucune infidélité. Aucune.  Même pas celle de notre frère ou notre meilleur ami parce qu’après une réflexion consciente, le système aura enregistré que l’infidélité ne fait pas partie de nous, quelle que soit l’empathie ressentie.

Définir des principes et des valeurs c’est vivre notre vie consciemment. C’est être au contrôle en tout temps (ou presque) lorsque l’action et les résultats dépendent de nous. C’est ne pas courir le risque d’être surpris par ce qui nous arrive de notre propre fait. C’est systématiser, voir automatiser les conséquences de nos actions à nos propres yeux. C’est pouvoir nous expliquer logiquement les pourquoi des comment lorsqu’on ne sait plus où on en est. C’est savoir où chercher quand on a l’impression de perdre le contrôle. C’est définir l’important et s’y tenir.

Entre autres choses, je souhaite que mes mots et mes actions s’accordent. Je souhaite que le temps sacré passé avec mon enfant ne soit pas perturbé par internet et ne soit pas jeté aux orties. Je souhaite en faire une valeur parce que I Give A Fuck, et je souhaite que ce soit un principe parce que je veux que cela soit systématisé, que cela coule de source de manière consciente ou inconsciente.

Et il en va de même pour de nombreux autres points. J’y penserai l’un après l’autre, et j’établirai ainsi mes principes de vie l’un après l’autre. De manière totalement consciente. 

Photo : Lina Kivaka


PS : peu de gens le savent, mais il est possible de surligner des passages des articles, comme c’est le cas sur Medium. Ce serait bien d’utiliser cette fonctionnalité pour que je sache quelles sont les parties du texte qui ont retenu votre attention. Et puis, il faut bien que mon argent serve à quelque chose puisque j’ai payé pour cette fonctionnalité !


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Retrouvez-moi également sur mon podcast Les Papotages de C.

3 comments
  1. Tien C’est marrant Jelisais ce même livre récement. Jaime ta facon de résumer et de partager le fruit que tu tires de chacune de tes lectures. J’ai souvent voulu le faire mais trop la flemme pour ca! I think its probably because i don’t give a fuck!? lol

  2. En lisant, je me suis moi même remise en question sur mes principes et valeurs, et il est clair que things to which we give a fuck are enormously related to our life style and daily vision and action.

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