Sérénité : accepter ce que je ne peux changer

10 minutes

Je réfléchis ces derniers jours à mes principes de vie, ces lignes directrices qui me permettent non seulement de ne pas sombrer, mais surtout de prendre le taureau par les cornes, de ne pas me détourner de mes problèmes et de leur trouver des solutions rationnelles.

Cet article sera plein de digressions, et je ne ferai rien pour l’éviter.

La réalité est que je ne savais pas que j’avais des principes de vie. La personne qui m’a ouvert les yeux sur leur existence me parle parfois du fait de ne pas savoir ce qu’on sait, d’appliquer mécaniquement ces principes jusqu’à ce qu’on tombe sur les écrits d’une personne qui les a codifiés.

Dans mon cas, le codificateur est Ryan Holiday. Le fait d’en avoir la certitude aujourd’hui, après avoir lu rapidement quelques extraits de son livre Obstacle Is The Way, me donne encore moins envie de lire cet auteur. Surtout dans mon état actuel. Souvenez-vous, je vous ai dit il y a quelque temps que j’ai peur de lire Ego Is The Enemy. Je ne l’ai toujours pas lu.

Voir la vérité en face n’est jamais facile. Voir une version délabrée de soi est encore plus difficile, et rien ne nous met plus en face de nous-mêmes que des écrits profonds comme ceux de Ryan Holiday. Mais revenons sur les principes de vie. Je ne peux vraiment donner de nom à mon courant de pensée pour le moment car je n’ai pas encore assez lu sur le sujet, mais selon la personne mentionnée plus haut, il s’agit du stoïcisme, courant de prédilection de Holiday. J’en dirai davantage lorsque je serai plus informée.

J’écris cet article aujourd’hui pour documenter mes principes de vie, ceux dont je suis consciente. La démarche est totalement égoïste. Je compte revenir dessus une fois Holiday lu et le stoïcisme compris. Lorsque je retourne en arrière, le fait marquant dont je me souviens est une réunion des alcooliques anonymes dans un film. Chaque alcoolique faisant partie d’un de ces groupes doit mémoriser une prière. Jusqu’à il y a encore quelques jours, je l’appelais la prière des alcooliques anonymes. Son véritable nom est la Prière de la Sérénité :

Dieu,donne-nous la grâce
d‘accepter avec sérénité
les choses qui ne peuvent être changées,
le courage de changer celles qui devraient l’être
,
et la sagesse de les distinguer l’une de l’autre (variante : d’en connaître la différence)

Vous savez tous que la foi et la religion, tout comme l’amour et la famille sont des sujets tabous d’abord sur Medium, et à présent sur Digressions. Ce qui m’a interpellé dans ce texte n’est pas le fait que ce soit une prière. C’est la partie en gras. Accepter ce que je ne peux changer et changer ce que j’ai la capacité/la possibilité de changer.

L’adoption de ce principe a grandement allégé ma charge mentale. J’avais l’habitude de m’accrocher désespérément aux causes perdues, me focalisant sur leur aspect négatif plutôt que sur leur côté immuable. Ce qui est est. Je ne serai par exemple jamais personne d’autre que moi, quoi que je fasse, quoi que je veuille faire.

La première charge mentale que j’ai perdue a été les complexes physiques. Je n’étais pas assez ci, jamais assez ça. Les autres étaient plus belles, plus elles, moins moi. J’ai accepté le fait que je fais 1m69, que j’ai des paumes de main couleur gecko, que j’ai des doigts tellement petits que je ne trouve jamais de bague à ma taille. Et là je vous épargne la version trash de mes complexes d’antan. Le fait d’avoir accepté mon apparence et qui je suis m’a également permis de prendre des mesures pour changer ce que je peux changer.

Je peux changer le volume et la qualité des informations dans mon cerveau. Je peux changer le fait d’avoir des fesses flasques et un ventre bedonnant. Je peux changer la couleur de mes cheveux que je trouve souvent trop noirs. Je ne peux peut-être pas changer le fait d’avoir une très mauvaise vue, mais je peux altérer la sévérité de mon visage grâce aux cadres de lunettes que je choisis.

Le fait d’accepter ce qui ne peut être changé et de changer ce qui peut l’être a été un socle pour moi. Ce qui ne peut s’en aller ne doit être caché. Pour illustrer cette partie, je prendrai un exemple qui paraîtra léger à certains, mais qui a été un tournant décisif pour moi, la raison pour laquelle je ne me cache pas derrière de faux semblants quelle que soit la situation.

En 2013 j’ai pris un complément alimentaire pendant 3 semaines. Hairfinity. Il était très à la mode et était supposé faire pousser les cheveux de manière spectaculaire. La nouvelle naturelle que j’étais a succombé, et le désastre a été grand. Je n’ai jamais eu une peau à tendance acnéique, mais suite à la prise de ce complément alimentaire, mon visage s’est transformé en clavier de calculatrice Casio. Il ne s’agissait pas de simples boutons. Il s’agissait de réelles pustules et de tâches noires indélébiles. C’était horrible.

Tout le monde me proposait « gentiment » de me maquiller. Ma sœur m’a même offert du fond de teint. Une amie ne cessait de me dire « Mais tu ne peux pas sortir comme ça ! Tu es venue jusque chez moi avec ce visage ? Comment tu fais quand tu vas au travail ? »

 

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Cette photo me rappelle cette époque. Mon amie m’a maquillée pour que je la prenne, une chose que j’avais arrêté de faire il y avait des années. Mon large sourire le contredit, mais j’étais très triste. Il fallait cacher qui j’étais pour être appréciée.

Après la photo je me suis lavée le visage. Je suis rentrée chez moi et j’ai jeté le fond de teint que m’a offert ma sœur. Au lieu de camoufler les imperfections, elles seront vues par tous. Si elles me gênent tant, alors que je fasse un véritable travail de fond pour les faire disparaître, et que j’aie la possibilité de me regarder chaque jour dans un miroir pour voir la progression de mon travail sur moi-même. Ce qui n’était qu’une histoire de pustules s’est transformé en vrai travail sur ma personnalité.

Pourquoi cacher mes imperfections quand il est plus solide et plus pérenne de m’améliorer en tant que personne ? Cette question me permet de ne pas mentir aux autres, mais surtout de ne pas me mentir à moi-même. Je refuse de me faire accepter si ce n’est pour qui j’accepte d’être.


La ligne de séparation ne sépare rien d’autre que les idées non alignées qui me traversent le cerveau. Elle me permet de ne pas sauter du coq à l’âne, ou de le faire d’une manière moins disgracieuse.

L’une de mes plus grandes forces jusqu’à récemment a été ma perception de la réalité. Elle n’est pas perdue, juste altérée. Feelings are not facts. Je l’ai appris de Myleik Teele. Ce que je pense n’est pas forcément ce qui est. Ce qui est doit pouvoir être prouvé par des faits clairs. Pourquoi me focaliser sur le fait que je pense être idiote quand rien de concret ne peut me le prouver ? Pourquoi me dire que mon collègue me déteste alors qu’il ne me l’a jamais dit en face ? Pourquoi perdre mon temps à m’appuyer sur des sentiments nés d’impressions ?

Ce principe de vie m’a également permis de me décharger mentalement. Je ne pense pas pour l’autre. Je ne sais pas, je ne sais rien tant que cela ne m’a pas été dit. Pas de « Il s’est certainement dit que… » s’il ne me l’a pas dit. Je ne tire pas de conclusion suite à un cheminement de pensée qui n’inclut rien d’autre que ce que je me dis, et qui semble devenir réel parce que je décide d’y croire. Aucune logique ne peut ressortir de l’illogique.

Feelings are not facts, et je ne cesse de me le répéter ces derniers jours pour bloquer le flux négatif que les tourments intérieurs font remonter à la surface.

Dans son livre Petit traité de vie intérieure, Frédéric Lenoir m’a introduite au concept Amor Fati. L’expression en latin peut se traduire par le fait d’accepter son destin. L’un des éléments qui fait perdre le plus de temps et d’énergie est la résistance à ce qui est déjà, et c’est ce qui m’arrive en ce moment. Au lieu de réfléchir et de changer de direction pour m’accommoder de la nouvelle donne, je me languis de l’époque passée et d’un futur qui aurait dû être, bien que rien ne le garantissait vraiment.

Amor Fati. J’ai tellement aimé cette expression que j’ai voulu me la tatouer à un moment de ma vie. Elle m’a permis de naviguer à travers les revers de la vie, les imprévus. Elle m’a appris à développer l’agilité nécessaire pour m’adapter, pour ne pas me dire que tout était fini, mais que tout était un perpétuel recommencement, une feuille blanche qu’il ne tenait qu’à moi de noircir de la manière qui me plairait. Y repenser m’a donné non seulement une belle gifle, mais aussi le courage d’écrire ce texte pour voir la vérité en face, pour voir tout ce dont je me détourne pour avoir le loisir de faire de mes sentiments des faits.


Encore une ligne de séparation, signe d’une autre digression.

Au final, non. Je n’ai pas envie de continuer ce texte. Je préfère m’arrêter là, et réfléchir à un texte plus structuré pour demain. Souffrez de mes lubies créatives, c’est aussi l’une des raisons pour lesquelles Digressions existe.

Photo : Spencer Selover


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